En prélude à la première concertation populaire que le Collectif pour la défense de la République (Cdr) s’apprête à organiser le week-end prochain, le porte-parole de l’organisation, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a animé, le mercredi 21 mars à la Maison de la presse, un point de presse pour annoncer l’évènement. C’était en présence de Boubacar Yalcoué, un des cadres du collectif et plusieurs de ses responsables.
elon lui, depuis sa création, le Cdr organisera le week-end prochain sa première concertation populaire. Et de poursuivre que cette expression c’est pour ne pas donner l’impression d’agir ou de paraitre comme les partis politiques au sens classique du terme. Il ajoutera que cette concertation vise à partager avec le maximum de Maliens la teneur de ces assises.
“C’est en principe au respect de nos engagements que nous nous sommes donné comme mission à savoir alternance. Lorsque nous lancions la campagne alternance 2018, certains avaient pensé au groupe de mots alternance politique qui veut dire le changement de régime ou d’un pouvoir par un régime ou par un pouvoir. Mais le terme alternance, étymologiquement, s’entend par un changement d’esprit, de comportement, de façon de voir ou de façon de faire”, a-t-il précisé.
À le croire, le mot alternance a été choisi suivant une autocritique que les responsables du collectif se sont fait le devoir sur eux-mêmes par rapport aux tares constatées dans la pratique démocratique au Mali. “Nous sommes arrivés à la conclusion que si les différents régimes démocratiques successifs n’ont pas répondu aux attentes de la population, cela veut dire que quelque part nous en sommes un peu responsables parce que la démocratie est le régime qui offre le pouvoir au peuple de décider, d’agir et de contrôler. C’est le seul régime qui confère au peuple le pouvoir de concevoir la politique par laquelle il souhaite être régi”, a-t-il laissé entendre.
La responsabilité passive des citoyens dénoncée
De son point de vue, si 704 maires, 147 députés et un président de la République ont réussi à embastiller la majorité de la population. Il y a lieu de se poser la question à savoir comment la minorité a pu s’imposer à la majorité. Selon lui, la réponse à cette question renvoie à une responsabilité passive de la majorité, mais celle-ci n’est pas délibérée, elle est implicite car elle découle de la non-participation du citoyen au contrôle citoyen. À l’entendre, si les 17 millions de Maliens n’ont pas choisi de vivre dans la misère, dans la pauvreté, de contribuer et se priver des retombées de cette contribution à travers les impôts et les taxes, ce n’est pas non plus par mépris, par inconscience ou par manque de responsabilité, mais par méconnaissance des règles de fonctionnement sans lesquelles ils ne sont pas en état d’avoir le réflexe et le caractère qu’il faut. Et de préciser que c’est pourquoi, en démocratie, le rôle du quatrième pouvoir a été dévolu à l’information. “Un homme informé est un homme averti et un homme non informé n’est pas mieux qu’un animal. L’information est un élément permettant à la raison de produire des réflexions afin d’évoluer la vie d’aujourd’hui et ses conséquences dans le futur. Sans information, point de réflexion”, a-t-il renchéri.
Le français est un obstacle pour le peuple malien d’accéder à la conscience citoyenne
À ses dires, l’information indispensable à la construction du mot peuple est cantonnée dans une langue méconnue par plus de deux tiers de la population. Cet état de fait exclut l’écrasante majorité de l’information. Donc, qui l’exclut de la machine de prise de décision et de prise de conscience lui permettant de participer au renforcement de l’État de droit et de la démocratie. “Le français est plus un obstacle pour le peuple malien d’accéder à la conscience citoyenne qu’un instrument de formation du peuple. Pour ramener le peuple à jouer pleinement le rôle qui lui revient en tant que démocrate, il faudrait l’informer des règles de l’État qui le régissent”, a-t-il proposé.
Aux dires du porte-parole du Cdr, c’est pour redresser la barre que les responsables du collectif ont décidé de participer activement aux prochaines élections à travers l’élaboration d’un manifeste ou l’offre politique qui sera proposée aux différents candidats. “Depuis plus de deux mois, nous avons demandé aux différents comités tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de recenser les difficultés auxquelles les localités respectives sont confrontées. Nous avons mis en place un comité scientifique pour faire la synthèse des différents documents”, a-t-il indiqué.
À l’en croire, près 400 participants sont attendus lors de ses assises qui se dérouleront les 24 et 25 mars prochains, dont plus de 80 participants de l’extérieur. “Les participants travailleront dans différents ateliers sur la santé, la justice, l’éducation, l’accès à l’eau potable… afin d’élaborer un manifeste qui sera soumis aux différents candidats à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018“, a-t-il conclu.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali