Il ya quelques mois encore, cette situation aurait été assimilée à une simple vue d’un esprit fertile. Certains de ses adversaires n’hésitaient même plus à prophétiser sa mort politique. Pourtant, le parti présidentiel, Rassemblement Pour le Mali (RPM), a agréablement surpris à l’issue des dernières  législatives. Il s’est même taillé la part du lion avec 66  députés sur les 147 que compte l’Assemblée Nationale, contre 11 en 2007, et se positionne confortablement, pour la première fois depuis sa naissance, comme le premier Parti du Mali. Cet exploit fabuleux est l’œuvre du secrétaire général des tisserands, Dr. Bocary Téréta, actuel ministre du Développement rural. Très discret, mais concret et efficace, il a réussi à tisser sa toile sans tambours ni trompettes en faisant simplement le pari de ne compter que sur la détermination et le désir de changement des populations maliennes qu’il s’est juré de toujours servir pour donner corps aux ambitions su Président IBK.

Difficilement mais sûrement !

En tout état de cause, le secrétaire général du RPM et son équipe viennent de donner  une force politique cohérente au Président Ibrahim Boubacar Keita sur laquelle ce dernier peut légitimement s’appuyer au niveau de l’hémicycle.

Largement en tête sur les autres formations politiques, avec 66 députés contre 17 élus pour l’URD; 16 pour l’Adema Pasj; 6 Fare An Ka Wuli; Sadi 5; Codem  5; Cnid  4; L’Asma 3; Pdes 3; Mpr 3; Parena 3; Cds 2; Miria 2; Um-Rda 2; Adp 2; Prvm 1; Yelema 1; Apr  1; Udd  1; tandis que les Indépendants se retrouvent avec 4 députés. Une écrasante victoire qui marque le début d’une redistribution des cartes au sein des différentes organisations politiques et définit, par voie de conséquence et pour la première fois depuis la révolution démocratique et populaire de Mars 1991, une nouvelle configuration de la scène politique nationale. Celle-ci est caractérisée, entre autres changements majeurs, par une Assemblée Nationale renouvelée à près de 92% avec une entrée massive de plus de 80% de novices majoritairement des jeunes de moins de 45 ans à l’image de Karim Keita, Moussa Timbiné, Yacouba Traoré, Thiam pour ne citer que ceux-ci. Ils  auront la lourde et heureuse responsabilité de donner du sang neuf à l’importante institution législative. C’est seulement en ce moment-là et à l’épreuve de cette nouvelle posture attendue des députés de la prochaine législature, qu’on pourra parler de rupture par rapport aux anciennes, longtemps marquées par leurs caractères monocolore, unanime et d’instinct grégaire. Au niveau du gouvernement, malgré la pertinence de la reconduction plus que probable de Tatam Ly au poste de Premier ministre, la majorité RPM devra s’exprimer de manière claire à travers une représentation très large de ministres militants du Parti, surtout au niveau des ministères de souveraineté (Affaires étrangères, Défense, Sécurité, Administration territoriale) pour clarifier enfin le jeu politique malien, avec une majorité qui gouverne et une Opposition identifiable qui s’oppose.

Majorité et l’Opposition

Il y va de la renaissance de la démocratie malienne longtemps piégée par son fonctionnement nébuleux qui favorise l’expression normale de toutes les médiocrités, des pires hypocrisies et qui fait la part belle aux opportunistes et nullards de la pire espèce. Bien que le Président IBK s’affirme comme le Président de tous les maliens (cette posture est tout à son honneur parce que conforme à l’esprit et à la lettre de la loi fondamentale du Mali dont il est le principal garant) et doit, par conséquent s’élever au-dessus des partis et des clans, il a aussi et en même temps la responsabilité de rendre opérationnelle la démocratie malienne en aidant à une bonne lecture du jeu politique par la clarification nécessaire des pôles, positions et politiques entre la Majorité et l’Opposition.

