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Pour la gestion de la crise sécuritaire au Mali : Faut-il recourir à la culture ?

Dans son émission du Grand dialogue du lundi 3 février 2020, Studio Tamani s’est étalé sur la gestion de la crise au centre du Mali sous l’aune de la culture. La valorisation des cultures maliennes semble indispensable dans la gestion des crises que traverse le pays.

« Les armes sont nécessaires, mais il faut mettre en valeur nos cultures pour que le vivre ensemble puisse être possible et que les armes puissent se taire », estime Bréma Ely Dicko, sociologue et professeur à l’Université de Bamako, qui se dit convaincu du rôle prépondérant que peut jouer la culture dans la gestion des crises sociales.

Selon le Sociologue malien, « l’homme est avant tout un être de culture, sinon il serait un animal ». Ce n’est pas pour rien que la société accueille l’homme. Le but est de canaliser les pulsions avec lesquelles il nait. La société lui inculque l’ensemble des valeurs indispensables à la vie en société, indique M. Dicko. La culture, à ses dires, est ce « qui forge l’identité de l’homme, c’est l’habit que nous portons et qui nous permet d’être avec les autres. »

À l’éclatement de la crise sécuritaire que traverse le Mali, les solutions avaient été cherchées ailleurs. L’échec de ces solutions a fait tourner les autorités vers la culture. Selon M. Dicko, le Dialogue national inclusif dont on parle aujourd’hui est une valeur foncièrement culturelle au Mali.

Cette position est également celle de Diadié Hama Sangho, Communicateur traditionnel, chercheur en sciences sociales : « Je dis et j’affirme solennellement qu’il n’y a pas d’autres issues de sorties de crises sans la culture ». À ses dires, il est important de s’appuyer sur la culture pour la résolution des conflits. À l’en croire, dans chaque société, des mécanismes de gestion des conflits existaient.

Selon M. Sangho, les biennales qui se tenaient dans les sociétés traditionnelles maliennes renforçaient la cohésion sociale et le vivre ensemble, mais aujourd’hui, déplore-t-il, plus rien de celles-ci n’existe. Outre cela, plusieurs espaces de socialisation existaient dans le but de favoriser également le vivre ensemble, souligne-t-il.

Aujourd’hui, au lieu de profiter de ces valeurs ataviques qui ont existé dans ce pays, les autorités maliennes ont plutôt pensé qu’importer des solutions pouvait résoudre cette crise. Depuis le début, les acteurs susceptibles de « tuer le mal dans l’œuf » ont été négligés alors qu’ils ont plus de légitimité aux yeux de leur communauté, explique M. Dicko.

M. Sangho situe tout le problème à l’éducation. « La seule chose que l’école a réussi à faire en Afrique, c’est de nous chasser de chez nous », a-t-il expliqué. À l’en croire, les Maliens se sont enivrés des valeurs européennes en dégradant les leurs par le refus de chercher à les connaitre. L’éducation collective, qui se pratiquait jadis dans les sociétés traditionnelles, est en désuétude.

Selon le sociologue malien, cette désuétude des valeurs culturelles maliennes relève de la responsabilité de l’État qui n’a pas su valoriser certaines valeurs lors de la modernisation. À l’en croire, beaucoup de rites favorisaient les liens sociaux dans les sociétés maliennes d’autrefois, mais ils ont été abandonnés. Outre l’État, les parents ont également leur responsabilité à travers surtout leur démission de l’éducation des enfants. La responsabilité est également communautaire, puisque l’individualisme est en ascendance et l’« argent est devenu le baromètre de la réussite ».

Pourtant, il ne faudrait pas se défouler uniquement sur les autres, les jeunes doivent comprendre qu’ils ont également une part de responsabilité. Ceux-ci doivent chercher à connaitre d’où ils viennent pour savoir où ils vont, a-t-il indiqué.

Face à cette situation, Bréma Ely Dicko juge nécessaire de valoriser aujourd’hui la comédie, qui permet de dire des vérités crues sans blesser, ainsi que l’Éducation civique et morale dans les écoles, pour une gestion durable de ces crises.

Aux dires du Communicateur traditionnel, « Le festival joue le même rôle que les semaines culturelles, les semaines de jeunesses et les biennales », par le fait qu’il partage les mêmes objectifs de promotion de la culture avec ces autres activités culturelles. Il faudrait alors les encourager, en tant qu’outil de gestion de la crise. Le chercheur en Sciences sociales estime également qu’il faut impliquer les communicateurs traditionnels dans la recherche de la paix.

F. TOGOLA

Source: Journal le Pays-Mali

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