Le spectacle n’est pas insolite sous nos cieux. Il n’est même pas très rare. Mais les scandales impliquant les gros porteurs n’indignent plus grand monde à Bamako. Que n’a-t-on pas dit et écrit sur l’insécurité que font régner ces mastodontes dans la capitale ? Ils circulent à des heures auxquelles ils ne sont pas autorisés, empruntent des itinéraires qui leurs sont interdits, prennent des chargements dont le volume dépasse toutes les normes, leur système de freinage est peu fiable. Et tout cela se fait au vu et au su des services chargés de la répression de telles infractions.
Il y a quelques années, un de ces mastodontes avait fait s’écrouler la passerelle pour piétons en construction à Sogoniko sur l’avenue de l’OUA. Il avait tenté de passer sous l’ouvrage alors que le volume de sa cargaison ne le permettait pas. « Le bélier abat la passerelle de Sogoniko », avait alors titré le Quotidien national L’Essor, relatant l’accident.
Un scénario similaire s’est reproduit dans la nuit de mercredi à jeudi avec de nouveau un camion mais cette fois au niveau du deuxième échangeur du Quartier-Mali, dans la direction de l’aéroport de Bamako-Sénou.
Le gros porteur immatriculé en Guinée, chargé de marchandises, s’est encastré sous l’échangeur construit à l’amorce de la côte de Sabalibougou. La situation du camion est passablement compliquée car la première moitié de la remorque avait pu passer. Quels mauvais calculs ont tourbillonné dans la tête du conducteur pour se risquer avec une telle charge sous un échangeur dont la hauteur est clairement indiquée par une plaque ? Allez savoir !
Cet énième accident impliquant un gros porteur pose à nouveau le problème de leur circulation dans une capitale où la colère et l’indignation le disputent à un sentiment de lassitude dans la population. Mais il y a-t-il encore une autorité qui s’en préoccupe ?

source : L’ Essor