Les États les plus faibles de la planète sont non seulement en danger mortel, mais constituent également un vrai danger pour les autres. D’où le développement desrecherches sur les notions d’État faible, d’État fragile, d’État failli. Le Mali, qui ne vit pas en vase clos dans le monde, loin s’en faut, ne déroge pas à la situation, encore plus il ne peut s défausser de ses responsabilités de continuer sa marche en avant avec sa reprise de l’initiative historique le 18 août 2020, réaffirmée le 24 mai 2021 et résolument estampillée par le peuple malien le 14 janvier 2022.
Le suivi par une structure appropriée des résolutions et recommandations formulées par les citoyens conscients à l’issue des Assises Nationales de la Refondation apparaît comme le sérieux que les gouvernants de la transition mettent à respecter les aspirations du peuple. Au Mali comme ailleurs, la période récente a valorisé la dimension sécuritaire des analyses. Devant doter le pays à concevoir les actions de développement. Mais si la priorité est à la reconstruction post-crise de ces États faibles, faillis et fragiles, encore faut-il s’entendre sur la nature de ce qu’il est urgent de reconstruire, bref sur les critères d’existence de l’« État normal ». Paradoxalement, en homme politique avisé, pour avoir attiré l’attention de tous sur cette exigence incontournable dans la gestion du pays, le Premier ministre de la transition, Dr. Choguel KokallaMaïga, a tiré sur lui la colère injustifiée de ceux qui se soucient pas de vérité et qui, de surcroît, sont plutôt les chevaliers de la démolition du Mali engagés à contrarier l’avenir de la quatrième République dont le passage a été imposé aux Maliens par leurs fautes multiples. Abdou Karim Dramé, journaliste indépendant, analyste des Enjeux et Innovation de Développement durable, chercheur sur les Stratégies de Croissances Accélérées, donne ici son opinion sur la politique inutilement en cours.
Dans une récente déclaration, le premier Dr. Choguel KokalaMaïga martelait que « le développement économique et social était désormais la priorité pour le gouvernement de la transition… Ceux-là qui nous acclament aujourd’hui, si demain ils n’ont pas à manger, ils vont prendre des cailloux pour nous chasser en disant : dégagez, si vous ne pouvez pas… » Pour les nostalgiques d’un passé récent, les entrepreneurs politiques et les Cassandres, le Premier ministre a fait un aveu d’impuissance. « Lorsque Pâris ramena Hélène à Troie, Cassandre était seule à prédire le malheur, alors que les Troyens étaient subjugués par la beauté de la jeune Grecque. Elle avertit également que le cheval offert par les Grecs était un subterfuge qui conduirait Troie à sa perte. » Le Mali est un Etat failli depuis 2000 et déjà en 2010, les observateurs avaient commencé à tirer la sonnette d’alarme.Un demi-siècle après la fin des systèmes coloniaux de la France, et au moins deux décennies après, les problèmes de stabilisation du Mali .se posent avec une acuité accrue. Ils se manifestent au sommet, dans un Mali passé sans doute trop vite de la colonisation de soumission et de docilité à une indépendance fluide, révolutionnaire trop économique et financière dans ses soubassements pour être aujourd’hui militairement fiable. Ils s’expriment aussi par le bas et à la périphérie, dans les multiples déficiences et tensions de ce que l’on nomme désormais, faute de mieux, le « Mali, État failli » parmi les « État fragile », dont les déficiences particulières s’accumulent pour dessiner un risque de déstabilisation générale à partir de zones mal contrôlées. C’est qui est arrivé justement en mai 1994 : malgré une série d’initiatives de paix au niveau local et national, les tensions s’aggravent dans le Nord, en particulier entre les communautés sédentaires Songhay, les Touaregs et les Arabes. Elles ont pour résultat la formation du Mouvement Patriotique Ganda Koï (MPGK) malien des miliciens Songhaï. (Ganda Koi – « maîtres de la terre » en songhaï).
Enlever le rire à ceux qui en font une raillerie sacrilège
De tout temps, des États « faibles » (weak en anglais) ont suscité la convoitise des plus puissants qu’eux. Au xx e siècle, la Société des Nations fut incapable d’empêcher la conquête militaire de l’Éthiopie par l’Italie, tout comme l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne. Comme les hommes, les États sont donc tous égaux en droit, mais en fait inégaux. Cette évidence éternelle n’exige aucune élaboration théorique. Il n’en va pas de même pour la notion d’État « failli » ou encore « défaillant » (failed states en anglais), plus complexe et contestable, dont l’apparition récente est consécutive à l’effondrement des régimes autoritaires dans la vague de libéralisation mondiale des années 1990. Tout ceci renvoie aux réflexions pionnières de W. Zartman. Ce dernier distinguait dès 1995 deux vagues d’effondrement de l’État en Afrique subsaharienne, où ce phénomène se concentrait, selon lui : la première à la fin des années 1980 avec le renversement de la génération « nationaliste » du temps des indépendances, la seconde environ dix ans plus tard. Partant d’une triple définition des « fonctions de base » de l’État (souveraineté, identité, sécurité), il caractérisait son effondrement comme une « rupture du bon gouvernement, de la loi et de l’ordre ». Cette « longue maladie de dégénérescence » constituait donc un cas extrême de problèmes de gouvernance, mais avec des possibilités « de guérison et de rémission ».
