Le pays des fiers Bambaras, Peulhs, Tamasheqs… se trouve présentement dans une tempête sociopolitique très compliquée. Géostratégiquement, il se situe au cœur de l’Afrique de l’Ouest, donc susceptible d’impliquer en cas d’embrasement, toute cette sous-région qui compte. Il est l’épicentre de la crise djihadiste, qui secoue le Sahara africain, donc forcément menace la quiétude de l’occident en général, et en particulier l’Europe, la porte d’à côté. L’immensité du territoire, la faiblesse de la densité sont des freins énormes pour sa gestion. La pauvreté et le taux très faible d’alphabétisés de sa population sont exploités par ses dirigeants qui ne se soucient que de leur situation, ce qui fait du Mali d’aujourd’hui, une bombe prête à enflammer tout un monde.
Le pouvoir actuel, est depuis cinq ans en campagne. Son chef, le président de la République, a fait croire à la majorité des maliens qu’il avait la solution pour la paix, qu’il allait surtout mater cette rébellion. En habile populiste, il a convaincu et a embobiné tout le monde, surtout les régulateurs de la société malienne, les chefs coutumiers et les chefs religieux. Il s’est acoquiné avec les leaders de la rébellion, il les héberge dans des hôtels de luxe de la capitale au frais du contribuable, il les invite régulièrement dans ses salons, autour de grands festins, bien sûr à nos frais. La république s’est retrouvée sans couche neutre pour la veille citoyenne et, elle est devenue la principale source pour entretenir ses fossoyeurs.
Le pays est donc allé aux élections très divisé. Les supporteurs du candidat sortant étaient face à ceux de l’opposition. Cette dernière comprenant les opposants officiels, et les mécontents venus en catastrophe de la majorité présidentielle. Le candidat sortant en son sein avait aussi les membres du parti, qui ont fait de la figuration, et les membres du clan familial, qui ont géré la réalité de la campagne. Chacun avait ses soutiens associatifs, ses soutiens religieux et chefs coutumiers. L’Etat qui organise se trouvant entre les mains du sortant. Le premier ministre bien que chef de l’exécutif national, a ouvertement affiché ses préférences pour le candidat sortant. Le ministre qui organise les élections était à la solde du candidat sortant, le ministre de la protection civile menaçait le camp des opposants et la sécurité d’état les harcelait et continue. Si les responsables des banques n’étaient pas tenus par le principe sacrosaint du secret bancaire, ils nous auraient dit que de grosses sommes ont été transférées. Ces sommes ont circulé entre les marchés fictifs de l’état et, les opérateurs économiques de circonstance et les comptes de nos banques. Elles sont ensuite tombées tranquillement dans les mains des manœuvriers de la campagne du candidat sortant.
Jamais une campagne présidentielle n’a vu au Mali, des fonctionnaires autant promus, des opérateurs économiques d’un certain cercle bombardés de marchés publics, de simples citoyens musulmans envoyés à la Mecque. Le comble c’est l’utilisation des irrédentistes, ceux qui se battent pour la division du pays. Ils ont contribué à bourrer les urnes, faisant de notre démocratie, une démocratie de pacotille, et de notre pays, un pays ridicule.
Les observateurs de la communauté internationale ont été dépassés. Ils ont constaté des irrégularités procédurales, cela dans juste 2% des bureaux de vote, ce qui a suffit au pouvoir pour s’applaudir pour la bonne organisation des élections. Ensuite les félicitations du président français à partir des résultats provisoires ont fait penser à notre cour constitutionnelle qu’elle a un blanc-seing. La communauté internationale ne veut juste pas être la cause de la mise en flamme. Le président Macron a compris l’instrumentalisation de la cour constitutionnelle et a félicité pour appuyer les observateurs de l’Union européenne. Une insulte pour nos institutions à commencer par le premier.
Ce pays va droit dans une dictature électorale. Tant que ce régime a la main sur les deniers publics, tant que le fichier est à leur merci, tant que leurs sbires du gouvernement organisent, tant qu’ils ont leurs réseaux de distributeurs de cash et de bourreurs d’urnes, il sera là. Et il mettra qui il veut à la tête du pays. Le peuple doit se dresser tel un seul homme pour sauver le Mali et l’avenir de nos enfants.
Macké Diallo
L’AUBE