Comme la Chine, le Mexique ou le Brésil, la Russie et son président attendent la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle aux États-Unis.
INTERNATIONAL – À l’inverse de la plupart des chancelleries occidentales, le Kremlin a indiqué ce lundi 9 novembre que Vladimir Poutine attendait l’annonce du résultat officiel de la présidentielle aux États-Unis pour en féliciter le vainqueur, la victoire de Joe Biden étant contestée par Donald Trump.
“Nous estimons qu’il est correct d’attendre les résultats officiels des élections qui ont eu lieu. Je veux rappeler que le président Poutine a plusieurs fois dit qu’il respectera le choix du peuple américain quel qu’il soit”, a indiqué aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Vladimir Poutine avait félicité Donald Trump pour son élection en 2016 un peu plus d’une heure après que les projections des médias américains lui avaient accordé la victoire. Dmitri Peskov a relevé qu’”à l’époque, il n’y avait pas de contestation juridique” du résultat.
Un peu plus tôt dans la journée, la cheffe de la commission électorale russe avait estimé que le vote par correspondance aux États-Unis a laissé “des espaces immenses” à de possibles fraudes électorales, reprenant la rhétorique de l’équipe de Donald Trump.
Comme Trump, la dénonciation du vote par correspondance
“J’ai eu l’occasion par le passé d’étudier minutieusement l’expérience du vote par correspondance aux États-Unis. Pour moi, la conclusion est claire: il s’agit d’un anachronisme qui dans sa variante américaine ouvre d’immenses espaces pour de possibles falsifications”, a dit Ella Pamfilova à l’agence de presse étatique russe TASS.
Selon elle, le système de vote par courrier aux États-Unis permettrait “les votes multiples, les pertes des bulletins ‘indésirables’, l’essor du vote des morts”, relevant d’une “absence d’un contrôle systématique sur le processus électoral par voie postale dans son ensemble”.
Le président Donald Trump, défait par le démocrate Joe Biden lors de la présidentielle américaine, n’a pas reconnu la victoire de son rival, jugeant, sans fournir de preuves, que le scrutin était frauduleux et pointant du doigt en particulier le vote par correspondance qui a connu un essor important cette année du fait de la pandémie de coronavirus.
Les relations russo-américaines n’ont cessé de se détériorer depuis que Moscou est accusé d’ingérence dans la présidentielle de 2016 pour favoriser l’élection de Donald Trump. Le milliardaire américain a toujours nié avoir bénéficié des efforts russes, tout comme Vladimir Poutine, malgré les conclusions des enquêteurs américains. L’élection de Joe Biden risque d’accroître encore les tensions avec la Russie, l’ancien vice-président de Barack Obama ayant promis toujours plus de fermeté à l’égard de Moscou, quand Donald Trump ne cachait pas son admiration pour le président russe.
La Chine sur la même ligne que la Russie
Par ailleurs, la Chine a choisi d’adopter la même attitude que le président russe. Le pays s’est effectivement abstenu de féliciter Joe Biden pour son élection à la présidence des États-Unis, Pékin expliquant ce lundi que le résultat final du scrutin n’était pas encore connu.
“Nous avons pris note que Joe Biden a déclaré être le vainqueur de l’élection”, a dit devant la presse un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin. ”À notre connaissance, le résultat de l’élection sera déterminé par les lois et les procédures en vigueur aux États-Unis”, a-t-il ajouté, deux jours après la victoire du candidat démocrate, contestée par le président sortant Donald Trump.
Si les messages de félicitation ont afflué dès samedi, outre la Chine et la Russie, d’autres pays comme le Mexique ou le Brésil se sont jusqu’à présent abstenus d’adresser un message à Joe Biden. Lors de l’élection de Donald Trump en novembre 2016, le président chinois Xi Jinping avait adressé ses félicitations au vainqueur dès le lendemain du scrutin.
Si la défaite du milliardaire républicain est de nature à soulager la Chine, qui a fait les frais d’une guerre commerciale déclenchée par Washington en 2018, certains experts notent que Pékin pourrait redouter de voir Joe Biden lui mettre davantage de pression en matière de droits de l’Homme. Interrogé sur ce point, le porte-parole chinois a averti que son pays resterait déterminé à défendre “sa souveraineté, sa sécurité et son développement”. “Nous espérons que la prochaine administration américaine fera preuve d’une volonté de conciliation”, a-t-il dit.