Face à l’absence du Gouvernement depuis plus d’un mois dû à la crise socio-politique, le Premier ministre a décidé par dérogation de prendre un décret lui permettant de prendre certaines décisions relatives aux marchés publics à la place des ministres. Pour assurer la continuité des services publics de même que l’Etat, il urge qu’en l’absence du Gouvernement les secrétaires généraux des départements ministériels assurent cette tache noble.

C’est ce qui vaut la prise du décret N°2020-0320/PM-RM du 22 juillet 2020, portant dérogation aux dispositions du décret N° 2014-0256/ PM-RM du 10 avril 2014 déterminant l’autorité chargée de la conclusion et de l’approbation des marchés et des délégations de service public, semble-t-il justifier le Premier ministre Dr Boubou Cissé. Ce décret pris le 22 juillet et rentré en vigueur le même jour, confère

« les fonctions d’autorité de conclusion et d’approbation des marchés publics relevant des seuils de compétences des ministres sectoriels sont exercés par les secrétaires généraux des départements ». Mais aussi « la fonction d’autorité d’approbation des marchés publics relevant des seuils de compétences du ministre chargé des finances est exercée par le premier ministre ».

Le Premier ministre, certes, en l’absence du Gouvernement de plus d’un mois due à la crise socio-politique doit prendre certaines décisions pour assurer la continuité des services publics. Mais, faut-il le dire, cette démarche va à l’encontre de l’orthodoxie financière dans notre pays mais aussi contre les recommandations de l’UEMOA. Le premier ministre Dr Boubou Cissé signe un décret pour s’autoriser à signer d’importants marchés

« en violation des droits de l’UEMOA et des droits maliens », crient certains citoyens.

Mais cette façon laisse planer des zones d’ombre dans la gestion des finances dans un pays où la corruption et le détournement des deniers publics est monnaie courante.   Le détournement ne peut qu’être la règle d’or étant donné que désormais le Premier ministre est à la fois l’exécutant et le contrôleur.

De plus, la crise socio-politique qui met le Premier Ministre Boubou Cissé dans une position de départ sine die avec l’exigence de plus en plus accrue de la contestation, tout porte à croire sans ambages que Boubou Cissé est dans une démarche de maximisation pour remplir ses poches avec des systèmes peu recommandables en matière des finances. Et cette façon laisse désormais croire que le premier Ministre Plein pourvoir dont réclame le M5-RFP est déjà en place sous IBK et opère déjà à ciel ouvert sans que personne ne l’autorise et contre la volonté du peuple et du M5-RFP.

Au demeurant, l’opinion doit le savoir et l’interpeler au plus vite dans une période où aucune Institution ne semble être à jour, donnant l’occasion à certaines personnes d’abuser des deniers publics sans être inquiétées.

DEMBA KONTE