Journaliste à Courrier international, Ousmane Ndiaye était reporter au Mali de mars à octobre 2013. Lors d’une intervention aux Tribunes de la presse, il revient sur la difficulté à couvrir ce conflit
Le 10 janvier 2013, la situation au Mali atteint un niveau d’alerte : les djihadistes prennent la ville de Konna et menacent de fondre sur la capitale, Bamako. A la demande des autorités maliennes, la France décide d’intervenir, bientôt rejointe par une force africaine. Dès le 11 janvier, l’opération Serval est lancée.
“Le début de l’intervention est foudroyant”, raconte Ousmane Ndiaye. Pour les journalistes, la seule possibilité est d’être “embarqués” avec l’armée. Sans liberté de se déplacer sur le théâtre des opérations, leur travail est déterminé par la progression des troupes : “au fur et à mesure que l’armée française avançait et libérait des villes, les journalistes, dans le sillage de Serval, racontaient.”
“Quasiment pendant les deux premières semaines, tout le monde était dans le sillage de Serval”, explique Ousmane Ndiaye. Ce verrouillage de l’information a des conséquences : “On ne raconte pas la guerre du point de vue de la rébellion, du point de vue d’Aqmi. La débandade, la désarticulation d’Aqmi n’est pas racontée de l’intérieur – on la pressent. (…) C’est donc difficile, en dehors de ce que nous dit Serval, de mesurer le succès durable de l’opération”.