Cette fois, ils ne sont pas morts noyés, mais de froid, et pour certains après avoir été secourus. Ainsi s’est terminée, lundi, la «traversée vers l’eldorado européen» pour 29 des 105 migrants partis la veille de Libye à bord d’un rafiot, finalement récupéré au sud de Lampedusa par les gardes-côtes italiens alertés par téléphone satellitaire.

Mais les vedettes des sauveteurs étaient sous-équipées, manquaient de couvertures et d’abris. Elles avaient quitté Lampedusa en urgence, les deux navires de haute mer qui auraient pu intervenir efficacement dans une mer démontée étant bloqués à Malte et en Sicile. Pour ravitaillement et changement d’équipage.

Colère

Ce nouveau drame a immédiatement ravivé en Italie la polémique sur les insuffisances de l’opération «Triton», lancée le 1er novembre dernier par l’Union européenne au terme de l’opération italienne «Mare Nostrum».

Dans une interview à La Repubblica de lundi, la syndique de Lampedusa, Giusi Nicolini ne cachait pas sa colère. «Il est peut-être vrai que (contrairement à Triton, ndlr) «Mare Nostrum» encourageait les migrants à prendre la mer, mais au moins ils arrivaient vivants».

L’amertume de Mme le maire et de ceux qui pensent comme elle s’explique simplement. En effet, c’est à la suite de la mort de plus de 400 personnes dans deux naufrages près de Lampedusa, les 3 et 10 octobre 2013, que Rome avait lancé «Mare Nostrum».

Confiée à la marine italienne, dotée de 9 millions d’euros par mois, cette opération humanitaire autorisait les navires transalpins patrouillant 24 heures sur 24 à secourir les migrants jusque dans les eaux internationales. Le «succès» fut tel (plus de 170 000 migrants ont débarqué en Italie en 2014) que Rome, écœuré par le manque de soutien de ses partenaires européens mit un terme à «Mare Nostrum» le 31 octobre dernier.

Moyens limités

Bruxelles, via l’agence Frontex, remplacera «Mare Nostrum» par «Triton». Mais surtout limitera les moyens de son «opération de surveillance des frontières», pour décourager les candidats à la traversée. C’est ainsi que les grosses unités ont été en partie remplacées par des vedettes, les moyens financiers réduits à 2,9 millions par mois et le rayon d’action limité aux eaux territoriales, soit à 30 milles des côtes.

Lundi à Genève, le HCR a précisé que 3528 migrants sont arrivés en janvier en Italie, soit 1357 de plus qu’en janvier 2014. Avec les 29 morts de lundi, le nombre des décès a déjà atteint 50 contre 12 pour la même période de l’an dernier.

Source: tdg.ch