Le mardi 2 avril dernier, à 14 heures, sur l’Esplanade des Invalides, dans le 7è Arrondissement de Paris, près de 200 manifestants se sont rassemblés pour «interpeller les députés de l’Assemblée nationale française sur la situation actuelle du Mali et surtout leur demander le bilan de Barkhane et de la MINUSMA».
Le rassemblement a été initié par le Collectif Unité, sécurité et paix au Mali (USPM) qui est composé d’élus franco-maliens, de responsables du Collectif des élus franco-maliens (CEFOM), de responsables associatifs et politiques, de personnes ressources de la diaspora et des maires des villes amies du Mali.
Les manifestants ont été reçus par les députés Jean-Paul Lecoq, Stéphane Peu, Francis Choua et Alain Ramadier ainsi qu’une représentation très large d’élus locaux. Sur les banderoles, on pouvait lire : «Toutes nos ethnies constituent le Mali», «Unité, sécurité, paix au Mali». Lamine Camara, conseiller régional et adjoint au maire de Grigny, a lu l’appel devant l’assistance avant de le remettre au député Jean-Paul Lecoq qui s’est engagé à le transmettre à qui de droit.
Dans son appel pour l’unité, la sécurité et la paix au Mali, M. Camara a affirmé que les actions des associations maliennes, des élus français d’origine malienne et des amis du Mali «œuvrent pour construire des coopérations et des solidarités concrètes afin de faire entendre la voix du pacifisme, de l’humanisme et de l’amitié entre les peuples».
Il a rappelé que depuis 2013, le Mali reçoit sur son sol de nombreuses missions militaires internationales. Celles-ci se propagent à tout le Sahel, se combinant dans un dispositif militaire important : 12.213 Casques bleus et 1.737 policiers déployés au sein de la MINUSMA, 4.500 soldats français au sein de l’opération Barkhane, 5.000 à 10.000 soldats prévus pour la Force conjointe du G5 Sahel, 580 soldats au sein de l’EUTM. Malgré cette présence massive des forces militaires, Lamine Camara a estimé que la situation sécuritaire se dégrade dangereusement et se propage presque sur l’ensemble du territoire national.
Selon lui, les évènements tragiques d’Ogossagou constituent la goutte d’eau qui fait déborder le vase aux yeux de la communauté malienne de France. Par ailleurs, le représentant des élus français d’origine malienne a demandé qu’une «enquête parlementaire française soit menée pour situer les responsabilités de tous les acteurs impliqués dont la France dans la sécurisation des personnes et des biens au Mali et un retour définitif de la paix». Les députés et les maires présents ont pris la parole. A l’unisson, ils ont condamné fermement les violences commises et réaffirmé leur soutien au Mali. Ils ont, pour la plupart, évoqué les liens historiques que leurs circonscriptions et villes entretiennent avec le Mali de par les concitoyens d’origine malienne qui sont nombreux à y résider.
Ils ont aussi parlé des coopérations qui se sont développées depuis de nombreuses années avec le Mali. Patrice Bessac, maire de Montreuil a déclaré : «Pour nous, il y a un seul Mali et il ne faut pas jouer avec l’unité du peuple malien. Il y a besoin qu’une enquête sur ces événements en présence de forces internationales soit faite».
Pour Konaté Aminata Bouné, le bilan des opérations militaires est nécessaire pour répondre aux interrogations légitimes de la communauté malienne concernant le rôle des soldats français au Mali.
«Les derniers événements qui ont eu lieu au Mali avec deux attaques successives ont profondément choqué l’ensemble des Maliens de France, attachés à leur patrie. Ces agressions, d’une violence jamais égalée sur notre territoire, interviennent à un moment où le Mali n’a jamais compté autant de soldats étrangers venus assurer des missions de sécurisation des populations et des missions contribuant à favoriser un climat de paix. Cette manifestation s’impose donc pour comprendre le rôle et les missions de chacun et contribuer à faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé», a-t-elle expliqué.
Correspondance particulière Ely DICKO
L’Essor