Comparaison n’est pas raison dit-on, mais cette sombre affaire d’incarcération à la prison centrale de Bamako du tonitruant animateur et parolier d’une radio de proximité, me fait aussi penser à un autre scandale d’outrage à magistrat, qui avait connu un extraordinaire retentissement médiatique en France. Mais ce simple rappel est surtout pédagogique ou cosmétique, car tout diffère en réalité entre les deux affaires.
Au fait de quoi s’agit-il ? le juge Gentil est celui qui a mis en examen dans l’affaire Bettencourt (alors première fortune de France) Nicolas Sarkozy, avant de prendre ensuite un non-lieu en sa faveur. C’est encore lui qui avait poursuivi Henri Guaino, l’ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy (la plume de Sarkozy, c’est lui qui a écrit le fameux discours de Dakar) à l’Elysée pour outrage à magistrat. Invité à s’exprimer sur le sort judiciaire réservé à l’ancien président, il n’ya était pas allé sur le dos de la cuillère dans ses commentaires sur certains medias français comme ici sur France 2 : « Cette accusation est honteuse, je le répète. Elle salit bien l’honneur d’un homme, elle salit les instituions de la république. Elle salit l’image de la France, parce qu’il a été pendant cinq ans celui qui a incarné la France sur la scène du monde(…).Je l’ai dit, je trouve que le juge dans cette affaire a déshonoré la justice.. ».
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé Henri Guaino et donc débouté le juge Gentil.Le tribunal admet que les propos de HGuaino sont « violents », ses critiques « virulentes » et « qu’elles ne sont dirigées que contre l’un des trois magistrats ayant pris la décision en cause. ».Pour autant HGuaino n’a proféré « ni injures, ni diffamation, ni menaces », les juges en conclurent qu’il « serait disproportionné de prononcer une sanction pénale à l’encontre d’Henri Guaino, lequel n’a pas « dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression concernant la critique de la décision d’un magistrat. »
Le juge Gentil ne va s’arrêter là, car il va à son tour réclamer 100.000euros de dommages et intérêt, que ni le tribunal, ni la cour d’appel ne lui ont alloués. Cette somme a été même considérée en son temps par un célèbre avocat pénaliste comme une demande indigne. Pour la simple raison, qu’une mère partie civile dans un procès d’assises ne reçoit au mieux en réparation civile de l’assassinat de son fils que la somme de 30.000euros.
B.CAMARA/Le Phénix