Sous la présidence du ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé et le patronat ont échangé sur les perspectives d’un compromis en matière de gestion de l’administration fiscale. C’était le mercredi 6 décembre au siège du Conseil national du patronat du Mali.
Sous le thème «La politique fiscale du gouvernement: quelles réformes fiscales pour l’amélioration du climat des affaires et le développement économique du Mali», s’est tenue la 1ère édition du petit déjeuner professionnel organisé par le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm).
Dans les débats, si le conseiller fiscal, Sory Ibrahim Makanguillé, pense que les actes posés par le gouvernement du Mali en matière de gestion de l’administration fiscale sont à revoir, le ministre de l’Economie et des Finances, le Dr Boubou Cissé, de son côté, note une approche plus ou moins positive, même s’il déplore par ailleurs le taux des impôts impayés qu’il qualifie d’incivisme, soit 60%.
Premier invité de la 1ère édition de la rencontre, dénommée “petit déjeuner”, Boubou Cissé, a passé au peigne fin la politique fiscale du gouvernement avec le patronat malien. Il était, pour la circonstance, accompagné des agents de l’Etat.
A en croire le Président du Cnpm, Mamadou Sinsy Coulibaly, l’objectif de cette rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances, est de permettre aux chefs d’entreprises d’être informés des grandes lignes de la politique fiscale du Mali en 2018. De manière spécifique, il s’agira, selon lui, d’expliquer: la politique fiscale du Gouvernement; les réformes fiscales envisagées en 2018 pour améliorer davantage l’environnement des affaires.
Pour sa part, le Ministre Boubou Cissé dit avoir compris la volonté légitime du Cnpm de participer au débat budgétaire en instituant ce “petit déjeuner”. Avant d’affirmer que plusieurs initiatives ont été prises par le gouvernement dans le but d’améliorer le climat des affaires. Il s’agit, dit-il, de la simplification des procédures, de la mise en place d’une politique d’allègement de la fiscalité de l’emploi. Partant, Dr Boubou Cissé a rappelé que le code général des impôts a été revu pour voir comment gérer au mieux les contentieux fiscaux. Et que la relecture du code des investissements et du code minier est en cours.
Même s’il reconnaît que le gouvernement du Mali a une marge de manœuvre très faible par rapport à l’élaboration de la politique fiscale, Boubou Cissé estime que le défi sera les discutions qui seront ouvertes avec l’Uemoa par rapport à la réduction de 18% à 5% sur les produits localement fabriqués.
Est-il besoin de le préciser, au cours des échanges, le ministre Boubou Cissé a déploré la mauvaise volonté de plusieurs contribuables à ne pas s’acquitter de leur devoir citoyen. Pour lui, il est très difficile de faire des miracles lorsque vous disposez d’un taux des impôts impayés à hauteur de 60%. Ce qu’il faut surtout changer pour Boubou Cissé, c’est de cultiver cette mentalité de s’acquitter de ses obligations vis à vis des impôts.
Pour sa part, le conseiller fiscal, Sory Ibrahim Makanguillé, pense que l’Administration fiscale est loin d’être un modèle. Il dénonce aussi le manque d’infrastructures et de cadres valables pour arriver à une optimisation des recettes fiscales. S’y ajoute un sérieux problème d’outil de travail. «L’administration fiscale du Mali est désuète et doit être revue. Comment faire une fiscalité comparative si les conditions de travail ne sont pas réunies», s’est-il interrogé. Partant, l’expert fiscal dira qu’il faut d’abord commencer par la forme en donnant une orientation stricte au contenu des textes de loi qui définissent la politique de l’administration fiscal.
Aux termes de la rencontre, le Ministre Cissé se dit conscient de ces difficultés, mais le plus important pour lui est d’arriver à un compromis fiscal avec les opérateurs économiques. «Nous envisageons une révision générale de tous les codes (impôts, douanes, investissements) afin de les adapter au contexte économique actuel. Nous voulons l’accompagnement et l’implication de tous les acteurs économiques pour trouver un compromis fiscal pour améliorer le climat des affaires au Mali», indiquera-t-il.
Madou COULOU