Le monde entier inquiet avant et pendant les élections a découvert une autre facette de ce grand peuple uni face au défi, et tolérant dans l’adversité avec comme bouquet final ce grand geste de noblesse empreint de dignité du candidat Soumaïla Cissé venu avec toute sa famille au domicile du candidat Ibrahim Boubacar Keïta et le féliciter pour sa brillante élection. J’ai vu ce jour beaucoup de larmes sous l’effet de l’émotion. Le Mali venait de loin, de très loin. ATT le retour : s’inscrit dans cette dynamique de réconciliation, de noblesse et d’exemple que le Président de la République parachèvera j’en suis sûr en envoyant chercher son frère Cadet et remercier les autorités sénégalaises pour leur hospitalité à son endroit, avec tous les égards dus à son rang.
Je suis malien de souche, de pensée, de cœur et fier de l’être, comme tous ces anonymes habités par un amour viscéral pour leur pays qui aujourd’hui analysent et s’interrogent sur ce qui s’est passé.
Même si la menace est momentanément écartée, elle demeure omniprésente par une internationalisation du djihadisme et nous incite à la vigilance où le maître mot est : S’unir ou périr.
Le Mali est sorti d’une longue nuit noire et une aube nouvelle de notre histoire commence, nous interpelle et met à contribution chacun de nous, nouveaux Dirigeants, Jeunes et Vieux afin de restaurer la confiance, renforcer l’unité mais surtout réconcilier notre foi dans le devenir de notre pays et celui de tous ses fils.
A vous les nouveaux dirigeants que la providence et le destin ont choisis, vous devez observer un comportement irréprochable pour que vous soyez un modèle à imiter, d’une intégrité à toute épreuve et d’un sens élevé du sacrifice et du don de soi.
A vous les Jeunes : fer de lance de toute bataille économique, sociale et culturelle. Vos hauts faits en 1991 sont inscrits en lettre d’or dans l’histoire de notre pays qui vous honore, où détermination et amour de la patrie ont été vos leitmotivs et ne demandent qu’à être perpétués pour optimiser notre chance de développement économique et social.
A nous les Vieux : creuset de sagesse au crépuscule de notre vie devront livrer ce qui peut être considérer comme notre dernière bataille ; un pays réconcilié, apaisé, avec la confiance restaurée entre nos fils et petits-fils, par nos avis et conseils avisés basés sur la vérité. Oui la vérité qui n’a ni frontière ni culture parce qu’elle est la culture et offrir aussi un cadre propice à nos nouveaux dirigeants pour entreprendre avec la célérité et la sérénité requises leur tâche de développement au seul bénéfice du peuple malien.
Quant à moi l’énoncé de ma modeste contribution s’inscrit dans ce cadre et la répétition étant pédagogique je rappelle deux (02) parties de ma lettre ouverte à la jeunesse après l’élection démocratique et transparente du nouveau Président.
Je disais ce qui suit (citation des deux (02) parties) : « Pendant vingt et un (21) ans de dictature militaire, le peuple vivait dans la misère absolue, la souffrance et la résignation à tel point que les vieux se demandaient s’il existait encore des hommes au mali. La fierté et la dignité socle culturel de notre grand peuple cédaient la place à la fatalité.
Alors la jeunesse fer de lance de tout un peuple descendit dans la rue et s’offraient en agneau de sacrifice afin que renaisse le Mali. Elle n’avait comme bouclier face aux balles meurtrières que son cri de (vive la liberté) ». Trois cent (300) morts sur les artères rougies de sang avec toutes ces mères affolées hurlant de douleur, le corps ensanglanté de leur enfant dans les bras. Horreur et terreur se conjuguaient au quotidien. Le Mali est un pays de tolérance et de pardon et l’auteur de toutes ces exactions vit aujourd’hui libre à Bamako pour avoir été destitué au mois de Mars 1991 par un homme pétrie de vaillance, de courage et d’amour pour sa patrie en mettant fin à vingt et un (21) ans de misère , de souffrance et d’obscurantisme. La joie et la tristesse sont les paramètres de tout acte posé. Cette nuit jamais la joie et l’allégresse n’atteignirent un tel paroxysme. Les vieux et les vieilles esquissaient de pas de danse sur leurs jambes frêles usées par les ans au rythme endiablé des tam-tams. Si on vivait au temps de légende de nos ancêtres, on aurait dit que cette nuit-là les anges habillés d’un blanc immaculé dansaient dans le ciel limpide et étoilé et le bruissement des feuilles des arbres sous l’effet du vent ressemblaient à des chants à la gloire du héros.
Dans toutes les villes et villages un seul cri, un seul mot : ATT. Nom transformé en chanson « ATT tu es nous, nous sommes ATT ». En vérité peu de personnes n’ont pas eu à fredonner cette chanson de la jeunesse. Comme promis dans sa première déclaration il rendit le pouvoir aux civils après un an d’exercice du pouvoir par des élections libres, démocratiques et transparentes. Il partit ainsi anonyme habillé du manteau royal de dignité, du respect de la parole donnée.
La vérité n’a ni frontière, ni culture
Avec l’honnêteté qui sied force est de reconnaître que la démocratie, celle que nous vivons a commencé par le respect de la parole donnée de ATT au peuple malien. Elu démocratiquement, le Président Alpha Oumar KONARE a eu le mérite de vulgariser la démocratie, et de l’enraciner dans le vécu quotidien du peuple.
Elle a ensuite été développée et renforcée par ATT à telle enseigne que malgré son grand retard dans ce domaine, le Mali figurait parmi les quatre (04) pays les plus démocratiques du Continent, constat confirmé par les organisations internationales pour la grande fierté des maliens notamment ceux de la diaspora.
