Premier à prendre la parole, le président du comité stratégique du M5-RFP a fait le compte rendu de la première rencontre entre les représentants de son mouvement et la délégation de la CEDEAO conduite par Goodluck Jonathan. « Nous avons expliqué à la CEDEAO toutes les concessions que nous avons eues à faire suite aux différentes médiations et l’intervention de notre autorité morale. Mais, aujourd’hui, après tous ces morts, toutes ces concessions sont caduques. Nous avons dit qu’à la date d’aujourd’hui, il faut que ceux qui ont organisé les tueries et qui ont torturé nos camarades soient arrêtés et traduits devant les tribunaux », a expliqué Dr Choguel Kokalla Maiga avant d’ajouter :« Nous avons dit à la CEDEAO que nous ne souhaiterions pas que le peuple malien, à l’issue de tout ce processus, ait le sentiment que la CEDEAO a comme seul objectif de maintenir un président au pouvoir contre son peuple ». Pour le président par intérim du FSD, la CEDEAO ne doit pas être un instrument de « protection des chefs d’État », elle doit être un instrument au service des intérêts du peuple.
Choguel a, par ailleurs, démenti les informations selon lesquelles il y a des divergences entre les responsables du M5-RFP. « Il n’y a aucune divergence entre nous. On est uni comme un rock aujourd’hui plus qu’hier. Le sang de ceux qui sont morts nous a cimentés, nous a uni et nous n’avons pas le droit, aujourd’hui, de faillir. Ce sera une trahison vis-à-vis de la mémoire de ceux qui sont morts. C’est pourquoi nous avons juré de rester ensemble jusqu’au bout », a entonné l’ancien patron de l’AMRTP.
Dans sa déclaration, Ibrahim Ikhassa Maiga a évoqué les raisons pour lesquelles le M5-RFP a demandé le départ d’IBK de la présidence de la République. Il a rappelé tous les maux auxquels le Mali est confronté.
Les 13 propositions pour la « refondation du Mali »
Pour le M5, le Mali a un besoin impérieux de refondation et de sauvegarde de sa démocratie républicaine. Pour arriver à cet objectif, le mouvement sollicite l’accompagnement de la communauté internationale et des amis du peuple malien. Cette refondation passe, selon Ibrahim Ikhassa Maiga, par 13 points. Ils sont, entre autres :
1-La démission d’IBK des fonctions du président de la République avec son régime ;
2-la dissolution de l’Assemblée nationale ;
3-l’effectivité de la fin des mandats des membres de la Cour constitutionnelle ;
4-l’ouverture d’enquêtes judiciaires en vue de la poursuite devant les juridictions nationales et internationales des auteurs, commanditaires et complices des tueries, blessures et exactions commises contre les manifestants ;
5-la libération du chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé ;
6-l’ouverture d’une transition républicaine ;
7-l’organisation d’une rencontre entre les forces vives de la nation pour définir les termes de la transition ;
8-élaboration et adoption d’une charte de la transition définissant les principes, les missions et organes avec la durée de cette transition (cette charte de la transition doit être conciliée avec les dispositions constitutionnelles actuelles) ;
9-Installations des organes de la transition avec une feuille de route claire et précise des axes prioritaires et transitoires ;
10-tenue de concertations nationales souveraines avec toutes les forces sociales et politiques, les organisations de la société civile, de l’intérieur et de la diaspora, les partis et regroupements politiques, les forces syndicales, les autorités religieuses et coutumières, les forces de défenses et de sécurité, les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et toutes les parties intéressées au processus de paix et de réconciliation en vue de faire l’état de la nation et réussir le processus de refondation de l’État ;
11– l’installation d’un organe législatif de transition pour la mise en œuvre des réformes politiques, institutionnelles, administratives et électorales nécessaires pour refonder l’État et jeter des bases du Mali nouveau ;
12-l’adoption d’un pacte pour la stabilité sociale, la paix, la réconciliation, la sécurité, la croissance et le développement ;
13-l’adoption d’un mécanisme de suivi/évaluation.
Pour le professeur d’enseignement supérieur, la refondation du Mali et la sauvegarde de sa démocratie passent par l’application de ces propositions du M5-RFP. Il a, par ailleurs, invité la CEDEAO à respecter la volonté du peuple malien.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays-Mali