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Prorogation du mandat des députés: l’opposition parlementaire a voté

Les élus de la nation ont adopté, hier jeudi, la loi organique relative à la prorogation de leur mandat de six mois par 137 voix pour, zéro contre et cinq abstentions. Cette fois-ci, l’opposition parlementaire n’a pas pu dégager une position commune.

Dans un climat très décontracté, l’une des rares fois sur un sujet de polémique, l’Assemblée nationale a donné son quitus en faveur de la prorogation de son mandat de six mois. En plus de la majorité, une bonne partie de l’opposition parlementaire favorable à la loi a voté « Pour ». Un « oui » qui sonne comme un désaveu de la récente décision des états-majors politiques du FSD et de la CoFoP demandant à leurs députés de boycotter le processus des séances d’écoute, préalables au vote de la Loi.
Le boycott de l’opposition n’a pas eu lieu
Au lieu d’une censure du nouveau texte, aucun député de l’opposition n’a voté contre l’initiative de la prorogation du mandat des députés de six mois. A l’instar de l’honorable Mody N’DIAYE, qui revient à l’Assemblée nationale après de longs mois de maladie, seulement quatre députés se sont abstenus y compris Soumaïla CISSE. Pour justifier le sens de son vote, l’honorable Mody N’DIAYE a affirmé que l’avis favorable de la Cour constitutionnelle pour la prorogation du mandat des députés est anticonstitutionnel.
« Nous respectons l’avis de la Cour constitutionnelle. Ce n’est pas un avis contraignant, mais nous ne le partageons pas. Il est une violation de la Constitution», a soutenu l’élu de Barouéli, désespérant de la volonté du gouvernement de respecter le délai de la prorogation. Il accuse aussi le régime d’être à l’origine de cette situation.
«Sur beaucoup de sujets, le gouvernement n’a pas pris de dispositions nécessaires pendant cinq ans», a déclaré le président du groupe parlementaire de l’opposition Vigilance républicaine et démocratique (VRD).
Réagissant aux propos de l’honorable Mody N’DIAYE, le président de la commission Lois de l’Assemblée nationale, Zoumana N’Tji DOUMBIA a rappelé « Tous les députés ont été demandeurs du report des élections législatives qui est la conséquence de la prorogation du mandat. Nous ne tirerons d’autre avantage que la stabilité de notre pays».
Aussi, dès que la Cour constitutionnelle donne son avis favorable pour la prorogation du mandat, il n’y a pas violation de la constitution, se défend M. DOUMBIA.
« A la place de Mody N’DIAYE, j’allais voter contre la loi au lieu de m’abstenir. Le sens de son vote est la preuve que la loi n’est pas contraire à la constitution », a interprété M. DOUMBIA.
De même, l’honorable Belco BA s’est dit être surpris de la déclaration de M. N’D’IAYE, en rappelant qu’en 2012, ce dernier a voté la prorogation du mandat des députés. Selon lui, l’opposition de M. N’DIAYE est incohérente tant que le contexte et la constitution du Mali n’ont pas changé.
Il n’y a pas que les députés de la majorité parlementaire qui ne partagent pas l’avis du président du groupe VRD. Sur le sujet, il est contesté par des membres de son groupe, à l’image de Mamadou Hawa GASSAMA, qui ont voté en faveur de l’adoption de la présente loi organique de la prorogation du mandat. Seulement deux députés sur les 21 du groupe VRD se sont abstenus.
Selon l’honorable GASSAMA, très connu pour la « démesure » de ses propos, la loi de prorogation de mandat est la bienvenue. « Ce n’est pas la 1ère fois de proroger le mandat des députés. C’est le contexte qui l’exige, donc je ne vois pas d’inconvénient », a-t-il indiqué contredisant ainsi son président du groupe VRD.
Pour le président du groupe parlementaire Adema PASJ, Issa TOGO, la prorogation de leur mandat est un choix du juste milieu. Selon lui, la prorogation est beaucoup bénéfique pour le Mali que d’aller immédiatement à des élections législatives.
« On doit profiter de cette prorogation pour créer des meilleures conditions en vue de la tenue des élections législatives dans le délai », a souligné M. TOGO, tout en appelant les députés de son groupe à voter en faveur de la loi.
Pour sa part, interpellé plusieurs fois sur le respect du délai de la prorogation, le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag ERLAF qui défendait le projet à l’Assemblée nationale, a donné l’assurance de rester dans le cadre de la loi.
«Le gouvernement poursuivra le dialogue politique et prendra en même temps toutes les dispositions pour respecter le délai de six mois», a promis le ministre Ag ERLAF.
Par ailleurs, il a affirmé la disponibilité du gouvernement à être ouvert à toute forme de dialogue politique. Mais il ne pense pas que descendre dans la rue est une solution et un moyen de dialogue politique.
«En démocratie, on doit laisser ceux qui ont gagné les élections de gouverner le pays», a critiqué M. Ag ERLAF à l’endroit de l’opposition qui se prépare à organiser une nouvelle marche le 4 décembre.
Le silence d’IBK et d’Issac déploré
La plénière a été également l’opportunité pour des députés d’interpeller le président de la république, Ibrahim Boubacar KEITA et le président de l’Assemblée nationale, Issac SIDIBE, sur leur silence par rapport à l’actualité.
Dans son intervention, l’honorable Belco BA a exprimé son indignation face au silence du président IBK sur les différends entre l’opposition, la majorité et le gouvernement.
« Il y a des problèmes dont la résolution passe par l’implication personnelle du chef de l’Etat. IBK doit sortir de son silence pour se prononcer sur certains problèmes du pays», a indiqué M. BA. Rien ne peut justifier son silence en pareille situation dans le pays, a-t-il déploré.
Sur tout autre sujet, Mamadou Hawa GASSAMA, pour sa part, a accusé le président de l’Assemblée nationale de ne pas condamner l’agression du député Amadou DOUMBIA, lors de la manifestation réprimée de l’opposition du vendredi 16 novembre dernier. Il a été blessé suite aux coups reçus des agents de la police. Selon l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA, l’Assemblée nationale, après l’acte, devait faire au moins un communiqué pour déplorer ce qui s’est passé.
« Avant tout, Amadou DOUMBIA est un député. Il incarne l’image de l’Assemblée nationale. A ne rien faire, on manquerait à notre devoir de solidarité. Demain, ce sera peut-être le tour de chacun d’entre nous», a-t-il averti. Selon lui, le silence d’Issac Sidibé sur la situation n’est pas acceptable.

Par Sikou BAH

Info-matin

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