La vérité n’a ni frontière, ni culture, elle est la culture.
Les enjeux de ma modeste contribution sont de vérité, d’analyse et de témoignage.
La crise libyenne a été le détonateur de celle du mali, qui faut-il le souligner n’a pas de frontière avec la Libye. La débâcle de l’armée libyenne rendit poreuse nos frontières avec l’Algérie et le Niger et facilita l’infiltration djihadiste.
Trois (03) faits m’interpellent que ma conscience de malien imbu des valeurs de vérité et de dignité ne saurait taire.
– Le premier : (la raison du coup d’état) militaire qui a déposé le Président en exercice alors en pleine préparation des élections à venir et à quarante-cinq (45) jours de la fin de son mandat – sous le prétexte de l’incapacité à trouver des solutions aux problèmes du nord. Des affrontements et la confusion née de ce coup d’état créèrent un terreau fertile qui précipita l’invasion djihadiste, hypothéquant du coup une partie de la souveraineté du pays à travers toutes ses institutions.
– Le deuxième : ce sont toutes ces longues files d’attente de jeunes sans formation, blessés dans leur amour propre et leur dignité se portant volontaires pour monter au front prouvant ainsi que leur témérité et leur détermination n’avaient d’égal que leur amour pour la patrie, pendant que les auteurs du coup d’état ont vite oublié les motivations de leur acte refusant d’aller bouter les djihadistes hors du pays et se complaisaient dans des sempiternels reproches bloquant toutes les initiatives de la CEDEAO notre organisation commune.
– Le Troisième : c’est la passivité de la quasi-totalité des hommes politiques qui n’ont pas su sauver la démocratie, quand on se souvient qu’en 1991 face au pouvoir dictatorial d’alors, les jeunes, les démocrates, les étudiants, débout comme un seul homme ont attaqué les chars et le BRDM depuis le 20 Janvier jusqu’au 26 Mars où ATT par un acte sublime de courage et de vaillance mit fin à ce régime pour le plus grand bonheur du peuple malien. L’attitude équivoque des politiques m’amène à paraphraser un illustre penseur qui disait : « le mal triomphe par l’inaction des hommes de bien ».
Quant à moi je dis toujours et toujours que la vérité n’a ni frontière, ni culture, elle est la culture.
Dans un monde globalisé les informations circulent et sont disponibles à tout moment et partout.
Après un bombardement intensif et systématique par des chars, véhicules blindés et autres mitrailleuses lourdes que ATT a été contraint avec sa famille de quitter le Palais grâce à l’appui des militaires bérets rouges et bérets verts. Il n’a pas été arrêté par les putschistes.
Il est resté dix huit (18) jours dans les environs de Bamako dans un village malien et non dans une ambassade étrangère. C’est au terme des dix huit (18) jours que ATT est rentré à Bamako. Il déposa alors sa lettre de démission auprès de la Cour Constitutionnelle qui en a pris acte et investit le Président de l’Assemblée Nationale Dioncounda TRAORE comme Président de la République par intérim. ATT a refusé tout affrontement militaire pour se maintenir au pouvoir où il ne restait que quinze (15) jours, pour l’ouverture de la campagne électorale des Présidentielles et du Référendum.
Silence de retenue et de dignité
Dans le souci d’avoir un climat apaisé, que les Facilitateurs et la CEDEAO lui suggérèrent de quitter le Mali. C’est alors que le Sénégal, pays de la téranga terre d’hospitalité et de solidarité vint le chercher à Bamako avec l’avion Présidentiel et à son bord le ministre des affaires étrangères. A son arrivée, il fut logé à la résidence des hôtes. Depuis ses douloureux événements ATT n’a jamais fait de déclaration de quelque nature que ce soit se confinant dans un silence de retenue et de dignité.
Je souhaite que ma modeste contribution ne soit pas interprétée comme un plaidoyer pour ATT, mais plutôt un plaidoyer pour la paix des cœurs et la réconciliation tant il est vrai que le destin et la providence ont fait de lui un homme inoubliable dans l’histoire de notre pays.
Cette modeste contribution se veut également être un cadre propice à l’apaisement, au rassemblement et à la réconciliation, toutes ces vertus plus dignes de nous et plus puissantes que la haine, les récriminations et la colère.
Le monde entier inquiet avant et pendant les élections a découvert une autre facette de ce grand peuple uni face au défi, et tolérant dans l’adversité avec comme bouquet final ce grand geste de noblesse empreint de dignité du candidat Soumaïla Cissé venu avec toute sa famille au domicile du candidat Ibrahim Boubacar Keïta et le féliciter pour sa brillante élection. J’ai vu ce jour beaucoup de larmes sous l’effet de l’émotion. Le Mali venait de loin, de très loin.
ATT le retour : s’inscrit dans cette dynamique de réconciliation, de noblesse et d’exemple que le Président de la République parachèvera j’en suis sûr en envoyant chercher son frère Cadet et remercier les autorités sénégalaises pour leur hospitalité à son endroit, avec tous les égards dus à son rang.
Ce sera encore une fois la preuve qu’il est le Président qu’il faut et qui aura marqué de son sceau par ce geste sublime l’histoire de notre pays.
Les grands peuples sont à l’image de leurs Chefs et les grands Chefs sont à l’image de la grandeur de leurs actes.
Que Dieu protège et bénisse le Mali.
Fousseyni DIARRA
Pilote Commandant de bord à la retraite
A Fass Mbao – Dakar/Sénégal
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