Le Conseil de sécurité de l’ONU a prorogé d’un an le mandat de la Minusma par 13 voix pour et 2 abstentions. Au cours de la réunion, le Mali a fermement rejeté les dispositions concernant la libre circulation des membres de la Minusma pour mener des enquêtes sur les allégations d’atteintes aux droits de l’Homme.
Même si le Gouvernement du Mali a approuvé, à travers son représentant, M. Issa Konfouro, le renouvellement du mandat de la Minusma, il a aussi formulé clairement ses attentes et ses réserves fortes pour le nouveau mandat de la Mission.
Au nom de son gouvernement, il a constaté avec grand regret que certaines de ses réserves fortes ont tout simplement été ignorées dans la version finale de la résolution votée. Ainsi, M. Konfouro a réitéré la ferme opposition du Mali quant à la liberté de mouvement de la Minusma dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits de l’homme.
« La Mali a toujours coopéré de bonne foi avec la force onusienne depuis sa mise en place en 2013. Toutefois, pour des impératifs de respect de la souveraineté du Mali, de coordination et de sécurité, les mouvements de la Minusma ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités compétentes maliennes », a-t-il insisté.
Selon M. Konfouro, le Mali n’est pas en mesure de garantir la liberté de mouvement pour des enquêtes de la Minusma sans l’accord préalable du Gouvernement et son pays n’entend pas exécuter ces dispositions, malgré leur adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU.
« Le Gouvernement du Mali pense que les enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme relèvent de la responsabilité principale des autorités maliennes. La Minusma a vocation à leur apporter l’assistance nécessaire à cet égard. Elle n’a pas vocation à se substituer au Gouvernement du Mali », insiste M. Konfouro.
Il demandé au Conseil de sécurité de permettre à la Minusma de se consacrer aux tâches prioritaires pour lesquelles elle est déployée dans son pays, à savoir l’appui à la restauration de la sécurité et de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, condition sine qua non pour une meilleure protection des personnes et de leurs biens.
Les discussions étaient chaudes. Malgré la présence de ses 13 289 militaires et 1 920 policiers au Mali et les deux mêmes priorités stratégiques, les compétences de la Mission en matière d’enquête sur les allégations d’atteintes aux droits de l’homme ont divisé les membres du Conseil.
Car la France qui est l’origine de la résolution 2640 (2022) insistait sur cette liberté de mouvement de la Mission pour mener des enquêtes sur de violations des droits de l’Homme, qu’elle a imputées tant aux groupes terroristes qu’aux Forces armées maliennes. D’autres estimaient que le texte ne répondait pas aux besoins les plus pressants de la population en matière de sécurité et comportait trop d’injonctions, portant atteinte à la souveraineté du pays.
En effet, la résolution 2022 autorise la Minusma à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat. Sa principale priorité stratégique reste « d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord. Il s’agira aussi de « faciliter l’application par les acteurs maliens d’une stratégie politique globale et inclusive visant à lutter contre les causes profondes et les facteurs des conflits violents et à rétablir la présence et l’autorité de l’État ainsi que les services sociaux de base dans le centre du Mali ».
Le Conseil aussi reconnait que c’est aux autorités maliennes qu’il incombe au premier chef de protéger les civils au Mali, demande instamment aux autorités maliennes de prendre rapidement des mesures pour protéger les civils dans tout le pays.
Les tâches prioritaires de la Minusma seront de soutenir le cantonnement et le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des groupes armés, grâce à l’intégration dans les Forces de défense et de sécurité maliennes d’éléments des groupes armés signataires et la poursuite de l’exécution d’un programme de lutte contre la violence de proximité, dans le cadre d’une réforme inclusive et consensuelle du secteur de la sécurité.
Dans son nouveau mandat, la mission devra aider les autorités maliennes à faire en sorte que les responsables de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice dans les meilleurs délais.
Notons que les populations maliennes attendent de la Minusma qu’elle contribue à la recherche de solutions durables aux défis du Mali. Elles ne veulent pas que la Minusma devienne partie des problèmes. Elles ne veulent pas non plus que les droits de l’homme soient utilisés à des fins politiques cachées.
Adama DAO