Comme à l’accoutumée, Me Cheick Oumar Konaré n’a pas tergiversé dans son analyse sur la question de l’accord pour la paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Lors du débat de dimanche sur Africable Télévision, le 27 février 2023, l’avocat a soutenu que l’accord d’Alger ne peut jamais être appliqué du fait de sa vision et tout le pouvoir qu’il confère aux séparatistes du Nord.
En effet, plus de sept ans après sa signature, l’accord pour la paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger a toujours du mal à s’appliquer convenablement au Mali. On parle même de la mise en œuvre intelligente de l’accord. Un vocabulaire sorti de nulle part pour couvrir les lacunes de ce document espoir de toute une nation.
En effet, plusieurs facteurs endogènes peuvent être retenus comme causes de cet état de statuquo, parmi lesquels l’incompatibilité patente dudit document avec les aspirations les plus profondes du peuple malien dans sa généralité.
Selon Me Cheick Oumar Konaré, le gouvernement malien de l’époque avait « le couteau à la gorge » lorsqu’il signait cet accord « dit de paix » en 2015. Non seulement l’Etat malien était militairement en position de faiblesse sur le terrain mais aussi était sous la pression de l’ancienne puissance colonisatrice (France) parrain des groupes armés à l’époque. C’est pourquoi, assoiffé de paix à l’époque, le gouvernement de Alpha Oumar Konaré a signé l’accord de paix sans grande résistance. Sinon selon l’avocat Cheick Oumar, l’accord dont il est question ne vise qu’à conférer légalement à la coordination des groupes armés, ex-rebelles, la gestion des localités ils ont conquises par les armes avec le financement de l’Etat Malien.
Donc durant tout un mandat, ils pourront tranquillement se renforcer politiquement et militairement avec les moyens mis à leurs dispositions par l’Etat central pour ensuite passer à l’offensive comme le scenario de 2012.
Il faut noter que le système de décentralisation poussée doit-il est question dans les négociations de paix prévoit, non seulement une autonomie administrative et financière des régions du Nord, mais aussi et surtout une autonomie militaire avec la fameuse armée reconstituée qui sera elle aussi majoritairement composée et dirigée par les mêmes ex-rebelles.
A présent, avec l’absence de la France pour tirer les ficelles, l’enfant chouchou du nord veut désormais se tourner vers l’Algérie, chef de fil de la médiation internationale pour mettre la pression sur les autorités de la transition.
Il faut rappeler que récemment, l’une des principales parties signataires de l’accord de paix à savoir la Coordination des Mouvement de l’Azawad (CMA) menaçait de se retirer totalement de la table des négociations déplorant “la déliquescence” de l’accord de paix. En effet, elle sollicitait une réunion d’urgence de toutes les parties sur un territoire « neutre », afin dit-elle, “éviter une rupture définitive” entre ses parties. Une doléance qui fait d’ailleurs la cause de toutes les tensions actuelles entre les deux parties.
Issa Djiguiba
Source : LE PAYS