Et revoilà l’accord de paix d’Alger bientôt sur la table de discussions au Mali! En effet, Kidal, la ville rebelle du Nord du pays, accueillir très prochainement une réunion du Comité de Suivi de l’Accord d’Alger (CSA).
Une rencontre entre les parties signataires, notamment le pouvoir de Bamako et les groupes armés du Nord, prévue pour se tenir en présence de nombreux diplomates africains et européens au nombre desquels les représentants de puissances occidentales comme la France et les États-Unis de même que le représentant de l’ONU au Mali. Pour un événement, c’en est un et cette réunion ne saurait passer sous silence d’autant que c’est la première du genre depuis la signature, en 2015, dudit accord qui se présente comme un passage obligé pour une sortie de crise sur les rives du fleuve Djoliba. C’est dire si cet accord d’Alger se présente, à bien des égards, comme le visa de la paix au Mali. À l’instar de ce qu’est le précieux sésame pour de nombreux migrants à travers le monde. C’est pourquoi il faut saluer la tenue annoncée de cette réunion qui fait renaître l’espoir, d’autant qu’il est question d’y aborder des sujets essentiels susceptibles d’en faciliter l’application, au nombre desquels celui du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), du nom de cette unité mixte de soldats de l’armée régulière et d’ex-rebelles, censée poser les jalons de la future armée malienne.
À petits pas vers la paix
Le moins que l’on puisse dire, c’est que près de six ans après sa signature, l’application de l’accord de paix d’Alger dans la résolution de la crise malienne, reste d’une impérieuse nécessité aux yeux de la communauté internationale qui ne cesse de pousser à la roue pour amener les protagonistes à s’inscrire dans le sens de cette feuille de route. Et cette réunion de Kidal est une étape d’autant plus importante qu’elle marquera le début effectif de cette volonté de fumer de part et d’autre, le calumet de la paix, pour donner des chances au processus de normalisation de la situation qui a pris du plomb dans l’aile en raison de la danse du tango à laquelle se livrent les protagonistes depuis six ans. Déjà, le choix de la ville rebelle pour abriter cette réunion de mise en route de l’accord, est en lui-même un symbole fort de la volonté des parties prenantes au conflit, d’aller de l’avant dans la recherche de la paix. D’abord, de la part des autorités de la Transition qui multiplient depuis peu, les déplacements dans cette partie du Nord considérée comme une zone rouge pour les autorités de Bamako. Ensuite, de la part des groupes armés qui contrôlent cette partie du territoire et qui semblent afficher une volonté de ne pas rester en dehors de la République. En tout cas, c’est ce que semble traduire le récent déplacement d’une forte délégation gouvernementale à Kidal, à la veille de la visite élyséenne du « transitionnaire » locataire du palais de Koulouba, reçu, le 27 janvier dernier, avec tous les honneurs dus à son rang. Pour toutes ces raisons, est-il alors permis de se demander si l’on s’achemine à petits pas vers la paix au Mali ?
À dialogue franc, une paix définitive
Autrement dit, l’espoir est-il permis de voir enfin poindre une lueur d’espoir dans la résolution de cette crise que le Mali traîne comme un boulet au pied depuis tant d’années ? La question mérite d’autant plus d’être posée que les protagonistes de la crise malienne nous ont souvent habitués à des rebondissements inattendus sur la question de l’application de ce fameux accord censé sortir le pays de l’impasse, mais dont l’opérationnalisation semble poser problème en ce sens qu’elle n’a pas vu une seule rencontre réunissant l’ensemble des protagonistes, se tenir dans ce sens depuis 2015. C’est pourquoi l’on espère que rien ne viendra entraver la tenue effective de cette réunion annoncée de Kidal, encore moins gripper la machine de la mise en œuvre de cet accord vital à plus d’un titre pour le retour de la paix au Mali. C’est tout le mal que l’on souhaite à nos concitoyens qui commencent à ressentir le poids des atermoiements des protagonistes de la crise à aller à un dialogue franc et sincère pour sortir le pays de cette mauvaise passe qui fait le jeu des terroristes. Ces derniers ne se gênant pas de profiter de la situation pour semer la mort et la désolation dans le pays, quand leurs actions ne concourent pas à semer la confusion et la suspicion ou à entamer la confiance entre les parties. En tout état de cause, la tenue annoncée de cette réunion à Kidal, est la preuve que les lignes commencent à bouger dans le bon sens au Mali. Cela est une bonne chose qui est à l’honneur des autorités de la Transition qui cherchent visiblement à instaurer un climat de confiance avec les groupes armés du pays, à l’effet de relancer le dialogue et donner un coup de fouet à des pourparlers de paix qui piétinent. Et Bamako est fortement encouragée en cela par la communauté internationale qui veille toujours au grain. Reste maintenant à réussir ce premier pas qui n’est jamais gagné d’avance dans les sables mouvants du désert malien.
Cyrille Coulibaly
Source: Journal le Nouveau Réveil- Mali