Dans le cadre de la mise en œuvre des activités de son plan de travail du premier trimestre 2016, le projet Initiative pauvreté environnement (IPE-Mali) envisage de mettre en œuvre une étude pour une meilleure gestion du capital naturel prenant en compte la dimension genre dans le développement durable.
La restitution des résultats de cette étude a fait l’objet d’un atelier, le 30 septembre 2016, dans les locaux du projet à Faladié Sema en Commune VI du District de Bamako. Les travaux étaient présidés par Souleymane Cissé, conseiller technique au ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable. C’était en présence de la coordinatrice d’IPE-Mali, Mme Diarra Lala Camara et d’une vingtaine de participants.
Les conditions environnementales et l’accès aux ressources naturelles sont intimement liés aux moyens d’existence, à la santé et à la vulnérabilité des populations. Or au Mali, la pauvreté absolue reste à un niveau inacceptable malgré les progrès réalisés par le gouvernement vers la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Plus de 70 % de la population malienne dépendent directement des ressources naturelles pour une partie ou l’ensemble de leurs moyens de subsistance, et donc pour lutter contre la pauvreté. Parallèlement, le changement climatique, les pertes de biodiversité, les modifications concernant l’affectation des terres, et la pollution chimique continuent d’entraver le développement humain durable (et du même coup la réalisation des OMD).
L’étude économique réalisée par le projet IPE-Mali en 2009 a révélé que cette faible intégration des liens pauvreté-environnement dans les politiques et stratégies, coûte à l’Etat malien plus de 21% du produit intérieur brut (PIB).
L’étude a aussi révélé que l’accroissement des investissements publics et privés visant à améliorer l’accès des pauvres aux ressources naturelles et environnementales est très rentable pour réduire la pauvreté et contribuer de façon sensible à une croissance pro-pauvre puisque le retour de l’investissement calculé sur cinq secteurs de l’environnement (eau, air, sols et forêts, énergie, matières et déchets) double le capital. Malgré une telle rentabilité que la prise en compte des liens pauvreté-environnement procurerait à l’Etat, les ressources naturelles et environnementales continuent de se dégrader à un rythme alarmant. Ceci risque de fermer plusieurs options à l’avenir si rien n’est fait.
Bien que les femmes représentent près de 51 % de la population (RGPH 2009), elles constituent avec les enfants, des groupes particulièrement défavorisés. En effet, 73,2% des femmes n’ont reçu aucune instruction contre 64,2% pour les hommes et dans la population de 15 ans et plus, seulement 27,7% savent lire et écrire dans une langue quelconque (RGPH 2009).
Le Mali est confronté à un problème de données sur l’état de l’environnement et des ressources naturelles, relève Souleymane Cissé. Ces données sont indispensables notamment pour assurer la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles. Une gestion qui est à la charge de plusieurs acteurs : institutions publiques et privées, organismes de recherche et d’enseignement, société civile etc…
Actuellement, la dispersion de l’information environnementale bien que nécessaire est caractérisée le plus souvent par un cloisonnement sectoriel et interinstitutionnel dont découlent de nombreux problèmes (duplication de données, diffusion restreinte, accès difficile, etc.). En effet, l’obtention de l’information statistique se heurte à divers obstacles. Le cas de l’environnement est révélateur. Lorsqu’il arrive qu’on ait besoin de données pour comprendre, expliquer ou traiter un problème environnemental ou pour appuyer la prise de décision dans le cadre de la planification ou de la prospective, l’obtention de données fiables même approximatives est parfois difficile.
Cependant, pour assurer la gestion durable de l’environnement, il est nécessaire d’avoir des informations (données) de base fiables sur les ressources naturelles et des indicateurs pertinents d’impact et de suivi de leur évolution. Ces informations mises à la disposition des utilisateurs des ressources de l’environnement pourront servir de base à la planification des actions à entreprendre, ainsi qu’à l’élaboration et à la mise en oeuvre des politiques et stratégies de gestion durable de l’environnement.
Elles permettront également de les évaluer périodiquement et de mesurer leurs impacts divers et, en conséquence, de les adapter à la situation actuelle avec une prise en compte de la dimension genre-pauvreté. C’est en réponse à la prise en compte de ces insuffisances dans le cadre du développement durable, que le projet IPE-Mali a réalisé cette étude, explique sa coordinatrice
L’objectif général de cette étude est de disposer des données fiables et accessibles à tous les acteurs.
De manière spécifique, elle vise l’identification et la définition des concepts de base. L’étude fait également l’état des lieux de la collecte des données sur l’environnement pour la comptabilité du capital naturel, démontre l’apport du capital naturel dans la gestion durable de l’environnement au Mali, définit le rôle de la dimension genre-pauvreté dans le système de collecte des données sur l’environnement. Enfin, elle fait des recommandations facilitant la gestion du système statistique national.
C. A. DIA
Source: essor