POURSUITES CONTRE LE « GENERALAT »

LE DEVOIR D’INGRATITUDE

L’histoire résultant du permanent combat de l’humanité est ainsi faite. Les hommes toujours mus par l’irrésistible attrait de la liberté et de la justice s’acheminent vers les nobles idéaux du progrès continu.

En effet, Jacques Chirac a dit : « les Généraux, c’est comme de la porcelaine chinoise, ils aiment les honneurs et les décorations, mais ils ne résistent jamais à l’épreuve du feu. »

Le gouvernement de la République du Mali a engagé des poursuites pénales contre les Généraux Amadou Toumani Touré(ATT) ex Président de la République pendant 10 ans, et son tombeur le Général Amadou Haya Sanogo.

Le premier est poursuivi pour « Haute Trahison » et le deuxième pour « complicité d’enlèvement ». Tous ces faits sont prévus et punis par les lois maliennes. Jusqu’aux verdicts finaux,  ils sont présumés innocents.

Nous espérons que les procès seront équitables et que pour une fois la justice malienne s’aura se hisser à la hauteur pour les juger pour ceux qu’ils ont fait et non pour ceux qu’ils sont. Car en un moment donné de l’histoire de notre pays, ils ont géré le pouvoir, à ce titre, ils ont suscité l’espoir mais au moment du bilan, ils ont fait des contents, des mécontents, des jaloux et des déçus, cela est  inné à l’exercice du pouvoir. Peut-être ils ont cru vouloir bien faire mais ils se sont heurtés à leur propre limite, leur vrai niveau.

Le Président de la République, premier magistrat de la République et Chef Suprême des Armées a décidé en son âme et conscience et j’imagine humainement combien l’exercice est difficile, car il révèle le pouvoir dans sa solitude, surtout  lorsqu’il s’agit d’assumer le devoir d’ingratitude.

On mesure la stature des grands hommes d’Etat à travers leur capacité d’appliquer le devoir d’ingratitude lorsque la situation l’exige. Cela s’appelle du patriotisme. Pour en être capable, il faut avoir une conviction, une conscience politique, du bon sens et être réaliste.

IBK, en faisant ce sacrifice il a tiré les leçons du passé en disant aux maliens et au reste du monde que dorénavant le Mali à un leader, que l’Etat du Mali à un maître, car pour bâtir un Etat fort, il lui faut un maître.

Cet acte politique majeur qui n’est pas dépourvu de conséquences pour lui-même, car en mettant en place la haute cour de justice, il se doit d’être irréprochable aussi car l’histoire n’est jamais finie. Elle réserve toujours des surprises. Ces décisions difficiles et courageuses mais nécessaires sinon mêmes indispensables pour un nouveau départ, vu l’ampleur et la faillite des dégâts, doivent nous interpeller tous, nous les partisans de tous les bords.

Nous devons nous dire comme le Président de la République que tout malien et toute malienne a un devoir de fidélité et de loyauté envers le Mali d’abord, notre patrie, car comme disait Jean Jaurès : « la patrie est le seul bien de ceux qui n’ont rien. »

Chaque malienne et malien à l’obligation et le devoir de défendre de l’honneur du Mali, de ce que cet honneur commande, de ce que cet honneur refuse. L’honneur du Mali commande aujourd’hui la clarification, la vérité à l’opposé des discours de dénigrement, de l’apologie et des sous-entendus. Si cela n’est pas notre Credo, il va falloir qu’il le soit ! Sinon nous n’aurions rien tiré comme leçon de la crise.

C’est vrai en engageant des poursuites contre les présumés auteurs de crimes et délits, leurs complices passifs et actifs de tous les bords, le Président en tire un bénéfice politique et gagne en crédibilité mais au bout du compte c’est le Mali qui gagne en sortant définitivement du cycle infernal de l’impunité et de l’injustice qui est une mère qui enfante des enfants dignes d’elle.

Nous devons aider la justice dans la manifestation de la vérité pour que les vrais auteurs soient punis au lieu de nous borner à dire que nous sommes tous coupables. Non nous ne sommes pas tous coupables car la responsabilité pénale est individuelle. Et ces procès donneront l’opportunité à toutes et tous ceux qui seront cités de prouver leur innocence et de laver leur honneur.

Chaque malien fut, est ou sera  partisan, démocratie oblige, mais nous devons nous dire que la manifestation de la vérité permettra de refaire l’unité nationale, rétablir l’ordre de l’Etat et de mettre les pouvoirs publics à la hauteur de leurs devoirs.

Alors que la grande peur « des bien-pensants » pris aux entrailles ne nous détourne pas de cette mission, avec des sous-entendus, leurs radios de l’abaissement et les stylos de la décadence. Il y a-t-il un temps pour rendre la justice ? Quelle est cette priorité qui prime sur l’ordonnancement de la justice et l’application de la loi ? Kidal n’est-il pas le fruit de l’injustice, de l’impunité et du laxisme ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, n’est –il pas aussi judicieux de régler les causes d’abord avant les effets ? Pourquoi pas les deux simultanément ?

Et c’est ce qui se fait d’ailleurs! Alors gardons notre sang froid et sachons raison garder en laissant la justice faire son travail dans l’intérêt du Mali et des Maliens.

M. Mariko Bakary

France.