La ville de Sikasso, comme les autres centres urbains du Mali, se développe à un rythme effréné. Du fait de sa démographie galopante, son approvisionnement en eau potable est de plus en plus problématique. L’eau est ainsi devenue une denrée rare dans plusieurs quartiers de la ville. Il faut dire que Sikasso qui comptait environ 20 000 habitants au moment de l’accession de notre pays à l’indépendance en compte aujourd’hui de plus de 300 000 selon les chiffres officiels.
L’adduction d’eau sommaire de la ville provenait jadis d’un marigot situé à 10 km des habitations. L’eau était drainée de ce marigot vers la station de pompage et de traitement. Après chaque pluie, l’eau des robinets prenait une couleur jaunâtre et devenait impropre à la consommation. En 1992, des études furent menées pour que la station de pompage soit alimentée à partir de forages souterrains. Et selon le président du conseil régional, Yaya Bamba, c’est en 1996 que la ville fut alimentée en eau à partir de ces forages.
L’eau potable a alors coulé à flot dans la capitale du Kénédougou à la satisfaction de la population. Le système d’adduction d’eau potable coûta près de 12 milliards de Fcfa financés par le Danemark. Il consista en la construction de châteaux d’eau et d’un réservoir de distribution couvrant l’intégralité de la ville de Sikasso. Des centaines de branchements promotionnels furent proposés à la population.
Mais aujourd’hui, la demande d’eau potable dépasse largement la capacité d’offre. Tous les quartiers de Sikasso situés en altitude par rapport à la station de pompage connaissent des coupures incessantes. Du coup, les femmes ont commencé à renouer avec la corvée d’eau. Sidiki Sanogo, un notable de Sikasso, assure que la pénurie d’eau potable a même provoqué des conflits dans bien des foyers. Dans le quartier de Médine par exemple, rapporte-t-il, nombre de chefs de famille veillent pour attendre l’arrivée de l’eau dans les robinets au-delà de minuit. Quand l’eau commence à couler, toute la famille se met au travail pour remplir tous les fûts et les bassines disponibles en prévision du lendemain.
A l’hôpital de Sikasso, le problème d’eau potable se pose avec acuité. Les robinets alimentant le deuxième niveau du bâtiment ne fonctionnent pratiquement plus. Le gouvernorat de la région n’est pas épargné non plus. Ses locaux ne sont pas régulièrement alimentés. L’immeuble construit dans l’ancienne zone aéroportuaire pour loger la direction régionale de la police n’est pas opérationnel à cause du manque d’eau potable. Plusieurs propriétaires de maisons dans le quartier de Wayerma, ont perdu leurs locataires à cause des coupures incessantes d’eau.
Seuls les quartiers du centre ville et ceux situés en basse altitude sont épargnés par le calvaire. Que ne fut donc la joie de la population lors du lancement des travaux d’extension de l’adduction d’eau de la ville, le 19 octobre dernier. Ce projet entre dans le cadre d’un appui du Danemark au programme sectoriel eau et assainissement pour 4 villes (Sikasso, Kayes, Koutiala et Kati). Il coûtera de plus 5 milliards de Fcfa. Les travaux seront réalisés en 16 mois et permettront d’augmenter la capacité production d’eau potable de 124% soit 9900 m3 supplémentaires par jour. Il est prévu de poser 23 km de réseau.
Le maire de Sikasso, Moussa Koné, était si heureux lors de la cérémonie de lancement des travaux qu’il ne put s’empêcher d’esquisser quelques pas de danse. Rappelons que la cérémonie a été présidée par le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Ousmane Koné. Les Sikassois brûlent d’impatience de voir aboutir les travaux.
F. DIABATE
AMAP-Sikasso
source : Essor