Après la proclamation des résultats globaux provisoires par la Céni qui donnent Alpha Condé vainqueur dès le premier tour, le RPG, parti d’Alpha Condé se réjouit de cette victoire.
De son côté, l’opposant Celou Dalein Diallo ne compte pas en rester là. Il dénonce un hold-up électoral, des fraudes… Sans surprise, il va contester ces résultats devant la justice, en saisissant la Cour constitutionnelle.
« Deux choses: nous allons protester contre ce hold-up électoral par la rue et nous allons quand même constituer des dossiers, très difficilement, puisque nos locaux sont occupés, on n’a pas accès à nos documents. Mais nous allons quand même saisir la Cour constitutionnelle – sans se faire trop d’illusions – parce que nous avons les pré-PV, dressés à l’issue du scrutin.
Donc, nous allons contester parce que nous sommes convaincus des chiffres que nous détenons. Nous, nous aurions voulu par exemple que la Cour constitutionnelle soit assistée par des experts électoraux internationaux pour instruire les contentieux. Nous sommes convaincus que si on a un juge électoral vraiment neutre et indépendant, il n’y a aucun doute qu’ils vont rétablir la vérité et nous rétablir dans nos droits. Mais on sait que ceux qui sont là, aujourd’hui, obéissent aveuglément à Alpha, à sa volonté, à défendre ses intérêts personnels, et non la République et les lois du pays », a déclaré Celou Dalein Diallo.
Son parti, le UFDG a aussitôt dénoncé une « forfaiture ». Joint par RFI, Ousmane Gaoual Diallo, conseiller politique et directeur de la communication de l’UFDG assure lui aussi qu’ils vont poursuivre la contestation, jusqu’à ce que la victoire de leur champion soit reconnue.
Aujourd’hui, nous devons reconnaître qu’il y a deux procès-verbaux qui ont été émis sur chaque bureau de vote et nous détenons les procès-verbaux de presque 80% des bureaux de vote qui ont été émis à l’occasion de ce vote, et qui montrent qu’Alpha Condé a perdu ces élections. La Céni a probablement produit des résultats qui ne reflètent pas cette volonté exprimée par les populations guinéennes. Donc, ce combat ne fait que commencer.
Rues désertées et coupures internet
Après l’annonce de ces résultats, Conakry, la capitale guinéenne, semble encore endormie, malgré l’heure tardive. Il y a très peu de monde dans les rues, en proche banlieue. Au pont du 8 novembre, les accès au centre-ville sont systématiquement contrôlés par des policiers ainsi que par des membres de la garde présidentielle en armes, a pu constater notre correspondant sur place, Carol Valade.
Des pick up militaires circulent. Des violences et des coups de feu ont été rapportés, depuis la haute banlieue ainsi que des scènes de pillages et des incendies.
Le réseau internet et les appels internationaux sont indisponibles avec l’opérateur Orange. Plusieurs réseaux sociaux et applications de messagerie sont également difficiles d’accès.
Sur les violences post électorales qui secouent le pays, depuis lundi, les bilans divergent. Quinze morts dont cinq membres des forces de défense et de sécurité, selon le gouvernement. Huit civils tué dont trois enfants, selon Human Rights Watch. Selon l’UFDG, principal parti d’opposition, qui n’a pas attendu les résultats officiels pour annoncer que son décompte le donnait victorieux, le bilan réel serait plus proche d’une trentaine de victimes.
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme, HRW, appelle à la restauration des communications et à la retenue.
Les autorités devraient prendre toutes les mesures pour restaurer l’accès à Internet pour que les gens puissent communiquer, obtenir et partager les informations sur les évènements en cours, et aussi pour leur propre sécurité. […] Les forces de sécurité doivent faire preuve de retenue et éviter un recours excessif de la force tel que nous l’avons constaté sur le terrain avec des personnes qui ont été tuées pendant des manifestations.