Tombouctou et le Tombeau des Askia de Gao avaient été inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril en 2012 à la faveur de la 36ème session du Comité du patrimoine mondial à Saint-Pétersbourg. Les biens de Tombouctou, classés depuis 33 ans, connaissent leur deuxième inscription sur la liste des patrimoines en péril depuis plus de 8 ans. La ville abrite l’un des 4 sites classés par le patrimoine mondial de l’UNESCO. Il concerne trois mosquées et 16 mausolées qui datent de l’époque médiévale. A cela, s’ajoutent les sites de Djenné et du pays dogon dans le centre du Mali.
Aujourd’hui, l’ensemble de ce patrimoine est sérieusement menacé à la fois par le comportement des populations mais aussi par l’insécurité qui règne dans les zones concernées. A Tombouctou, les occupations anarchiques du cimetière et les constructions en béton dans la médina, dégradant ainsi le paysage architectural authentique de la ville, favorisent le retrait des sites sur la liste de l’UNESCO.
« C’est au nom de la communauté que l’on classe et c’est au nom de celle-ci que l’on déclasse. Donc il est important que chacun de nous s’implique dans la protection de ces patrimoines. C’est la mémoire collective transmise de père en fils. Ils sont implantés dans le tissus social », souligne le chercheur Sane Chirfi Alpha.
Pour les responsables de la mairie, la sensibilisation est de mise pour une prise de conscience, car il y va de la renommée de la ville de Tombouctou. Les cimetières sont devenus des lieux où l’on verse des déchets domestiques. « Nous devons faire en sorte que tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques soient sensibilisés. Il y a aussi l’insécurité et l’incivisme qui prennent de l’ampleur. Il faudrait que les services techniques prennent leur responsabilité », clame le maire de la commune urbaine de Tombouctou.
Face à l’instauration durable d’une crise de tourisme et de la difficulté d’un engagement fort des pouvoirs publics pour conserver l’essentiel de la valeur universelle de ces biens, l’UNESCO a envisagé un vaste programme de réhabilitation de ce patrimoine à travers une approche innovante.
Ce programme de l’UNESCO soutient aussi la simplification des outils administratifs pour faciliter les interventions en urgence sur le terrain, et qui permettent de donner plus de responsabilités aux communautés. Cette action de réhabilitation du patrimoine culturel endommagé permettra la reconstruction matérielle mais aussi le traitement des questions d’identité, de dignité et d’édification d’une paix durable au Mali. Elle permettra de redynamiser l’économie culturelle locale à travers la création de premiers emplois. Car le développement socioéconomique du nord du Mali a toujours dépendu fortement de son patrimoine culturel.
Andiè A. DARA
Source: Bamakonews