Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni, ce 11 juin 2020, sur la situation sécuritaire au Mali. Au cours de cette rencontre périodique, les États-Unis ont encore déploré le manque de résultat dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu sa réunion périodique sur le Mali confronté à des problèmes sécuritaires depuis plus de 7 ans. Compte tenu de la covid-19, les responsables des Nations unies se sont entretenus, à travers une vidéo-conférence. Les échanges, outre le Mali, ont porté sur la situation sécuritaire au Sahel dont la stabilité est perturbée par des groupes terroristes. Et le Plan d’adaptation de la MINUSMA a été largement évoqué.
Lors de cette réunion, le Secrétaire général s’est dit préoccupé par la situation dans le centre du Mali où les activités terroristes continuent d’alimenter la violence intercommunautaire. La lutte contre l’impunité, a-t-il martelé, reste indispensable pour endiguer la violence dans cette partie du pays et les autorités doivent en faire davantage pour montrer leur détermination à agir en ce sens. Le plan d’adaptation de la MINUSMA vise à permettre à celle-ci d’atteindre les objectifs stratégiques fixés dans son mandat, en particulier le deuxième objectif concernant le centre du Mali, a rappelé le Secrétaire général.
Horrifié par les allégations selon lesquelles au moins 38 civils auraient été sommairement tués ou exécutés par les forces armées maliennes dans deux villages de la région de Mopti, le week-end dernier, le Secrétaire général a salué l’annonce par le Gouvernement d’une enquête. Depuis des années, cette zone est le nid de la violence. Ce sont de centaines de personnes qui sont tuées par an sans que les auteurs de ces crimes ne soient inquiétés. Tout se passe en toute impunité.
La MINUSMA et le Secrétaire général de l’ONU ont pris des mesures importantes pour renforcer la présence et les activités de l’ONU dans le centre du Mali et mieux protéger les civils. Le plan d’adaptation de la Mission, qui envisage une opération plus agile, mobile et flexible, dotée d’unités spécialisées et de capacités renforcées, notamment en matière de moyens aériens, reste pertinent, a estimé le Secrétaire général. Mais pour la réussite de son mandat, a sollicité le Secrétaire général, il faut à la MINUSMA des vecteurs aériens.
Ainsi, il a demandé aux États membres de soutenir le plan d’adaptation, lorsqu’ils procéderont à l’examen des contributions et du budget de la Mission, conformément aux engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’initiative Action pour le maintien de la paix.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères de la France, Jean Yves Le Drian s’est réjoui des efforts consentis au plan national et international pour soutenir la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel.
« Sur le terrain, cette dynamique s’est traduite par la mise en place d’un mécanisme de commandement conjoint entre la force française Barkhane de 5 100 hommes et la Force conjointe du G5 Sahel », a rappelé M. Le Drian, avant de mentionner des victoires dans la lutte contre le terrorisme, dont la neutralisation, la semaine dernière, d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique.
De même, il a aussi évoqué le lancement de la Task Force Takuba, qui rassemble les forces spéciales européennes, et la poursuite d’efforts sur la gouvernance et le retour de l’État, avec le Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel, lancé avec l’Allemagne, ainsi que les actions de développement menées dans le cadre de l’Alliance Sahel.
À l’image de la France, plusieurs autres pays influents des Nations comme la Chine sont optimistes en dépit des problèmes auxquels le Sahel est confronté de façon générale. Spécifiquement, à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, ils s’apprécient les progrès enregistrés.
En revanche, les USA depuis quelques années, ne cessent d’établir un bilan peu reluisant et promoteur de la mise en œuvre de cet Accord et de la stabilisation du Mali. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit renouveler le mandat de la MINUSMA pour une huitième année, les États-Unis ont appelé à la « clairvoyance » devant les échecs des parties signataires à l’Accord d’Alger.
Pour le pays de Donald Trump, la plupart des critères de référence du mandat de l’année dernière n’ont pas été atteints en rappelant la réforme constitutionnelle et le retour des services publics qui sont loin d’être achevés. Aussi, les USA regrettent « qu’aucun projet pilote pour la zone de développement du Nord n’ait été mis en œuvre ».
Par ailleurs, même si 2 500 soldats des forces maliennes reconstituées ont été redéployés, soit seulement 500 de moins que l’objectif fixé, nombre d’entre eux sont loin d’être opérationnels et ont toujours besoin du soutien et de la protection des forces de l’ONU, enfonce le représentant des États unis.
Pendant ce temps, le peuple malien continue de souffrir d’un processus de paix au point mort, dénoncent les USA. Pour preuve, rappellent-ils, les attaques terroristes et la violence intercommunautaire tuent de multiples civils innocents et la situation la situation humanitaire se dégrade. Aussi, estiment-ils, l’incapacité des parties signataires à réaliser des progrès significatifs perpétue l’environnement sécuritaire volatile au Sahel et empêche la MINUSMA de s’acquitter pleinement de son mandat pour lesquels il y a aujourd’hui « une formidable opportunité » d’utiliser le renouvellement de mandat pour apporter un changement « réel et durable » au peuple du Mali.
La MINUSMA doit d’ailleurs évaluer à quel moment elle peut réduire ses effectifs. En sa qualité du plus grand contributeur financier de la MINUSMA, les USA ne sont pas contents des résultats atteints sur le terrain.
« Nous avons dépensé des milliards de dollars pour la sécurité, le développement et l’aide humanitaire au Mali et dans la région. Nous nous sommes engagés à soutenir la Force conjointe du G5 Sahel, en fournissant du matériel, de la formation et un soutien consultatif sur une base bilatérale. Nous appelons d’autres pays à en faire de même », a lancé le représentant du pays de Trump. Un message qui pourrait être interprété comme une lassitude des USA face à l’enlisement de la situation.
Par Sikou BAH
INFO-MATIN