Pour aider le Président IBK à réussir la nécessaire préservation de l’équilibre difficile entre ses qualités de Chef de l’Etat et de chef du RPM, Bocary Téréta, fort de sa nouvelle légitimité désormais incontestable malgré les nombreuses tentatives de contestation et de déstabilisation amorcées contre lui avant les législatives et qui ont été toutes superbement  neutralisées et mises en échec, doit alors faire la démonstration que la majorité politique acquise pendant les législatives, n’est pas que politique, mais représente l’expression dans les urnes  d’une majorité sociologique certaine. L’autorité politique acquise de haute lutte et dans l’adversité, alliée à la  fidélité jamais trahie de Téréta à la personne d’IBK pendant des années, au candidat à la présidentielle IBK il y a bientôt un an et enfin au Président de la République IBK depuis ce  Mercredi 04 septembre mémorable de sa prestation de serment devant la Cour suprême, doit être mise à profit pour que la réalité de cette majorité  puisse rejaillir officiellement, dans le gouvernement, au  niveau de toutes les administrations publiques et parapubliques, ainsi qu’au cœur des différentes institutions.

Dieu aime Téréta

Tous les maliens peuvent certes postuler à ces nombreux postes de responsabilités, mais les critères doivent être désormais la compétence, l’intégrité morale et un parcours professionnel irréprochable du point de vue judiciaire. Cela doit désormais être un standard banal pour le recrutement de tout (e)responsable. Il y va de l’avenir  politique du RPM et du succès du présent quinquennat d’IBK.

Malgré ce résultat remarquable dans des conditions extrêmement difficiles,  l’animateur

principal du parti a pu tenir bon. Et dire qu’il ya seulement quelques mois, la tête de Dr. Téréta était mise à prix par les rats de Koulouba . Un clan de dangereux manipulateurs s’est alors formé autour du Mandé Massa pour lui faire la démonstration que Téréta  et le parti RPM ne lui ont rien apporté lors de son élection et qu’ils ne seront même pas à 15 députés pendant les législatives. On se rappelle que l’ancien Directeur de campagne du candidat IBK,    Abdoulaye I. MAIGA n’avait pas hésité à faire une sortie inélégante sur Dr. Téréta dans une de ses droit de réponse envoyé à nos confrères de l’Indépendant concernant le financement de la campagne d’IBK, en ces termes : ‘’Pour votre information, Monsieur Bokary TRETA ne faisait pas partie de la Direction de campagne mise en place par le candidat IBK. Ce rectificatif doit être porté à la connaissance de vos lecteurs quotidiens. La Direction de campagne d’IBK était animée par des hommes et des femmes jouissant d’une probité intellectuelle et d’une bonne éthique morale au-dessus d’une telle pratique amorale’’. Selon les mêmes indiscrétions le Président IBK était tellement remonté contre Téréta qu’il avait décidé de ne lever le plus petit doigt; histoire d’attendre ce que donneront les résultats pour le mettre devant le fait accompli et lui demander d’assumer ses responsabilités de leader principal d’un parti qui a échoué. ‘’Mais Dieu aime Téréta’’, martèle notre interlocuteur. Parmi les « comploteurs », figure Soumeylou Boubeye Maiga, actuel ministre de la défense dont la victoire de son jeune frère Arboncana B Maiga aux législatives vient d’être annulée au profit de la liste RPM à Gao. Maintenant que Téréta a fini de faire la preuve de ses compétences et qualités au grand dam de ses détracteurs. Conscient de l’escroquerie politique qui était mise en branle, le Président va bientôt siffler la fin de la récréation. Une chose est sûre après un gouvernement de récompense lié à la participation des uns et des autres à la présidentielle, IBK va se faire accompagner cette fois-ci par un gouvernement de légitimité qui se sera constitué par son parti le RPM pour les cinq années à venir. Ce qui est le présage à beaucoup de départs de ministres du gouvernement Tatam Ly,  surtout les opportunistes de classe exceptionnelle et les nostalgiques de l’ère ATT seront débarqués dans les jours à venir.

Aliou Badara Diarra      

SOURCE: L’Enquêteur