Jamais de mémoire de Maliens une élection n’aura été aussi contestée que la récente élection présidentielle dont le second tour s’est tenu le 12 août 2018. Le processus aura été jalonné d’incohérences et d’irrégularités. Le produit fini ne pouvait connaître un sort différent. Une large frange des électeurs s’est sentie flouée et leurs votes usurpés. Le forcing pour consacrer dans le droit une voie de fait ne réussira à faire oublier cette tache indélébile laissée sur le linceul immaculé des martyrs de mars 1991.
Un président mal élu, qui s’est aliéné au moins la moitié des électeurs, qui, au lieu de chercher à apaiser la situation, use de l’arrogance accusant son adversaire de se bercer d’illusions, d’user de jérémiades et d’abuser des marches, ne prépare pas le terrain pour une gouvernance apaisée. Il doit s’attendre à des soubresauts sur tout le parcours, car son attitude ne fera qu’accentuer la défiance des masses vis-à-vis de sa personne. Tant qu’une attitude de responsabilité, d’humilité et d’empathie ne sera pas adoptée, le rejet et la fracture croîtra. Tout ce qui est décrit ci-dessus n’est que l’épiphénomène qui ne doit pas nous détourner des réalités de la gouvernance prédatrice que l’on a vécues au cours des cinq dernières années.
Ce sont :
1- La POLARISATION extrême, la fracture entre communautés, entre régions, entre acteurs politiques, entre jeunes et, plus récemment, entre religieux, entre artistes, et entre hommes et femmes de caste, fracture cyniquement entretenue au nom du principe du “diviser pour régner” ;
2- L’EXCLUSION d’un large segment des enfants de la Nation de tout ce qui concerne la gestion des affaires de l’Etat parce que leur fidélité et leur loyauté au clan ne sont pas prouvées, parce qu’ils sont proches d’un opposant…
3- L’absence de DIRECTION STRATEGIQUE pour le pays. Cela résulte de l’absence de VISION.
4- La MAL GOUVERNANCE des potentialités du pays en termes de ressources financières, de ressources humaines, en matière économique, de gestion administrative, de gouvernance de la justice. C’est le principe du “CLAN ou la Mort, nous vaincrons”. La prise en charge, de BONNE FOI, de toutes ces tares provoquées permettrait de faire évoluer le mieux- être du Malien. La question reste de savoir : allons-nous tendre vers la résorption de ces tares ou allons-nous continuer avec l’attitude de fuite en avant ou la politique de l’autruche. L’attitude du peuple dans le premier cas sera l’accompagnement à défaut d’obtenir l’adhésion. Dans le deuxième cas ce sera plus de défiance et de fracture. À bon entendeur, salut.
Tignèfò
Source: Le Reporter