Des Burundais fuient leur pays, en proie à des violences depuis l’annonce samedi par le parti au pouvoir (CNDD-FDD) de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Cinq mille d’entre eux ont franchi la frontière avec le Rwanda au cours du week-end, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). « C’est un saut significatif », a indiqué une porte-parole du HCR, Ariane Rummery, lors d’un point de presse à Genève. Les réfugiés arrivant au Rwanda disent avoir été intimidés et menacés en raison de leur appartenance à l’opposition.
Depuis début avril, environ 21 000 Burundais, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui au Rwanda, a ajouté Mme Rummery, citant des chiffres du gouvernement rwandais. Certains réfugiés burundais préfèrent se rendre en République démocratique du Congo (RDC). Ainsi, plus de 3 800 Burundais, provenant essentiellement de la préfecture de Cibitoke, ont fui en avril vers la province du Sud-Kivu en RDC, selon le HCR.
poursuite des manifestations
Les opposants à M. Nkurunziza, chef de l’Etat depuis 2005, ont promis de poursuivre mardi les manifestations de protestation à Bujumbura, interdites et violemment réprimées par la police depuis dimanche. Le HCR craint que les violences continuent. Selon une autre porte-parole du HCR, Karin de Gruijl, le gouvernement du Rwanda s’attend à ce que le nombre de réfugiés venant du Burundi atteigne au total 50 000 personnes. En prévision de cet afflux, le Rwanda a ouvert un nouveau centre de réfugiés à Mahama.
A la tête de l’Etat depuis 2005, et après avoir été réélu en 2010, Pierre Nkurunziza, 51 ans, s’apprête à briguer un troisième mandat. Il a été désigné samedi par son parti, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), candidat à l’élection présidentielle du 26 juin. Le président ne « reculera pas » devant ceux qui tentent de le faire renoncer à briguer ce nouveau mandat, a affirmé à l’AFP son conseiller en communication, Willy Nyamitwe, en reprochant aux manifestants de refuser le « processus démocratique ».
L’opposition et de nombreux pans de la société civile jugent qu’un troisième mandat serait inconstitutionnel et contraire aux accords d’Arusha, qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006).
Source: lemonde.fr