Le courage politique n’est pas la chose la mieux partagée sous nos cieux. Sinon, après le désaveu cinglant du Premier ministre par le président de la République quant à l’application du fameux article 39 des enseignants, il devait rendre le tablier et tenter de sauver ce qui lui reste de son honneur. Lui, Boubou Cissé, qui a paralysé l’école depuis deux ans sous prétexte que le texte de loi serait inapplicable faute de ressources, se voit dans l’obligation de l’appliquer dans l’immédiat. La cohérence avec lui-même dans de telles circonstances aurait voulu qu’il démissionne, car il a chanté sur tous les toits qu’il ne pouvait pas. Alors pourquoi rester et être incapable d’appliquer un texte de loi.
De deux choses l’une. Soit le Haoussa a tellement pris gout à la grosse cylindrée, aux gardes du corps et à l’air conditionné du bureau feutré qui trône au-dessus des berges du Djoliba qu’il ne veut pas partir de la sorte ; soit il était de mauvaise foi en refusant d’appliquer la disposition en question et a décidé de prendre sur lui la responsabilité historique de sacrifier des générations entières.
Dans les deux cas de figure, Boubou Cissé qui, selon certaines indiscrétions, avait nourri des ambitions démesurées de présider aux destinées du pays un jour, aurait dû démissionner dans les minutes qui ont suivi la déclaration de son employeur.
Mais au lieu de cela, il était resté coi sur la table du présidium du Cicb, la tête baissée, couvert de honte. Il n’a pas daigné regarder les Maliens dans le blanc des yeux. Lui Boubou « ardogalo », un Haoussa bon teint qui a juré de ne pas appliquer l’article 39 et qui s’est aussi donné comme mission d’affamer les « pauvres gens-saignants » en coupant plus de quatre mois de salaire, c’est tout simple impensable.
Pendant les sept ans qu’IBK a passé à la tête du Mali, jamais un Premier ministre n’a essuyé un si grand affront. Mais bon, puisque c’est de Boubou Cissé qu’il s’agit et sachant aussi que le sens de l’honneur et de la cohérence avec soi-même n’est pas le même pour tous, il n’y a rien de surprenant.
Pour sûr, avec la crise actuelle qui tend vers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, il n’a aucune chance de diriger l’équipe qui en sortira. Maintenant, il devrait savoir partir pendant qu’il est temps.
Dieu veille !
Harber MAIGA
Source : Azalai express