Si la clé de répartition des gains est théoriquement de 70% pour les parieurs, 20% pour la société (dont 3,5% aux revendeurs et 17% aux actionnaires ainsi qu’au PMU-Mali) et 10% pour le Trésor public, la société s’abstient cependant à livrer le montant total à distribuer. Là commence le mystère.
Le PMU repose sur un principe simple: celui de la mutualisation. Ce qui signifie que les parieurs jouent les uns contre les autres et se partagent les gains une fois effectués les prélèvements légaux prévus par l’organisateur du jeu. C’est l’article 18 du décret N°94-273 /P.RM Fixant le Règlement du Pari Mutuel Urbain qui stipule ceci:«Les calculs de répartition sont effectués après regroupement de la totalité des paris… Et les rapports bruts sont déterminés par la répartition des enjeux centralisés, après déduction des prélèvements légaux… et le reste est redistribué aux parieurs gagnants».
En clair, le PMU n’a aucun intérêt propre dans les résultats des courses, et les enjeux sont répartis entre les parieurs gagnants après déduction des prélèvements légaux revenant à l’État, aux actionnaires, au PMU. A cela s’ajoutent le paiement des revendeurs et celui des gains aux parieurs, la fabrication du ticket PMU, et le Programme officiel du PMU dite gratuite.
Soit disant en passant, les prélèvements sur les paris engagés ne peuvent, en France, dépasser 32% du montant des enjeux. Ils sont répartis en grande partie au financement des frais de fonctionnement des Sociétés de Courses, à l’entretien des hippodromes et le développement de la filière Cheval.En tout état de cause, la société prélève sa part avant toute répartition. Il ne perd jamais. La société s’applique donc à attirer le maximum de parieurs étant entendu que plus les joueurs gagnent, plus ils ont tendance à jouer et à miser davantage et plus le PMU gagne. Alors messieurs et mesdames les décideurs du PMU Mali, Sachez que Le PMU a tout intérêt à ce que beaucoup de joueurs gagnent.
Au Mali, c’est malheureusement la diminution des nombres de parieurs qui inquiète. Un phénomène intimement lié au déficit de confiance entre le PMU et les parieurs. Le prémier a cette manie de changer les règles du jeu quand il le désire et surtout à dissimuler les informations pourtant d’ordre public. Cette tendance est perceptible dansle processus de partage des ressources. Tenez par exemple : la clé de répartition des gains est la suivante : 70% pour les parieurs, 20% pour la société (dont 3,5% pour les revendeurs et 17% pour les actionnaires et le PMU-Mali), 10% pour le Trésor public.
Il est déduit de la part revenant aux parieurs :
– le coût de fabrication des tickets et du programme officiel (on remarquera que ce montant n’est donné en pourcentage. Pourquoi donc?); et une provision de 1% pour le paiement des tickets payables émis lors du traitement.
Dans la mesure où la provision est faite de façon habituelle et continue, quelle est l’utilisation réservée au fonds restant après paiement, c’est à dire après avoir payé tous les tickets? Et que deviennent les tickets gagnants non réclamés par leurs bénéficières légitimes ? Mystère ! Boule de gomme !
Par ailleurs, cette autre tendance au PMU-Mali consiste à donner seulement les chiffres bruts ainsi que le nombre de gagnants on omettant volonlairement de livrer la moindre indication sur la masse à partage. Une pratique désormais en vigueur et datant de l’époque du PDG Haïadara. Cette «omission» a juste pour but d’empêcher les curieux de fouiner dans les affaires de la boîte et de connaître les destinations et bénéficiaires de certaines ressources. Selon des indiscrétions, beaucoup de financements occultes de sociétés et même de politiques trouvent là leurs origines.
Violation de l’Acte Uniforme de l’OHADA
Nous rappelons dans notre précedente livraison («La Sentinelle» 095 du Jeudi 19 Février) que l’L’Assemblée générale (AG) du 4 août 1994, qui s’est réunie le même jour que l’Assemblée générale constitutive de la société, a donné le droit aux actionnaires de percevoir tous les trimestres, 5% du chiffre d’affaires. Ce montant versé aux actionnaires est devenus une charge fixe et non un acompte sur dividendes, c’est-a dire (Paiement partiel à valoir sur une somme due) sans tenir compte du résultat comptable de l’exercice en contradiction de l’article 346 des textes de l’OHADA. Il s’agit de l’Acte uniforme relatif au droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique, Acte adopté le 17 avril 1997 et paru au JO OHADA n°2 du 1er octobre 1997 dont extrait : Art.346.- « La répartition des bénéfices s’effectue conformément aux statuts, sous réserve des dispositions impératives communes à toutes les sociétés. A peine de nullité de toute délibération contraire, ilest pratiqué sur le bénéfice de l’exercice diminué, le cas échéant, des pertes antérieures, une dotation égale à un dixième au moins affectée à la formationd’un fonds de réserve dit « réserve légale ». Cette dotation cesse d’être obligatoire lorsque la réserve atteint le cinquième du montant du capital social. La répétition des dividendes ne correspondant pas à des bénéfices réellement acquis, peut être exigée des associés qui les ont reçus. … ».
En clair, si le PMU ne veut pas diminuer ses prélèvements, les actionnaires eux, perçoivent illégalement des intérêts aux détriments des mutualistes, c’est t – à dire les parieurs en violation de cet acte de l’OHADA. Le même texte donne cependant à la société PMU et/au parieur, le droit de reclamer le remboursement intégral des montants illégalement perçus par les actionnaires dont l’Etat possédant 75 % des parts (nous reviendrons sur cet aspect).
En définitive, la nouvelle direction du PMU doit revoir sa copie par rapport au prélèvement. Ce n’est pas trahir un secret que de dire que le PMU doit son ascension et son succès grâce aux mises de ses petits paris et non des gros parieurs. La masse à partager entre les parieurs gagnants doit être revue à la hausse surtout lorsqu’il y a beaucoup de gagnants. C’est un moyen sûr de fidéliser un plus grand nombre de parieurs et d’augmenter les dividendes. Malheureusement et à l’heure actuelle, c’est une minorité (gros parieurs et actionnaires) qui touche le jackpot.
A suivre…
Issiaka COULIBALY
Source: LA SENTINELLE