Il s’agit, entre autres de l’insécurité, de l’Accord politique de gouvernance, de la prorogation du mandat des députés, de la révision de la Constitution et de la tenue du Dialogue national inclusif
Dans sa 1ère sortie face à la presse, tenue le jeudi 13/06/2019 à la Maison de la presse depuis la signature de l’Accord politique de gouvernance, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) rejette la prorogation du mandat des députés, la révision de la Constitution du 25 février 1992 et le dialogue national inclusif.
Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé et ses camarades ont étalé les sujets brûlants du moment au Mali.
« L’heure est grave !», interpelle dès le début de son discours le président du FSD et chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé. Dans une salle pleine de militants et journalistes, l’élu de Niafunké peint un sombre tableau de la situation sécuritaire du pays. Selon lui, « l’actualité s’est accélérée avec les recompositions politiques qui ont abouti à la formation du gouvernement actuel et surtout, avec une accélération incroyable, des actes des violences qui endeuillent les populations semant le désespoir ».
Le principal conférencier a aussi évoqué le nombre de tués depuis le premier trimestre 2019 établi par le rapport de la MINUSMA. « Aujourd’hui, l’insécurité a atteint un seuil intolérable qui menace la survie, voire l’existence même de notre pays », s’inquiète le président de l’URD.
Désaccords avec le gouvernement
Lors de cette rencontre avec la presse, Soumaila Cissé a tenu à clarifier la position de son regroupement politique sur l’Accord politique de gouvernance signé le 2 mai par certains partis de l’opposition, la Plateforme Ensemble pour le Mali et le gouvernement. Même s’ils ont participé à son élaboration le document final ne prenait pas en compte les préalables soulignés par le FSD. « Le document a été remplacé par un texte où était purement et simplement biffé toute la partie relative au « partage de responsabilité », révèle le principal challenger du président IBK en 2013 et 2018. Et de lever toute confusion : « le FSD n’est pas signataire de l’Accord politique de gouvernance ! ». Il souligne toutefois « que c’est à la suite du constat de graves périls planant sur la Nation et la nécessité subséquente d’une union sacrée autour du Mali que le FSD a demandé avec insistance, l’instauration d’un « dialogue national inclusif avec toutes les forces politiques et sociales significatives du Mali … »
Le deuxième sujet qui mobilise les membres du FSD est la prorogation du mandat des députés qu’ils perçoivent comme « une violation flagrante de la constitution ». Le Conseil des ministres extraordinaire du vendredi 7 juin 2019 a prorogé d’un an le mandat des députés qui prend fin le 30 juin. Pour le FSD, il s’agit là « d’une violation grave de l’Accord politique de gouvernance, mais aussi et surtout une négation des prérogatives du Dialogue politique inclusif », car le dit Accord indiquait que le programme d’action du gouvernement devait être axé autour de « l’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ». Aussi, pour l’honorable Soumaila Cissé, le constat d’absence de l’avis de la Cour constitutionnelle est cette fois-ci « symptomatique ».
Sur l’autre sujet sensible qu’est la révision de la Constitution, les membres du FSD parlent de la même voix en se référant à l’article 118 alinéa 3 de la Constitution en vigueur stipulant que « aucune procédure de la révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. » Leur demande est formelle. « Il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national. »
Mais la discorde entre le pouvoir en place et ces partis et associations de l’opposition tient sur le Dialogue national inclusif. La désignation « unilatérale » par le président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue inclusif ne trouve pas non plus l’adhésion du FSD qui estime que cette décision est contraire à « toutes les mesures d’inclusivité et de l’esprit des discussions avec le chef de file de l’opposition politique ».
Pour le président du Mouvement patriotique pour le Renouveau MPR, Choguel Kokala Maiga, « c’est au vu des graves périls qui pèsent sur notre pays, autrement dit si cette spirale continuait après ce qui s’est passé dans le courant du mois de janvier, février, mars, nous allons nous retrouver avec un Etat totalement effondré et on ne parlera plus ni de l’opposition ni de la majorité. C’est à cause de tout cela que nous avons décidé de laisser tomber tous les éléments de contestation précédente pour nous donner la main avec le chef de l’Etat et faire l’union sacrée des Maliens pour sauver le Mali », explique-t-il.
Enfin, le FSD assure que « la plus urgente mesure de sortie de crise était la tenue indispensable d’un Dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler, afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précèdent ».
Seydou Diamoutene
Source: Le 22 Septembre