Un responsable politique et un dirigeant de la société civile se prononcent, ci-dessous, sur le projet de loi portant loi électorale adopté mercredi dernier par le conseil des ministres. Le report annoncé par le Panel des hautes personnalités des dates de la tenue des Assises nationales de la refondation (ANR) a également retenu leur attention
Ibrahima N’Diaye, URD : «LE PROCESSUS N’EST PAS BOUCLÉ»
Le projet de loi électorale comporte énormément de dispositions. On peut être d’accord sur des aspects et ne pas l’être sur d’autres. Si on veut contribuer, je crois qu’il faut faire de bonnes critiques.Il y a un certain nombre de dispositions, notamment l’introduction de la proportionnelle qui va être une grande avancée pour ce qui concerne les élections législatives.
C’est déjà le cas pour les élections communales. La création de l’Organe unique pour ce qui concerne la gestion des élections est une nouveauté. Mais, il y a des aspects qui demandent à être connus pourpouvoir se rassurer de ce que nous avons connu avec la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) que nous avons introduite avec beaucoup d’espoir.
Personnellement, j’aurais souhaité qu’on fasse l’audit de la Ceni. Nous l’avons, avec beaucoup d’enthousiasme, introduite. Mais depuis son institutionnalisation jusqu’au moment où je vous parle, je ne peux pas dire que ça été un succès. Est-ce que la nouvelle disposition, en l’occurrence l’Organe unique, nous donne toutes les garanties ? Pour ce qui me concerne, je reste très prudent. Le conseil des ministres a adopté la loi, mais le processus n’est pas bouclé et les gens auront l’occasion de revenir là-dessus.
Ceci étant, quand vous parlez de loi électorale, tout le monde sait ce que représentent les élections. Je voudrais simplement dire qu’il y a trop d’élections au Mali. Elles sont trop coûteuses et systématiquement contestées. Je pense que ce sont des éléments de base pour les réflexions et les réformes que nous envisageons.
Pour le report des ANR, je pense qu’il faut bien communiquer. La décision de report a été prise par le Panel des hautes personnalités. Cela surprend un peu les gens. Est-ce que c’est le niveau de décision pour ce report ? Dès lors que ce n’est pas le Panel qui a décidé de la date de la tenue des assises. Cela peut être un détail, mais si je l’évoque, c’est parce que il y a eu une autre observation que j’ai entendue : le choix du 26 décembre. C’est une période très chargée entre les fêtes de Noël et les fêtes de fin d’année.
Est-ce que cela n’a pas joué également dans la décision, même si on ne l’a pas évoqué ? Ce qui a été évoqué, c’est surtout l’inclusivité. Vu les différents contacts menés par le Premier ministre etle président de la Transition, on pouvait se dire qu’il y avait assez de temps pour se rendre compte de ceux qui vont être là ou pas.Donc, un mois avant, c’est peut-être un peu tôt pour dire que le temps ne sera pas suffisant. Sinon tout le monde est d’accord qu’il faut améliorer l’inclusivité.
Dr Ibrahima Sangho, Synergie 22 des Organisations de la société civile : «LA PUBLICATION EN LIGNE DES RÉSULTATS EST UNE GRANDE AVANCÉE»
Nous saluons le fait que la publication en ligne des résultats, bureau de vote par bureau de vote, soit inscrite dans le nouveau projet de loi électorale qui a été adopté le mercredi dernier en conseil des ministres, même si nous avons constaté certaines insuffisances. Parce que pour nous, en tant que Synergie 22 et en tant que Mission d’observation des élections au Mali (Modele Mali), nous avons pensé qu’aujourd’hui nous devrions arriver au fait que la Cour constitutionnelle ne soit plus dans la proclamation définitive des résultats.
Mais dans la nouvelle loi électorale, on voit que c’est toujours la Cour constitutionnelle qui va proclamer les résultats définitifs des élections. Nonobstant cela, nous pensons qu’il y a une grande avancée à travers la publication en ligne des résultats, bureau de vote par bureau de vote. En tant que Synergie 22 et en tant que Modele Mali, nous saluons cette avancée dans la loi électorale.
Nous sommes favorables pour le fait que le Panel des hautes personnalités a repoussé la date des Assises nationales de la refondation. Déjà, en tant que Synergie 22, nous avons fait deux conférences de presse et deux déclarations les 6 et 20 novembre 2021, pour dire que les Assises nationales de la refondation atteindront leurs objectifs s’il y a un consensus politique. Tant qu’il n’y a pas un large consensus politique, on ne peut pas aller de l’avant ; on ne peut pas faire des réformes profondes pour engager tout le peuple malien. Donc, nous avons salué cette décision du Panel des hautes personnalités de repousser la date des ANR.
Propos recueillis par
Massa SIDIBÉ et
Bembablin DOUMBIA
Source : L’ESSOR