Depuis qu’ils ont été défenestrés de leurs postes de responsabilités au sein de la Pharmacie populaire du Mali (Ppm) suite à de graves fautes de gestion, des cadres de cette structure qui se trouvent être en même temps les responsables syndicaux, ont mis à prix la tête du Pdg et cherchent des prétextes pour engager le personnel dans un bras de fer dans des mouvements d’humeur qui cachent mal leur désir de régler des comptes personnels avec leur patron.
Après avoir engagé le personnel dans une grève de quelques jours sans issue, le comité syndical de la Pharmacie populaire du Mali veut remettre cela les 09 et 11 mai 2018. Encore que cette grève, si elle est maintenue, est déjà partie pour être illégale, dans la mesure où le préavis daté du 24 avril dernier, au lieu d’être adressé au ministre de la Fonction publique et du Travail, a été déposé au ministère de la Santé et de l’hygiène publique. Ce qui dénote déjà d’un manque de culture syndicale notoire.
Le prétexte tout trouvé pour tenter de mobiliser le personnel a été le refus par le Pdg de signer une décision préparée et soumise à son approbation, notamment pour l’engager à prendre en charge 11 membres du personnel pour le pèlerinage à la Mecque de l’année 2018. “A titre exceptionnel, les agents dont les noms suivent, admis à faire valoir leurs droits à la retraite à compter du 31 décembre 2018, bénéficient de la prise en charge du pèlerinage 2018 par la filière gouvernementale” lit-on à l’article 1 dudit projet de décision.
Une chose est sûre : le personnel est en train d’inciter une réflexion importante chez les populations car si la Ppm doit être aussi liquide pour faire l’objet d’une tontine à ciel ouvert au profit du personnel, comme le souhaitent les syndicalistes, il y a de quoi se révolter et exiger la baisse du coût des médicaments fournis par la Ppm aux hôpitaux pour que cela soit répercuté sur le prix d’acquisition par les populations. Il semble bien que la perte de situations de rente confortables aurait ôté le sang-froid à des cadres qui tentent de manipuler le syndicat pour espérer faire rapidement partir le Pdg pour faire ensuite main-basse sur les ressources de cette structure.
En effet, au moment où l’actuel Pdg, le Docteur Sanogo, prenait service, après avoir été retenu suite à un appel à candidatures où il y avait plus de 40 prétendants, il a trouvé une situation financière des plus délicates, avec notamment près de 4 milliards de Fcfa de dettes bancaires et 7,5 milliards de Fcfa de dettes aux fournisseurs. Une situation qui n’a pourtant jamais poussé le personnel à mener une quelconque action contre l’ex Pdg pour demander une amélioration de la situation managériale de la Ppm. Parce que, tout simplement, ceux qui s’agitent aujourd’hui avaient trouvé à boire et à manger à travers des circuits tortueux qui jurent d’avec l’orthodoxie de la gestion financière de cet établissement public.
Maintenant qu’ils ont perdu ces privilèges, notamment suite aux audits commandités par le Dr Sanogo et la mise en application d’un manuel de procédures, ils adoptent une situation va-t-en-guerre pour espérer se venger de lui, parce qu’qui les empêche désormais de brouter dans la verte prairie du fonds social, dont l’audit a conduit à une procédure devant le Pôle économique et financier du tribunal de la commune III de Bamako, où sont en train de défiler les principaux semeurs de troubles.
Mais le personnel incrédule, ne se laisse pas embarquer et a opposé une fin de non-recevoir aux démarches aventurières de leurs responsables syndicaux, comme en témoigne le boycott de l’assemblée générale d’il y a quelques jours dans la cour de l’Etablissement. En effet, après une quinzaine de minutes sans voir le personnel sortir des bureaux, les initiateurs se sont empressés de ranger micros et autres matériels pour filer à l’anglaise.
Le personnel n’est pas du tout content car cette attitude cavalière de trois tondus et deux pelés a amené le Pdg à surseoir momentanément à la signature d’un état financier devant les gratifier, chacun, de 50% du salaire.
Du côté du syndicat national de la Santé affilié à l’Untm aussi, on est conscient des tentatives de manipulation de la part des responsables du comité syndical de la Ppm pour exiger que, désormais, le syndicat national de la santé affilié à l’Untm soit associé aux rencontres du comité syndical de la Ppm avec le département de tutelle, à savoir le ministère de la Santé. Ce qui fut fait la semaine dernière et cela a malheureusement mal tourné pour les syndicalistes de la Ppm qui ont étalé devant leurs collègues qu’ils en ont encore des choses à apprendre en matière syndicale.
S’y ajoute que ce comité syndical qui prétend parler au nom des travailleurs de la Ppm n’avait qu’un mandat provisoire de six mois, suite à sa mise en place et depuis lors la situation n’a pas été régularisée, mettant ses animateurs dans une situation illégale.
Alassane Barry
Source: Aujourd’hui-Mali