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Plus d’un milliard de francs CFA d’irrégularités financières à l’Aéroport du Mali (ADM): Le Chef d’État Major de l’Armée de l’Air le Gal. Daouda Dembélé ; le Directeur Commercial Mamadou Camara et le Directeur Financier Comptable Boubacar Mallé, épinglé

Mis en veilleuse, au moment de sa nomination le 24 mars 2019 au poste de Chef d’État major de l’Armée de l’Air, le dossier sur la mauvaise gestion à l’Aéroport du Mali (ADM) qui a occasionné des irrégularités financières de 1,6 milliard de francs CFA (1 606 819 334F) dans la caisse, pendant les exercices 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017 (3ème trimestre) sera, désormais remis au goût du jour. Élaboré par des experts, chargés de faire toute la lumière sur la gestion calamiteuse de ces fonds, ce dossier épingle, l’officier supérieur Daouda Dembélé, PDG par intérim des Aéroports du Mali, à l’époque des faits. Mais aussi, ses complices.

À l’issue de leurs investigations, les enquêteurs sont tombés, à leur corps défendant, sur des zones d’ombre dans la gestion de ces 1,6 milliard de francs CFA.

Depuis qu’il a été rendu public, le dossier sur la gestion scabreuse des Aéroports du Mali (ADM) pendant les exercices 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017 (3ème trimestre) ne cessent de défrayer la chronique. Au juste, de qui et de quoi s’agit-il ? Voici synthétisé ledit dossier dont nous vous proposons la substantifique moelle qui est des plus édifiantes.

Les ADM du Mali gérés comme une épicerie

Créé par l’Ordonnance n°29/CMLN du 06 juillet 1970, l’Aéroport du Mali est un Établissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Pendant cinq ans (périodes 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017), les Aéroports du Mali ont subis sous le PDG par intérim, M. Daouda Dembélé,  colonel de l’Armée de l’Air, à l’époque des faits, un pilotage à vue et une gestion comparable à celle d’une épicerie.

Sous le colonel Daouda Dembélé, qui a été nommé PDG par intérim des ADM en 2012 et révoqué le 3 avril 2017, la Direction Commerciale des ADM, piloté de bout en bout, par M. Mamadou Camara, n’a pas appliqué les procédures de suivi et de recouvrement des créances clients. En effet, de 2013 à 2017, des clients sont restés avec des créances importantes impayées sans être relancés et sans que leurs dossiers ne soient transmis au service juridique et contentieux pour une procédure en contentieux. En outre, elle n’a ni élaboré les visites annuelles ni les fréquences de visites clientèles. De plus, elle ne produit pas systématiquement les rapports de recouvrement.

Avec la gouvernance du PDG par intérim, M. Daouda Dembélé, les Aéroports du Mali se sont permis de ne pas appliquer les procédures de suivi et de recouvrement de créances conformément aux dispositions du manuel de procédures des ADM.

Ainsi, la Direction administrative du service a évolué dans le non respect des dispositions du Manuel de procédures relatives à la publication des avis d’appel d’offres ainsi que les dispositions du code des marchés publics, en vigueur, relatives à la mise en concurrence des fournisseurs.

Et comme par enchantement, de 2013 à 2017, les ADM n’ont pas établi les contrats conformément à la réglementation en vigueur. C’est ainsi que la violation des dispositions du Code des Marchés publics relatives aux achats par contrat simplifiés, n’a pas été de nature à tempérer les curiosités. Du coup, le sport favori des responsables de l’ADM a été, entre autres, le non respect des dispositions du Manuel de procédures relatives au seuil des dépenses à payer par caisse et des dispositions du Manuel de procédures en ce qui concerne la tenue de la caisse.

Entre magouilles et embrouilles

Des PDG des ADM ont signé des procès-verbaux (PV) de passation de service contenant des informations erronées. En effet, le PV de passation du 16 mai 2017 intervenu entre le PDG par intérim sortant, le colonel Daouda Dembélé, aujourd’hui bombardé général de brigade et non moins Chef d’État major de l’Armée de l’Air et la DGA, feu Mme Faye Oumou Dème, PDG par intérim entrant à l’époque des faits, et signé par les Inspecteurs de l’Inspection de l’Équipement et des Transports et ceux de l’Inspection des Finances, indique que le solde du compte clients fourni par la Direction commerciale est de 423,03 millions de FCFA. Le solde du compte client à la date du 16 mai 2017, reconstitué par les enquêtes, s’élève à 1,04 milliard de FCFA au lieu de 423,03 millions de FCFA, soit un écart de 612,78 millions de FCFA.

En outre, un second PV de passation, en date du 4 octobre 2017, signé par Mme le PDG par intérim entrant, les Inspecteurs de l’Inspection de l’Équipement et des Transports et ceux de l’Inspection des Finances, indique que le solde des créances clients – différence entre les montants facturés et les montants payés- au 26 septembre 2017 est de 1,24 milliard de FCFA. Par contre, ce solde du 26 septembre 2017, reconstitué par la mission d’enquête sur la base des pièces de règlement et des factures, est de 1,34 milliard de FCFA, soit un écart de 98,32 millions de FCFA. Le montant total des écarts ressortis des PV s’élève à 711,10 millions de FCFA.

Au même moment, l’inscription de soldes erronés des créances clients des ADM met en cause la fiabilité des informations provenant de la Direction commerciale.

