Cinquante deux motopompes ont été remises à des groupements de producteurs. Les équipements permettront d’irriguer plus de 5000 hectares
Le Programme Mali-Nord est plus engagé que jamais auprès des paysans pour assurer la sécurité alimentaire. C’est dans cette optique qu’il vient de remettre 52 motopompes à des groupements de producteurs des régions de Tombouctou et Mopti. Les équipements ont été remis dimanche dernier par le ministre du Développement rural, le Dr Bocari Tréta.
La cérémonie de remise a eu lieu sur les berges du fleuve Niger à Mopti dans une atmosphère un peu particulière. En effet, elle intervenait au lendemain de la conclusion sanglante de la prise d’otages à l’hôtel Byblos de Sévaré. Elle s’est déroulée en présence du gouverneur de la Région de Mopti, Kaman Kané, du coordinateur national du Programme Mali-Nord, Salaha Baby, des responsables des services techniques relevant du Développement rural aux niveaux national et régional.
Les 52 motopompes sont de la marque allemande Hatz. Ils ont coûté 950 millions Fcfa financés par la coopération allemande et sont destinées aux communautés paysannes de Youwarou (16 unités), Niafunké (10 unités), Tombouctou (7 unités), Gourma Rharous (5 unités) et Diré (14 unités).
Les bénéficiaires ont déjà acquitté la caution qui s’élève à 3 millions sur le prix de cession qui est de 12 millions l’unité. Le coordinateur national du Programme Mali-Nord a précisé que ces équipements sont commandés à l’usine avec l’option « tropicalisée » et livrés pour un coût réel de 19 millions Fcfa l’unité. En raison de la situation de vulnérabilité des paysans auxquels les équipements sont destinés, le Programme Mali-Nord a subventionné le prix, soit 12 millions Fcfa l’unité, sur lesquels le bénéficiaire ne verse que 3 millions Fcfa.
Selon Salaha Baby, ces motopompes ont une puissance installée de 40 CV et sont capables d’irriguer entre 100 et 120 hectares. Pour aider les communautés bénéficiaires à mieux produire en raison de leur situation de vulnérabilité économique, le Programme Mali-Nord fournit gracieusement les intrants c’est-à-dire le carburant, le lubrifiant, la semence de riz et les engrais nécessaires (voir encadré).
Le magasin de la coopération installé à Diré dispose d’un stock d’un milliard Fcfa de pièces de rechange pour ces équipements. Des jeunes volontaires ont été formés à la maintenance et à l’entretien des motopompes. Les coopératives bénéficiaires doivent passer des contrats de maintenance et d’entretien avec ces jeunes installés au plus près d’elles.
La coopération allemande souhaite que les communautés bénéficiaires puissent être autonomes et s’autogérer. Mais le gérant du garage de mécanique agricole de Diré, Boubacar Bah, a assuré qu’il rencontrait des difficultés avec les groupements paysans qui sollicitent ses services. Ces coopératives, note-t-il, accusent d’importants arriérés de paiement (plus de 14 millions Fcfa au titre de l’année 2014). Boubacar Bah assure que les coopératives qui sollicitent ses services ont du mal à accepter qu’il leur présente une facture avec le prix de la pièce à remplacer et les frais de dépannage. Souvent, elles sollicitent d’autres mécaniciens qui ne sont pas spécialisés sur ces équipements. C’est lorsque ces derniers échouent à dépanner les machines, qu’elles se retournent vers lui.
Le ministre du Développement rural a demandé au Programme Mali-Nord de réfléchir à une meilleure formule d’entente entre le prestataire de service et les communautés. Salaha Baby a relevé à ce propos que même les exploitants des périmètres d’autres projets et programmes pouvaient bénéficier des prestations de services du Programme.
Le ministre Tréta a noté que le Programme Mali-Nord a permis la mise en place d’une approche basée sur l’équilibre social entre sédentaires et nomades, de recoudre le tissu social et de promouvoir le vivre ensemble. Les acquis du Programme doivent être sauvegardés et pérennisés, a-t-il estimé avant d’exhorter la coordination à une plus grande vigilance sur le terrain pour mieux accompagner les paysans de la zone laquelle, comme le reste du septentrion, sort de trois ans de crise qui a fragilisé les relations sociales.
Les bénéficiaires ont salué un appui bienvenu en cette période post-crise et promis de prendre soin des motopompes et de les utiliser à bon escient afin d’en tirer le meilleur profit.
M. COULIBALY
DES RESULTATS PROBANTS
Le Programme Mali-Nord a été mis en place par notre pays et son partenaire allemand au cours des années 1990 dans un contexte marqué par des problèmes sécuritaires liés à la rébellion et aussi au déficit alimentaire dans sa zone d’intervention. Celle-ci couvre les cercles de Niafunké, Goundam, Diré et 13 autres communes dans les cercles de Tombouctou, Rharous et Youwarou. Entre 2011 et 2014, la coopération canadienne et la KFW avec la GIZ ont financé le programme pour environ 11,8 milliards Fcfa.
Cela a permis d’aménager près de 18 700 hectares, tous aménagements confondus, c’est-à-dire périmètres irrigués villageois, périmètres de submersion contrôlée et mares. Ainsi, la production céréalière, notamment de riz, qui était de 5000 tonnes en 2000 a atteint 103.000 tonnes en 2013.
De nos jours, le Programme Mali-Nord/IPRODI est partie intégrante du Programme national d’irrigation de proximité (PNIP) dont les objectifs visent à réaliser des aménagements hydro-agricoles fonctionnels en réponse à la demande motivée des populations cibles. Le but est aussi d’assurer la mise en valeur durable de ces aménagements, de promouvoir la valorisation des produits issus de l’irrigation de proximité et d’augmenter l’efficience administrative et technique à travers un cadre de référence cohérent, harmonisé et fonctionnel pour une meilleure coordination des interventions dans le sous-secteur de l’irrigation proximité.
En plus du coût des motopompes (950 millions Fcfa), l’investissement du Programme en termes d’intrants s’élève à 3 milliards Fcfa au titre de la campagne 2015-2016. Salaha Baby, le coordinateur national de Mali-Nord, a annoncé que la coopération allemande poursuivra son appui avec un financement de 14 milliards Fcfa sur la période 2015-2019.
M. C.
source : L’ Essor