« La raillerie est un discours en faveur de son esprit contre son bon naturel. » « La fine raillerie est une épine qui a conservé un peu de parfum de la fleur. » « Rendons au rire son authentique signification ! Enlevons-le à ceux qui en font une raillerie sacrilège, frivole et mondaine ! » Tel est le devoir patriotique aujourd’hui contre ceux qui ne cessent de vouloir entraver l’action salvatrice que ne cesse d’impulser à la refondation du Mali l’intelligent chef de gouvernement qui a encore beaucoup à apporter à la patrie. Dans le Mali de la démocratie et des réseaux sociaux, tout le monde est savant, expert, analyste, détenteur du savoir et de savoir-faire. Tout lemonde sait, mais peu de gens connaissent. Le Premier ministreChoguel Maïga sait et connaît de quoi il s’agit. Après le défi sécuritaire et le challenge de la souveraineté gagnés, il ne reste que la problématique de l’économie, du développement et donc du bien-être des citoyens. Vérité qu’il convient de répéter sans cesse afon que chacun se l’approprie. Le Mali n’affiche-t-il pas l’un des taux de malnutrition aiguë les plus élevés d’Afrique de l’Ouest ? Avec 40 millions d’hectares de terres arables, la plus grande capacité d’irrigation de la région du Sahel (560 000 hectares) et 300 jours d’ensoleillement par an, le Mali doit miser sur le secteur agricole pour lutter contre la malnutrition et la pauvreté. Quand Dr. Choguel KokallaMaïga parle de la priorité des questions de développement, il n’indique que la voie royale à suivre, celle qui, au-delà des débats politiques le plus souvent oiseux, conduit à la création des conditions de prospérité pour les citoyens et pour le pays. Les atouts naturels, dons de Dieu, et les faveurs humaines, autre don de Dieu placé dans les intelligences, ce qu’on appelle ressources humaines, sont en quantité. Conséquemment, Dr. Choguel l’a dit, le ministre de l’Economie et des Finances, cogite en permanence pour attirer les meilleures opportunités, et le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale se bat sur tous les fronts pour contrer les offensives ennemies et pour faire admettre le bien fondé des initiatives et décisions du Mali jaloux de sa souveraineté. Quant au ministre de la Défense, il a eu beau jeu de rappeler que ceux qui ont travaillé à la descente aux enfers de notre pays selon des agendas cachés savent désormais « ce que vaut le Mali », c’est-à-dire que l’armée nationale veille bien sur la sécurité des personnes et de leurs biens. Que reste-t-il ? Il revenait au chef du gouvernement d’inviter à la satisfaction des questions de développement afin que les populations qui ont confiance aux autorités de la transition n’en arrivent point à la déception parce qu’elles savent qu’il n’existe pas de zéro insécurité mais que les conditions idoines sont désormais là pour aller au Travail, source de bonheur. Les propos de Dr. Choguel ne peuvent être reçus autrement, sinon que par des esprits retors à la recherche des agréments sordides et égoïstes.
Laisser le Premier ministre parler des impérieuses questions de développement
De nos ressources du sous-sol, les nouvelles sont si prometteuses que les multinationales, qui n’ignorent pas la voracité apatride de nombre de nos compatriotes, sont à pied d’œuvre pour faire main basse sur ce qui appartient à notre peuple. Et de nouvelles politiques de développement agricoles permettraient au pays d’anticiper l’impact prévisible des changements climatiques sur la productivité du bétail et des cultures. Si l’agriculture et l’élevage occupent une place prépondérante dans l’économie du Mali, le pays affiche pourtant des taux de malnutrition aigüe, et de pauvreté en milieu rural, parmi les plus élevés d’Afrique, il faut le répéter. En 2015, par exemple, il se classait au 179ème rang sur 188 pays (classement des Nations Unies sur l’indice de développement humain). Un paradoxe expliqué par la faible productivité du secteur agricole dans son ensemble. Dr. Choguel Kokalla Maïga sait tout cela. En 63 ans d’indépendance, après des périodes de chaos occasionnés par la mauvaise gouvernance, singulièrement durant les trente dernières années, le Mali a à faire des pas de géants pour rattraper, voire dépasser, ses voisins comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui ne sont pas mieux nantis que lui par les dieux. Notre pays est en retard dans beaucoup de domaines, Dr. Choguel ne l’ignore pas ; il faut des politiques volontaristes et des Stratégies de Croissances Accélérées, tout ceci dans une sorte de Plan Marchall callé sur 4 ans, pour éviter au Mali une crise à l’horizon 2027, c’est-à-dire trois ans après l’élection d’un nouveau président de la République, la quatrième République s’entend, en 2024. Laissez donc le Premier ministre mettre l’accent sur les impérieuses questions de développement.
Abdou Karim Dramé
Journaliste indépendant, analyste des Enjeux et Innovation de Développement durable, chercheur sur les Stratégies de Croissances Accélérées.
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Le National