Nulle trace de cautèle dans ses propos. Karim casse tout le sucre sur le dos de ses adversaires politiques, faisant peu cas de l’embourbement de son char dans le sable mouvant d’Espagne.
Les dieux se sont écroulés sur leur tête. Le tout puissant président de la Commission défense, sécurité et protection civile de l’Assemblée nationale a jeté l’éponge. La nouvelle est tombée lundi matin comme un couperet. Son char embourbé dans le sable mouvant de son odyssée espagnole où des bordelles de luxe à bord d’un bateau digne de prince massait un zinzin à vous couper le souffle, ne pouvait, dans la tempête provoquée, reprendre du service. Karim Keïta avait laissé suffisamment de plumes pour reprendre son envol. Flanqué de son frère et des amis, ils trinquaient, besognaient leurs mâchoires dans l’indifférence totale des crises à étages qui sévissent au Mali.
Charles Aznavour, auteur d’une célèbre chanson, déclamait: « Il faut savoir quitter la table quand l’amour est desservi. »
Certes, il a fait sienne cette vérité qui n’a pris aucune ride en traversant les temps. Mais des mots sont restés au travers de sa gorge chaude. « Dans cette ambiance délétère, certains ont fait de ma modeste personne un fonds de commerce politique, d’autres un déversoir de leurs ambitions inassouvies. Rien ne m’aura été épargné. En décidant d’entrer en politique, je savais que mon action allait être scrutée, analysée, commentée. Mais je n’imaginais pas que l’injure, la calomnie, le mensonge seraient à ce point convoqués pour dénaturer et dissimuler mon action au service des Maliennes et des Maliens. Certes, j’ai commis des erreurs. Qui n’en commet pas ? Mais qui, mieux que les électeurs de la circonscription électorale de la Commune II du district de Bamako, qui m’ont donné mandat de les représenter à l’Assemblée nationale en 2013, sont les mieux armés pour juger mon action publique ? Qui, mieux que les électeurs de ma circonscription électorale peuvent juger mon bilan de député ? En 2020, ce juge de paix a tranché : les électeurs m’ont renouvelé leur confiance à travers un nouveau mandat pour leur représenter à l’Assemblée nationale.
Pourtant, comme s’il existait un délit de patronyme, certains continuent à concentrer leurs attaques sur moi. Je ne suis pas dupe, l’objectif final de ce matraquage se trouve ailleurs. »
Posture intenable
Nulle trace de cautèle dans ses propos. Karim casse tout le sucre sur le dos de ses adversaires politiques. Mais, la mayonnaise ne prend pas. Une chose est de reconnaitre ses erreurs, une autre est de demander pardon. Nulle part, sa déclaration il n’en fait mention. Considérons qu’il s’agisse là d’une omission qui sera vite corrigée. Aussi, ce que sa déclaration gagne dans l’énumération de ses raisons invoquées elle la perd en pertinence au moins sur un point. Les électeurs de la Commune II ne sont pas les seuls meilleurs arbitres habilités à évaluer un mandat de député. A l’heure des progrès technologiques (télé, radio, journaux, internet), une telle posture est une insulte au monde devenu un village planétaire.
Du reste, il ya à boire et à manger dans la suite de son intervention ainsi libellée : « Pour ma part, je mets le Mali au- dessus de tout. Aucun sacrifice n’est trop pour le Mali. Je ne souhaite plus être un argument pour des personnes en mal de programme, ni être un frein au dialogue entre Maliens pour aboutir à un apaisement de la situation socio-politique de notre pays. C’est pourquoi j’ai décidé, en toute responsabilité, de me retirer à compter de ce jour de la Présidence de la Commission Défense nationale, Sécurité et Protection civile de l’Assemblée nationale. En tant que simple député, démocrate convaincu et républicain déterminé, je continuerai de consacrer mon énergie au service des électrices et des électeurs de la Commune II de Bamako, et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des Maliennes et des Maliens. »
Karim pourrait revisiter les manuels de sciences politiques, c’est une lapalissade de dire que derrière le sourire affiché se cache des dents carnassières. En politique, tous les coups sont permis. Dire qu’on l’ignorait, des années après ses premiers pas, équivaudrait à convaincre le commun des mortels que les ânes se nourrissent de poissons, que Titanic n’a pas coulé.
Georges François Traoré
L’Informateur