Le Directeur Commercial de l’Aéroport du Mali, le sieur Mamadou Camara, n’a pas facturé et recouvré l’exhaustivité des créances clients. En effet, le montant de la créance du client MATRIX au niveau de la comptabilité des ADM et du service client est de 336,66 millions de FCFA au 30 septembre 2017. Après reconstitution par les auditeurs, sur la base des conventions et des échéances non facturées, le montant réel de la créance de MATRIX s’est élevé à 891,66 millions de FCFA, soit un écart non facturé de 555 millions de FCFA.  De plus, le Directeur commercial, Mamadou Camara, n’a pas facturé en 2017 d’autres clients pour un montant total de 27,37 millions de FCFA.

Par ailleurs, le client Mali Air Express (MAE) a reconnu, par lettre du 22 février 2013, une créance due à l’ADM de 75,51 millions. Ladite créance a fait l’objet d’une facilité de remboursement le 12 mars 2013. Cependant, de cette date au 30 septembre 2017, MAE n’a effectué aucun remboursement. Or, le montant des créances dues par MAE, dans la comptabilité des ADM, s’élève à 59,98 millions de FCFA, au lieu de 75,51 millions. L’écart ainsi non comptabilisé est de 15,52 millions de FCFA. Le montant total des recettes non perçues sur des prestations fournies par l’Aéroport du Mali est de 597,90 millions de FCFA.

Plus grave, le Directeur Administratif a procédé à des fractionnements de dépenses. Il a choisi le même fournisseur pour des achats de même nature dont le montant dépasse le seuil des achats par appel d’offres ouvert. Ces dépenses fractionnées s’élèvent à 53,22 millions de FCFA pour 2015, à 56,64 millions de FCFA pour 2016 et à 37,76 millions de FCFA pour la période allant de janvier à septembre 2017. Le montant total des dépenses concernées par le fractionnement est de 147,62 millions de FCFA au profit du même fournisseur.

Par ailleurs, le PDG par intérim de l’ADM, M. Daouda Dembélé a conclu, le 31 juillet 2015, sans appel à concurrence, un contrat avec ce fournisseur sans limitation de quantité ou de prix. Le PDG Dembélé des ADM et le Directeur Financier et Comptable, Monsieur Boubacar Mallé (nommé en violation de tous les textes de la République par Arrêté interministériel N°2010-2445/MEF/MET-SG du 06 août 2010 et installé avec la bénédiction de l’ancien Ministre des Transport, le Gl KOUMARE en avril 2013), ont payé des primes indues. Ils ont payé, au Cabinet de conseil fiscal SIAKA TRAORE, des primes de rendement sur la base d’un taux de 10% alors que ce taux est de 5% dans les contrats de prestation en cas de réductions obtenues sur les redressements. Pourquoi cette pratique ? Seuls les deux responsables pourront répondre. Du moins à l’heure actuelle.

Ainsi, le montant indûment payé, pendant la période sous revue, se chiffre à 60,89 millions de FCFA. Le Directeur commercial, Mamadou Camara, n’a pas fourni des souches de carnets de recettes utilisés. En effet, il n’a pas pu mettre à la disposition des enquêteurs les souches de deux carnets de recettes sortis pour la collecte des recettes. Ainsi, les recettes collectées sur la base de ces deux carnets ne peuvent être reconstituées.

Un scandale obscur

Au tant de situations pour les moins accablantes que la justice s’apprête à sortir du placard. À en croire nos sources, généralement, bien informées, il s’agira pour la justice de faire toute la lumière sur la gestion du Gal. Daouda Dembélé, PDG par intérim des Aéroports du Mali, à l’époque des faits. Une gestion en proie à l’opacité.

Élaboré, par des Experts en matière de contrôles financiers, ce dossier épingle plusieurs cadres des ADM, dont le Directeur commercial, Mamadou Camara ; le Directeur financier et comptable M. Boubacar Mallé et l’officier supérieur Daouda Dembélé, PDG par intérim des ADM, au moment des faits. Et aujourd’hui, bombardé Gal. et Chef d’État major de l’Armée de l’Air.

À en croire nos sources, le Gal. Daouda Dembélé, PDG par intérim des ADM se seraient beurré au passage du magot. Si ces accusations s’avèrent fondées, elles risquent de sonner le glas du maintien du Gal. Daouda Dembélé, aujourd’hui, à la tête de l’État major de l’Armée de l’Air. Avant  d’envoyer ces complices en prison. Ou, à tout le moins d’entacher leurs crédibilités.

En 2017, notre confrère ‘’L’Enquêteur titrait à la une : « Aéroports du Mali au bord du gouffre: l’ex PDG et le Directeur commercial bientôt interpellés ». Il ne croyait pas si bien dire. Il s’agissait, en réalité, de la mauvaise gestion à ciel ouvert du PDG par intérim, le colonel Daouda Dembélé, aujourd’hui Gal de brigade, au sein de cette représentation qui venait d’être nommé Directeur du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro.

Plus grave, lors de sa gestion, les caisses de l’ADM auraient coulé comme le Djoliba dans son lit. À coup de milliard.  Il s’agit, notamment de  1,6 milliard FCFA (1 606 689 334F)  « d’irrégularités financières». Grosso modo, les enquêteurs, indiquent que, la gestion du colonel Daouda Dembélé, ex-PDG par intérim des Aéroport du Mali, promu au grade de général et actuel Chef d’État major de l’Armée de l’Air, n’a pas été transparente, encore moins libre. D’où leur engagement à tirer les choses au clair.

En attendant, l’ancien PDG par intérim des ADM et non moins Chef d’État major de l’Armée de l’Air, le Gal. Daouda Dembélé, risquent gros. Très gros. Ses complices aussi. Accablant.

Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

Cyrille Coulibaly

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