Amadou Toumani Touré, il faut le rappeler, a été chassé du pouvoir le 22 mars 2012 par un groupe de jeunes militaires dirigés par Amadou Haya Sanogo alors capitaine. Ce coup d’Etat intervint à un moment où la situation socio-sécuritaire était des plus délétères au Mali. Rappelons à ce niveau que cette crise a été orchestrée et entretenue par l’ex président Touré continuateur de la politique politicienne d’Alpha Oumar Konaré.
Pour justifier sa campagne de «Flamme de la paix», celui-ci avait jeté à la face des Maliens que : «la démocratie n’a pas besoin des armes mais des matériels agricoles». Cette politique sournoise et démocratiste a été le début d’un travail de sape de notre armée nationale. Phagocytant ainsi nos porteurs d’uniforme.
La «démilitarisation» des régions nord de notre pays, la nomination de bien de rebelles au grade de colonel et de général ont été de beaucoup dans la transformation des régions septentrionales en une sorte de poudrière et de no man’s land. Deux ans avant la chute d’Amadou Toumani Touré, les évènements qui se sont succédé au nord étaient parlants :
– Un avion non identifié et de provenance inconnue des Maliens avaient atterri au nord de notre pays. C’est après que son contenu ait été dissimulé dans le désert que l’appareil a été incendié. Par qui ? Le mystère restait entier sur cette affaire qui portait préjudice à l’intégrité de notre territoire.
– Lorsque Mohmmar Kadhafi a été assassiné en Lybie bien d’armes ont été acheminées sur le Nord Mali via le Niger. Lorsqu’un journaliste français a posé à ATT la question piège : «Pourquoi vous n’avez pas désarmé les rebelles en provenance du Niger ?» (Parce que ce pays a bien avisé le Mali), la réponse fut connu de tous : «Si nous les désarmons, qui va les défendre ?».On imagine mal contre quoi d’autre que l’armée malienne, ils vont se défendre. Tout compte fait cette interview a bien mis à nu la haute trahison du Mali par le président ATT.
– Les évènements tragiques d’Aguelhoc ont fini par prouver au peuple malien qu’ATT avait montré toutes ses limites objectives et qu’il n’avait plus rien de bons à donner aux Maliens. C’est dire que le coup de force du 22 mars 2012 contre ATT était venu à point nommé pour redonner confiance à notre peuple. Mais l’inexpérience et la bonne foi des jeunes militaires regroupés au sein du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’tat (CNRDRE) ont dû les conduire à relâcher les anciens compagnons d’Amadou Toumani Touré, aussi parce qu’ils ont été trompés par des leaders religieux en qui ils avaient placé leur confiance.
La suite : la presque totalité des militaires putschistes se trouvent aujourd’hui dans les geôles d’IBK et cela au nom de l’Etat de droit. Mais ce qui est très curieux et incompréhensible c’est que ceux qui sont allés prier Amadou Haya Sanogo de libérer les compagnons et serviteurs d’ATT n’ont pas levé le doigt accusateur pour dire que l’arrestation des jeunes militaires n’est pas normale. Aussi il faut reconnaitre, ces militaires ont joué un rôle éminemment important à l’élection d’IBK.
A ce niveau il convient de rappeler que la roue de l’histoire ne cesse de tourner. ATT a fui le Mali pour la capitale sénégalaise ou il jouit paisiblement des milliards de francs emportés. Entre temps beaucoup a coulé sous le pont au Mali parce que ATT a échappé au filet du CNRDRE et avec lui bien de déprédateurs du tissu économique national. Selon toutes nos sources d’information, ATT couterait à l’Etat sénégalais la bagatelle d’un million de franc CFA par jour.
– De plus en plus au Mali on assiste au retour au pouvoir «des anciens élus de Dieu». Dans ces conditions le retour à l’ordre ancien est bel et bien en marche dans notre pays.
– Le parti PDES né ces cendres de l’association portant les mêmes initiales réclame devant Dieu et les hommes l’héritage de la gestion d’Amadou Toumani Touré et ne cachent sa détermination de reconquérir le pouvoir perdu. Et sachant que la situation socio-politique du Mali est de plus en plus trouble, qui dit que le président chassé de Koulouba ne s’apprête pas à revenir à Bamako pour pêcher en eau trouble ! Notons à ce niveau que si l’histoire n’est pas une répétition mécanique des évènements, c’est tout de même la deuxième fois qu’une association qui réclame tout l’héritage du président évincé du pouvoir s’érige en parti politique pour exposer à la face du peuple malien que le président déchu était bien : la première fois c’était la tentative de reconnaissance du parti de Moussa Traoré (UDPM) par le MPR. Il s’agit de Choguel Maiga. Son association s’est très vite transformée en parti politique Mouvement populaire pour la renaissance (MPR).
– Le parti PDES de Amadou Abdoulaye Diallo s’est érigé en lieu et place du PDES d’ATT. Il faut dire qu’hier comme aujourd’hui, ce sont ceux qui ont mis le pays en lambeaux sous Moussa Traoré et ATT qui se moquent de notre peuple travailleur. Mais il ne peut en être autrement tant le mouvement démocratique de mars 1991 a été récupéré par les anciens de l’UDPM et le mouvement populaire du 22 mars 2012 mis en échec par l’inexpérience et le manque de clairvoyance politiques des putschistes.
– Pour tout dire, le Mali a raté pour la deuxième l’occasion de réaliser sa révolution populaire par la coalition de forces négatives.
– Aujourd’hui, le Mali assiste à un enchevêtrement d’évènements qui amaigrissent chaque jour d’avantage l’espoir de tout un peuple. Le retour du Mali à l’ordre ancien ne saurait nous démentir.
La remise en selle de ce qu’on appelle opposition politique vient s’ajouter au tableau d’échec d’IBK dans la réalisation d’un Mali débarrassé de ces sangsues. Le PDES qui réclame le retour d’ATT au Mali veut-il pêcher en eau trouble ? Le temps nous le dira. A la faveur de la transhumance politique, ce parti ne compte plus qu’un député sur trois à l’Assemblée nationale. Cet opportunisme politique est la preuve qu’en 1992, le Mali avait soigné sa plaie sur du pus. C’est dire que la pourriture continue au Mali.
Mais que les suppôts d’ATT ne se trompent pas un sel instant : celui-ci doit rendre compte au peuple malien. Une fois encore IBK est sur une corde raide. Il ne doit pas oublier les gens se moquent de la patrie et de la décence politique. Il ne doit pas oublier qu’ATT était «populaire et courtisé». Il doit sans délai s’entourer d’une équipe radicalement nouvelle en vue de redonner confiance à notre peuple et cela pour éviter de sortir par la petite porte.
FODE KEITA
Source: L’Inter de Bamako