La question se pose de plus en plus avec acuité au regard de l’enchevêtrement des évènements et vu la rapidité avec laquelle la restauration est en marche dans notre pays. En guise de rappel, il convient de noter que le 20 janvier 1961, l’armée française a quitté le territoire malien et cela par la poussée du régime nationaliste de Modibo Keita. C’est pourquoi, le 20 janvier a été consacré fête de l’armée malienne
C’est un autre 20 janvier 2014 qu’IBK a ciblé pour signer l’accord de défense avec la France : une façon d’effacer ou de camoufler cette page de notre histoire.
D’autre part, Alpha Oumar Konaré a supprimé la peine de mort dans notre pays. Précisons au passage que suite à sa politique d’entrisme, Alpha a été nommé ministre de la jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture, c’était en 1979-1980. C’est à la faveur de la suppression de la peine de mort au Mali qu’Alpha président de la République a gracié Moussa Traoré qui a taché ses mains du sang du peuple (plus de 220 morts parmi les femmes et les enfants de notre pays).
Rappelons que Moussa Traoré a été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire dans notre pays. Il vit aujourd’hui une retraite d’orée à Djicoroni-Para. Que lui restait-il si ce n’est qu’il soit considéré par des Maliens comme un «bâtisseur» ! C’est bien IBK qui s’est chargé de le nommer «grand républicain» lors de son investiture le 04 septembre 2013.
A regarder dans l’entourage d’IBK l’on ne peut s’empêcher de constater avec amertume qu’il a pour gage politique la réhabilitation de son président Moussa Traoré et du coup la restauration de l’ordre ancien. Pour preuve nous nous contenterons ici de quelques indications parlantes. Ainsi :
– Selon bien de sources, IBK travaille à mettre en selle de hauts dignitaires du régime politico-militaire de Moussa comme Toumani Djimé Diallo directeur de cabinet du président et auteur d’un livre insultant notre peuple dans lequel il a affirmé que : «Moussa Traoré est le seul homme pouvant diriger le Mali».
– Le chef de cabinet du président Kéita en la personne de S.I.D. n’est autre que le neveu de Cheick Modibo Diarra, lui-même gendre de Moussa Traoré.
– L’actuel président de l’Assemblée nationale du Mali, Issaka Sidibé fut secrétaire général de l’Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM) dans une commune de Bamako. Allez rechercher les liens qui unissaient Moussa Traoré et Issaka Sidibé !
– Choguel Kokala Maiga qui fut un des ténors de l’Union Nationale des Jeunes du Mali (UNJM), s’est battu pour que son association prenne les initiales de l’UDPM avec le lion comme emblème. Heureusement feu Mamadou Lamine Traoré, alors ministre de l’Administration Territoriale, a vu cet acte politique de Choguel comme une insulte grossière à la mémoire des martyrs de mars 1991. En lieu et place de l’UDPM, Choguel et ses compagnons de l’UNJM ont érigé le MPR. Et en lieu et place du lion débout, ils ont trouvé le tigre débout. C’est bien Choguel Kokala Maiga que le président IBK a choisi pour occuper le poste stratégique de ministre de la Communication.
En plus du retour en force de suppôts et fidèle serviteur de Moussa Traoré, Ibrahim Boubacar Kéita s’apprêterait à choisir la date mémorable du 26 mars 2015 pour la signature à Bamako de : «l’Accord de paix global et définitif» consacrant la fin «définitive» des longs et périlleux pourparlers d’Alger. Si cette signature d’Accord de paix a lieu le 26 mars courant, ce serait là l’expression parlante de la volonté manifeste et inébranlable du président IBK d’effacer ces pages mémorables de notre histoire commune.
«En bon politologue», IBK ne doit pas oublier un seul instant qu’il a déjà gravement déçu ses nombreux électeurs à partir de son premier dérapage politique qui a consisté à nommer Soumeylou Boubèye Maiga, ministre de la Défense et des Anciens Combattants.
Il doit se rendre à l’évidence qu’il est de plus en plus éloigné de ses électeurs et pourchassé par ceux qui se font appeler «opposant». Il a déçu les forces vives de la nation qui jusqu’ici n’ont vu aucune amorce de changement véritable.
Aussi et enfin il ne faut qu’il se fasse des illusions sur l’amitié avec Hollande car le Général De Gaulle disait que la France n’a pas d’amis mais des intérêts. Au regard de l’enchevêtrement des différents évènements, l’on est en droit de se demander si le président IBK n’est pas en mission commandée au Palais de Koulouba.
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako