Les agents de l’établissement hospitalier ont organisé un sit-in pour protester contre la mise en concurrence du poste de directeur de l’hôpital et défendent le bilan du directeur actuel

L’appel à candidatures pour les postes de directeurs de certains établissements hospitaliers, notamment les importants centres hospitaliers universitaires (CHU) du Point G et de Gabriel Touré, survient sur fond de discorde. Les textes qui ouvrent les postes de directeur de ces établissements, excluent les titulaires actuels. Le document précise que les directeurs dont les postes ont été ouverts à l’appel à candidatures ne sont pas autorisés à postuler pour le même poste.
Cette restriction a du mal à passer auprès du personnel de l’hôpital du Point G. Celui-ci juge « sélective et inacceptable » cette exclusion. Pourquoi verrouiller ? Sommes-nous réellement dans une quête de qualité ? Ces questions ont incité les travailleurs de l’hôpital du Point G à organiser mardi, en collaboration avec leur comité syndical affilié au Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille, un sit-in dans l’enceinte de l’établissement pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une « attitude incorrecte et incompréhensible » de la tutelle.
Il faut rappeler que le directeur actuel du Point G a été retenu à la suite d’un appel à candidatures. Il a pris fonction en décembre 2014, voilà 14 mois seulement. Le personnel de l’établissement ne perçoit donc pas la motivation qui a conduit le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique à remettre si vite le poste en concurrence et donc de remercier un directeur qui a réalisé, selon eux, des bonnes choses pour l’hôpital en une année.
Les travailleurs expliquent qu’en un laps de temps très court, le directeur général actuel, Mamady Sissoko, a pu assainir la gestion et améliorer les recettes propres de leur hôpital. Ces ressources sont passées de plus de 473 millions de Fcfa en 2014 à un peu plus de 743 millions en 2015. Pour la même période, les recettes de la pharmacie hospitalière aussi ont grimpé de 63 millions pour culminer à 134 millions, soit plus du double de la performance précédente. Les travailleurs relèvent que leurs ristournes (30% des recettes trimestrielles accordés à titre d’émoluments aux travailleurs) ont été augmentées. Toutes ces informations sont, assurent-ils, vérifiables dans la comptabilité de l’hôpital du Point G.
Pour les syndicalistes et les autres travailleurs, ces résultats rendent incompréhensible l’ouverture actuelle du poste de directeur, surtout avec l’intention manifeste de verrouiller la procédure pour écarter un cadre qui a établi la preuve de sa compétence. Leur contestation se réfère à la lettre et à l’esprit de l’instruction du Premier ministre de mars 2014 instituant la mise en concurrence des postes de direction des services et organismes publics et préconisant clairement un processus transparent, en lieu et place de la procédure discrétionnaire qui était en cours.

QUESTION DE BON SENS. Le Dr Bouréima Diabaté, du service des urgences du Point G, explique que c’est une question de bon sens que de soutenir « une bonne compétence » qui fait l’affaire de l’hôpital. En sus du bilan élogieux évoqué plus haut, le praticien relève que le directeur général de l’hôpital a réussi aussi à payer les contractuels de l’hôpital. A titre d’exemple, il cite le cas du service des urgences où trois médecins contractuels ont été recrutés par le directeur général pour renforcer cette unité qui en avait fort besoin.
Un autre médecin ajoute une nouvelle pièce à la défense de Mamady Sissoko : le Point G est maintenant capable de répondre largement aux demandes d’analyses biomédicales et autres examens radiographiques, même ceux requis en urgence parce que tous les équipements en panne ont été réparés et que les ruptures de consommables se font très rares.
Le secrétaire général du comité du Syndicat national de la santé, de l’action et de la promotion de la famille du Point G, Issoufi Maïga, joint au téléphone, a aussi jugé inopportun d’ouvrir le poste de directeur à la concurrence sans une évaluation préalable. Le directeur est venu à la suite d’un appel à candidature, il est bon de remettre sur le tapis la question de durée du mandat de ces directeurs qui seront retenus par appel à candidatures, juge-t-il car il faut qu’ils aient un peu temps pour réaliser des choses.
Issoufi Maïga résume la situation : en 2015, le Point G n’a connu aucun problème majeur, les différents services aussi bien que les organes de gestion ont fonctionné normalement. Pour la bonne marche de l’hôpital et l’intérêt général des malades et des travailleurs, les syndicalistes et le personnel du Point G assurent donc s’inscrire dans une dynamique de stabilité et de consolidation des acquis.
Comment réagira le département de la Santé et de l’Hygiène publique face à de tels arguments ? Par un dialogue sans passion ? Ce serait le commencement d’une bonne solution.
B. DOUMBIA

Source : Essor