À l’issue de la rencontre entre le Premier ministre Boubou CISSE et les acteurs de la filière coton, le dimanche 7 juin, les réseaux sociaux ont été inondés par la décision du gouvernement d’acheter le coton à 250 FCFA le kilogramme, au lieu de 200 FCFA comme précédemment annoncé. Du vrai boucan pour des fins politiques. Sinon, à voir de près, l’on constate facilement que les paysans ont été floués par les autorités.
e prix du coton a été fixé à 250 FCFA, contre 275 FCFA l’année dernière. Au même moment, l’État s’est désengagé de la subvention sur l’engrais qui sera cédé à 18 000 FCFA au lieu de 11 000 FCFA (prix subventionné). Un vrai tape-à-l’œil dont les cotonculteurs ramasseront les conséquences négatives au moment de la campagne cotonnière.
Une grande communication a été faite autour des 35 milliards de francs CFA qui serviront de bonus de 50 FCFA sur le prix de chaque kilogramme de coton produit et vendu à la CMDT. C’est vrai, une baisse des prix du coton a été constatée sur le marché international suite à la pandémie du coronavirus.
Mais la réalité, c’est que les autorités maliennes veulent faire face à cette baisse du prix du coton sur le dos des pauvres paysans. Un paradoxe dans un pays dont 80 % de la population vivent de l’Agriculture.
Le dimanche 7 juin, le Premier ministre Boubou Cissé a rencontré une délégation des acteurs de la filière coton conduite par le ministre de l’Agriculture, Moulaye Ahmed Boubacar, en présence du PDG de la CMDT, Baba Berthé et des responsables des syndicats des producteurs de coton.
Cette rencontre avait pour but d’échanger sur les difficultés liées à la baisse du prix du coton-graine, suite aux effets de la pandémie du COVID-19.
À l’issue de la rencontre, les décisions suivantes ont été prises : le maintien des prix d’achat du coton pour la campagne 2020 – 2021 ; la subvention à titre exceptionnel d’un montant de 35 milliards de F CFA, matérialisée par un bonus de 50F sur chaque kilogramme de coton produit et vendu à la CMDT.
L’État, à travers la CMDT, s’engage à acheter chaque kilogramme produit localement à 250F pour le premier choix et 225 F pour le second choix. Mais tenez-vous bien, les engrais seront cédés à leurs prix courants, à savoir 18 000 FCFA le sac, contre 11 000 FCFA l’année passée. Donc, une différence de 7 000 FCFA sur le sac.
Où est donc l’effort consenti par l’État ?
Dans la salle, les représentants des cotonculteurs auraient pris l’engagement de mobiliser l’ensemble des producteurs afin de réussir la prochaine campagne agricole dans les zones cotonnières. Il reste à savoir si la base se laissera emballer à son tour dans ce piège des autorités.
Pour des fins politiques, les autorités ont mis l’accent sur la subvention de 35 milliards pour ramener le prix du coton à 225 et 250 francs le kilo pour les 1er et 2ème choix. Malgré tout, le prix d’achat du coton, cette année, est loin d’atteindre celui de l’année passée qui était 275 FCFA le kilogramme. Pire encore, aucune décision n’a été prise pour subventionner l’engrais.
Une forme d’escroquerie du gouvernement au moment où le régime est complètement acculé sur plusieurs fronts. L’État a concocté cette stratégie savamment préparée pour galvaniser les cotonculteurs qui avaient pris la décision de boycotter la culture du coton.
Pour qui connait l’importance du coton dans l’économie malienne (15 % du PIB), l’État devrait redoubler d’efforts pour subventionner l’engrais. En tout cas, l’atteindre de la barre d’un million de tonnes de coton, qui est un objectif affiché du régime, est tributaire de certaines facilités accordées aux cotoncultures.
L’État doit non seulement augmenter le prix d’achat du coton, mais doit également favoriser l’accès des exploitants aux intrants de bonne qualité, aux crédits agricoles auprès des institutions financières décentralisées.
Il est indéniable que le maintien de la politique de subvention aux intrants agricoles assortie de mesures de bonne gestion contribuera à améliorer de façon significative la production et la productivité agricoles. Une politique qui permettra aux producteurs de générer des revenus et contribuer à la réduction de la pauvreté en milieu rural.
Cette décision de revoir à la hausse le prix d’achat du coton est une pure duperie qui ne dit pas son nom. En cas de mauvaise saison, ils risquent de vendre d’autres biens pour rembourser les frais d’engrais. Avant qu’il ne soit trop tard, l’État a la responsabilité de bien expliquer la situation aux paysans.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN