Aujourd’hui, tous les propriétaires de portables peuvent prendre des photos. Mais immortaliser un événement ou un instant, perpétuer la mémoire par une prise de vue correcte et séduisante, relève du domaine exclusif des professionnels de l’image
L’avènement des réseaux sociaux, des Smartphones, des tablettes a bouleversé les rapports dans toutes les couches sociales et professionnelles de notre pays. Ce bond technologique a apporté la réponse aux besoins pressants de communiquer en temps réel les images, les sons, les données. L’émetteur ou le récepteur peut analyser correctement le problème auquel il est confronté. Le plus souvent il s’agit d’assouvir sa curiosité et de permettre à des amis ou à des partenaires d’en faire autant. Les propriétaires de ces nouveaux moyens technologiques d’information et de communication se transforment en reporters. Selon les circonstances, ils deviennent des photographes amateurs.
Les filtres, les logiciels de retouche, l’accessibilité d’un matériel de pointe ont révolutionné les relations interpersonnelles. Ils permettent à Monsieur et Madame tout le monde de prendre de jolies photos. Y a-t-il péril sur le métier de photographe ? Notre équipe de reportage s’est rendue à Missabougou, en Commune VI du District de Bamako où se trouve le Centre de formation professionnelle en photographie (CFP-photo). Le directeur de ce centre, Diby Dembélé, nous a reçus dans son studio photo. Selon lui, il est nécessaire de cerner les différences entre un photographe professionnel et un amateur. Il a surtout mis l’accent sur les intérêts que le professionnel tire de ce métier.
M. Dembélé a fait savoir que le rôle du photographe professionnel ne se limite pas à la prise des photos. «Le photographe professionnel a toujours en tête que son métier recouvre de nombreuses missions en dehors de la prise des photographies», dit-il. Le technicien s’est longuement attardé sur les diverses tâches qui incombent au photographe : préparer, organiser, installer son matériel. La plupart du temps il retouche, réajuste la photo pour en améliorer la luminosité, corriger quelques défauts. Le photographe professionnel, en plus de son coup d’œil, arbore une casquette de gestionnaire. Il gère toute la partie administrative de sa profession, comme la comptabilité, l’assurance, la banque, la sécurité sociale, l’environnement. «Tout d’abord, c’est un métier passionnant qui peut ouvrir des portes. En effet, tout concert, tout festival, tout événement VIP ou autre spectacle a besoin d’un photographe pour immortaliser l’instant. En tant que photographe professionnel, si vous savez vous vendre, vous pourrez facilement accéder à des endroits et à des manifestations auxquelles vous n’auriez sans doute pas pu assister en temps normal», explique M. Diby Dembélé. Le promoteur du CFP-photo a déploré le manque d’engouement de la jeune génération pour la formation en photographie. Cet artiste ne forme que des stagiaires de l’APEJ et des regroupements de photographes en besoin de recyclage. Il a conclu en assurant que ce métier lui permet de bien prendre en charge sa famille. Le secrétaire administratif de l’Association des photographes et caméraman du Mali (APCM), Bounama Magassa, soutient que la photographie professionnelle présente de nombreux avantages. Ce métier est viable, très attractif, particulièrement en milieu rural et dans les quartiers périphériques de Bamako, a-t-il commenté. La plupart des studios photos ayant fait des tirages de plusieurs centaines de cartes lors de la dernière fête de Tabaski sont situés dans les quartiers périphériques ou des zones rurales. Bounama Magassa insiste sur la rentabilité de la photographie. Selon lui, ce métier nourrit bel et bien son homme. Vous l’aurez compris. De nombreux éléments différencient un photographe professionnel d’un photographe amateur. Il peut être rémunéré légalement, il dispose des compétences nécessaires pour conseiller et rassurer ses clients et ses modèles. Il maîtrise toutes les techniques indispensables à un travail photographique de qualité. Il est méthodique et répond de manière précise aux attentes de ses clients, ou au contraire, de les aiguiller si nécessaire. Le secrétaire administratif d’APCM est convaincu qu’un photographe professionnel est indispensable.
Issa Baradian TRAORÉ
L’Essor