Après la célébration avec éclat de la 38e édition du Maouloud, qui avait pour thème : « Maouloud facteur de la réconciliation, paix et cohésion sociale », le Guide spirituel de la Fédération Ançar-Dine Internationale (FADI), Chérif Ousmane Madani HAÏDARA, Président du Haut conseil islamique du Mali, a animé sa traditionnelle conférence de presse bilan, ce jeudi 20 octobre 2022, à son domicile à Banconi Dianguinébougou.
Au cours de cette conférence, les échanges ont porté sur la situation sociopolitique du pays ; la révision constitutionnelle ; le soutien à la transition ; la problématique du site d’organisation du Maouloud ; les recommandations du Forum des leaders religieux.
Dans son propos liminaire, le Guide Spirituel des Ançars, Seïd Chérif Ousmane Madane HAÏDARA, a souligné que le Mali était confronté à un problème de dirigeants. Mais s’il plaît à Dieu, a-t-il souhaité, il y aura des dirigeants qui prendront en compte, à l’avenir, les préoccupations du peuple malien.
Selon lui, le thème retenu pour cette présente édition se justifie par le fait que le Mali a aujourd’hui besoin de paix, de cohésion, du vivre ensemble.
C’est pourquoi ces questions étaient au centre des prêches du Maouloud de cette année, a précisé le Guide Spirituel des Ançars.
Le 26 Mars nous appartient tous !
Si la tenue du Maouloud des Ançars au Stade du 26 mars a soulevé des polémiques, Chérif Ousmane Madane HAÏDARA a précisé que ledit Stade appartenait à tous les Maliens.
Pour lui, cette infrastructure à vocation sportive n’est pas exclusivement destinée au football, mais d’autres activités y sont autorisées, comme des prêches.
« Ce sont les uns et les autres qui créent la polémique autour de ce débat sur la question dans les ‘’grins’’ de thé, sinon depuis le premier jour que nous sommes allés voir les autorités, elles n’ont posé aucun problème », a-t-il tranché.
Il ressort de son propos que pour la sécurité de l’édition 2022 du Maouloud, les autorités de la Transition ont mis à la disposition de la FADI 3 000 agents des forces de sécurité de manière gratuite. Ces derniers ont également été épaulés par 5 000 vigiles issus des rangs d’Ançar-Dine.
Il a mentionné qu’en ce qui concerne le forum des leaders religieux des pays de la sous-région qui a été récemment organisé par le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) à Bamako, il s’agissait de mutualiser les efforts en vue de trouver des solutions à l’extrémisme violent et au terrorisme.
Pour lui, face aux nombreux défis de l’heure, il est important que tout le monde se donne la main.
« Nous remercions les autorités de la transition et nous prions pour qu’elles restent sur le droit chemin. Cela est très important pour nous. Nous ne soutenons aucune autorité dans ce bas monde sans que tu ne nous prouves que tu as le souci du Peuple ».
Il a souligné que les autorités de la transition se sont engagées à restaurer la sécurité et la souveraineté du Mali ; la bonne gouvernance ; la lutte contre la corruption et les injustices sociales.
«Nous les soutenons tant qu’elles continueront d’œuvrer dans ce sens. Nous ne soutenons pas un régime qui n’est pas dans la droiture et la probité. Nous accompagnons les bons actes que posent les autorités, mais nous ne sommes derrière aucune autorité », a-t-il affirmé.
Soutien aux FAMa
Parlant des œuvres sociales de son organisation, le conférencier a rappelé que les Ançars ont pris pour habitude de soutenir les FAMa et leurs familles et que cela ne date pas de cette transition. «Les Ançars aident les veuves des militaires tombés sur le théâtre des opérations», a-t-il justifié.
Au regard de son engagement pour le pays, le guide estime que ses efforts ne sont pas reconnus à leur juste valeur par les autorités maliennes.
«Je n’ai jamais été mis dans mes droits par les autorités de ce pays. Malgré tout, nous continuons à œuvrer pour la paix et la stabilité de notre patrie», a-t-il clamé.
Pour preuve, le Chérif Ousmane Madane HAÏDARA a tenu à rappeler que «Les 150 hectares promis par les autorités aux Ançars n’ont jamais été donnés…».
Pour lui, IBK a reçu des pressions, sinon il était de bonne foi.
Pourtant récemment, a-t-il fait savoir, dans un pays de la sous-région, les autorités ont gratuitement offert 2 000 hectares de Titres Fonciers à un leader religieux.
« A Fia, on ( la population) nous a offert 150 hectares. Pour obtenir le titre foncier, j’ai dû payer 150 millions F CFA à l’État malgré le fait que le président avait donné instruction de le faire gratuitement. Nous avons un problème d’accès à ce site. La voie qui y mène est très petite», a-t-il regretté.
S’agissant du référendum qui s’annonce, le leader religieux a fait savoir qu’il attendait de connaître le contenu du texte avant de prendre position.
«Si les droits, l’honneur, la dignité du peuple malien, les principes fondamentaux de la religion sont garantis dans la nouvelle Constitution, nous allons soutenir le référendum, mais si ces aspects ne sont pas pris en compte, nous nous opposerons à ce texte», a-t-il expliqué.
Interrogé sur son absence répétée lors des séances publiques organisées dans l’enceinte de sa mosquée, le Chérif Ousmane HAIDARA, à laisser entendre que c’est par mesure de précaution.
«Dans ce contexte socio-sécuritaire où les moutons sont devenus des fauves, on ne peut faire confiance aujourd’hui même à son propre fils. C’est pourquoi, je me méfie un peu des masses. Sinon, mon plus grand bonheur, c’est de passer la nuit au milieu de mes partisans et de mes disciples ici, comme dans le bon vieux temps », a-t-il justifié.
D’ailleurs, dans un passé récent, il a rappelé que dans le nord de nord pays, un jeune est venu donner la mort aux membres de sa famille sous prétexte qu’ils ne sont pas de bons croyants.
Le Maouloud en chiffres
Selon les chiffres donnés par les organisateurs, le nombre de pèlerins au Maouloud 2022 des Ançars était de 198 218 contre 186 014 en 2021, dont 101 206 hommes et 97.012 femmes.
Ces pèlerins sont venus de 29 pays sur 40 pays que compte la Fédération Ançar-Dine Internationale (FADI).
De même, le nombre de prêcheurs s’élevait à 1.677 et le nombre de prêches effectués est de 133.670.
L’organisation était assurée par une équipe de plus 10 000 membres.
Parmi les activités réalisées au cours de cette présente édition, il y a : les soirées de prêche ; la lecture du Saint Coran et les bénédictions des Ançars pour le guide ; la cérémonie de bénédiction du Maouloud ; les conférences-débats ; la conférence de la commission féminine ; l’assemblée générale des femmes ; l’assemblée internationale de la FADI ; la course hippique à l’Hippodrome.
Le coût de réalisation de l’évènement s’élève pour le moment à environ 1 122 880 058 FCFA.
La cérémonie a été marquée par la remise d’un tableau à son effigie par les femmes veuves des militaires au président du Haut conseil islamique du Mali en reconnaissance à ses nombreux services qu’il leur a rendus.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin