Le Timbuktu Institute a publié ce 28 avril un nouveau rapport relatif à la situation sécuritaire dans la région du Sahel. Selon le document, aprés le nord et le centre du Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM)  a étendu ses zones d’action. Il est maintenant présent dans la zone des trois frontières du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. Le rapport affirme aussi que les djihadistes multiplient des tentatives d’infiltration dans l’est du Sénégal. ?

Analyse de Bakary Sambe, le directeur régional du Timbuktu Institute décrit la nouvelle stratégie d’expansion du JNIM.

Bakary Sambe : Le JNIM a multiplié par 7 ses actions violentes dans la région de Kaye au Mali entre 2021 et 2024, en ciblant les forces de sécurité, les postes de douane et les convois sur les routes vers Bamako, la Mauritanie et le Sénégal. Avec des attaques très complexes comme des embuscades avec , mais aussi en visant à isoler Bamako et à délégitimer le gouvernement malien comme il s’attaque d’ailleurs aux notabilités religieuses.

DW : Vous écrivez aussi que l’augmentation des activités du JNIM dans le sud-ouest du Mali lui a permis d’accroître son implication dans les secteurs et circuits économiques qui traversent la Mauritanie et le Sénégal.

Bakary Sambe : Oui, y a une infiltration économique transfrontalière. Le JNIM s’implique dans des secteurs économiques clés comme l’élevage, le bois, la contrebande, mais aussi pour financer ses activités. Et il contrôle également le commerce de bétail et de bois en extorquant  des revenus en échange de protection dans certaines zones d’influence. Ces réseaux économiques qui relient le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, facilitent le recrutement et les transports de ressources, le transport d’armes ou d’explosifs, ce qui renforce la présence du JNIM dans la région.

DW : Comment déclinez-vous la stratégie d’infiltration du JNIM?

Bakary Sambe : Oui, il y a une forme de stratégie d’expansion progressive vers la Mauritanie et le Sénégal et le JNIMutilise Kaye comme base pour pénétrer la Mauritanie et le Sénégal en exportant des frontières poreuses, des liens interethniques. Mais ils n’arrivent pas quand même au Sénégal pour le moment où la cohésion est très forte. C’est que la Katiba Macina cible des communautés pour de recrutement. Ce qui ne fonctionne pas parce que les communautés de l’est du Sénégal ne sont pas dans le même narratif qu’au centre du Mali ou bien au Burkina Faso. Mais l’objectif à court terme, c’est de consolider des réseaux économiques. Pour financer ces opérations à long terme, il pourrait chercher à éteindre son contrôle territorial pour essayer de déstabiliser certains pays. Pour le moment, l’action est limitée dans la région de Kaye où il y a certaines vulnérabilités socio-économiques que le JNIM  est en train d’exploiter.

Source: DW