« Combattants pour la liberté d’expression, vous êtes les vrais combattants pour la démocratie. »
N’oublions pas cependant que toute liberté est fruit d’une réglementation précise à respecter. En somme, pour mieux s’assumer en conscience, il faut un code déontologique que tous et chacun s’imposent, et qui s’impose à tous.
La liberté de presse nourrit la démocratie, sans la démocratie il n’y a pas de liberté de presse. En l’occurrence, la liberté de presse ne vise pas uniquement la liberté des professionnels des médias, mais également celle des citoyens pour qui elle s’exerce et se revendique.
Vous comprendrez aisément l’exigence conséquente de protection de la personne humaine contre les abus et les tentations faciles de surenchère de groupes malveillants, défendant des intérêts égoïstes, privatifs, l’exaltation de la violence.
Le gros risque aujourd’hui, c’est que devant les difficultés de la vie politique partisane, devant la perception du pouvoir comme instrument de jouissance et du paraître, devant le refus d’attendre démocratiquement les échéances, le débat politique, voire le jeu, ne prenne en otage la société civile, ne tente de faire jouer le rôle de parti politique aux associations, aux syndicats, aux instruments de la presse.
Le risque dès lors est grand de vouloir faire jouer aux médias le rôle de toutes les institutions.
Au Mali, nous luttons chaque jour davantage pour consolider nos conquêtes démocratiques malgré les adversités et les tentatives malsaines de récupération des mérites de la presse et de tous les éveilleurs de conscience.
La radio est une interface privilégiée de dialogue social, nécessaire et même indispensable à la cohésion nationale et à l’adhésion des populations aux décisions qui les concernent, sinon les engagent. La radio est ainsi l’instrument approprié de la participation démocratique.
La participation des populations à la gestion des affaires publiques est un objectif essentiel de notre jeune démocratie. C’est pourquoi, en réponse aux interrogations introductives, je dis qu’il ne suffit pas d’une pluralité de programmes ou de contenus pour parler de pluralisme à la radio. Nous devons résolument nous investir dans la pluralité des cibles afin de consacrer l’égal droit et accès de tous à l’information.
Nous devons bannir de la radio la forge d’acculturation, le studio de monologue, l’antenne de subversion, le modulateur de prestige. J’exhorte les promoteurs à se soucier davantage de nos campagnes pour faire œuvre utile dans l’Afrique des profondeurs. C’est de l’éveil des campagnes que dépendra l’avenir de notre démocratie.
La radio qui parle bamanan, fulfulde, wolof, haoussa, soninké, tamasheq, arabe, français, anglais, portugais, et j’en passe…La radio qui apprend à se soigner, à se connaître, à se prendre en charge, à connaître, à échanger avec les autres… La radio qui fait danser, chanter, jouer… La radio qui devient voisine, cohabitante, familiale, à laquelle on s’identifie, on s’apparente… La radio qui ancre la démocratie locale, mais qui tisse les réseaux d’espaces plus grands, de toutes formes, sans besoin de laissez-passer, de passeport… La radio qui crée une nouvelle citoyenneté, moderne, ouverte… La radio locale qui libère, qui sécurise, qui permet un accueil convivial, qui vient de loin et se rend fréquentable… Cette radio-là a des ressources inépuisables : elle devra être pour nous le complément de nouvelles écoles de l’éducation de base ; elle parlera par exemple fulfulde pour soutenir des classes en fulfulde. Alors à chaque zone culturelle sa radio pour ses écoles de base. La radio, voix, souffle, inspiration, de l’apprendre à lire à écrire !’’
Par Le 26 Mars