Sidy Lamine Bagayoko : sociologue
« Il y a une très grande différence entre ce qui est une logique et ce que les gouvernants vont faire ».
« La proposition de prolongation de la transition devient de plus en plus probable dans la pratique car la date initialement prévue de l’élection présidentielle est proche voire très proche. Par contre une proposition de prolongation serait mal vu par la classe politique, car avec l’organisation récente du scrutin référendaire, tout porte à croire qu’il est possible d’organiser une élection présidentielle dans de nombreuses parties du territoire national sur lesquelles le scrutin pour le referendum a été organisé. Mais il y a une très grande différence entre ce qui est une logique et ce que les gouvernants vont faire ».
Dr Fousseynou Ouattara : président du parti COREMA
« Il est impératif qu’on aille directement à l’élection présidentielle »
« Le COREMA pense qu’il faut aller d’abord à l’élection présidentielle comme ce qui avait été bien écrit dans la Charte que la transition se déterminera par un évènement instinctif. Cet évènement n’est autre que l’élection du président de la République. Pour nous, il est impératif qu’on aille directement à l’élection présidentielle. Pour ce qui concerne les autres Institutions telle que le CNT, sa mission est bien définie dans la nouvelle Constitution, elle prendra fin avec les élections législatives et la mise en place de la nouvelle Assemblée et du Senat. Ce qui est de la transition, sa fin se situe seulement avec l’élection présidentielle. Apres l’élection quand le Mali sera sur l’orbite constitutionnel, donc on va aller aux élections communales et législatives. Pour cela rien ne presse car il y a beaucoup de choses à faire dans l’opérationnalisation des nouvelles régions, la confection et la remise des cartes biométriques, la définition des nombres des élus et la relecture de la loi électorale ».
Aminata Traoré : politologue
« La possibilité du prolongement de la transition est certes inévitable mais elle doit être faite de façon concertée avec tous les acteurs concernés ».
« La transition malienne se déroule de façon délicate avec plusieurs défis tant sécuritaires que socio-économiques et politiques. La promulgation de la nouvelle Constitution est un grand effort accompli de la part des autorités de la transition. Les défis restent énormes et la transition ne pourra certainement pas tout résoudre avant la date de sa fin. L’évolution de la situation socio-politique dans le sahel et la mise en application de la nouvelle Constitution risque d’apporter un bouleversement du calendrier de la durée de la transition. La gestion de la crise du sahel, notamment la situation du Niger et l’actuel situation sécuritaire au centre du Mali. S’il faut aller à l’élection présidentielle pour un retour à l’ordre constitutionnel, il faudra le faire avec la nouvelle Constitution en adaptant tous les textes à celle-là. Cela nécessiterait de donner un temps pour les différentes reformes. Il faut retenir que le cahier de charges est assez lourd pour être géré en un temps record mais les autorités de la transition font de leur mieux pour une réelle résolution de la crise multidimensionnelle que vit le Mali. La possibilité du prolongement de la transition est certes inévitable mais elle doit être faite de façon concertée avec tous les acteurs concernés ».
Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly