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Face au péril de leur dissolution : La classe politique réagit par une convergence inédite

Affluant de toutes parts à la Maison de la Presse, le samedi 26 avril 2025, les militants des formations signataires de l’IPAC ont pris date, en exigeant le respect du pluralisme en tant qu’acquis démocratique constitutionnel et en dénonçant vigoureusement leur exclusion de fait du processus de relecture de la Charte des partis politiques

Ils n’ont pas omis non plus de plaider pour la libération des détenus d’opinion dont le plus récent d’entre eux, à savoir le militant de Djiguiya Koura et d’Alternative Pour le Mali, Mamadou Traoré.

Après avoir été contrainte de renoncer au grand rassemblement prévu au Palais de la Culture réquisitionné par les autorités, la crème de la classe politique s’est contentée d’une convergence à la Maison de la Presse pour un échange avec les journalistes en lieu et place du meeting annoncé. Il est revenu à Mamadou Oumar Sidibé du Forum des partis et mouvements politiques d’ouvrir le bal des hostilités, en insistant sur l’importance de la Charte des partis politiques et les intentions de détournement de sa réforme par des actions subversives. Suivra la lecture d’une tonitruante déclaration commune par l’ancien ministre Oumar Ibrahim Touré, président du parti APR, où un accent particulier est mis sur l’attachement des Maliens au pluralisme partisan consacré par la Constitution depuis le 26 Mars 1991. Et de relever en filigrane le contraste que préfigure une éventuelle suspension des partis politiques et l’esprit du Dialogue Inter-Maliens en pleine phase d’élaboration d’une charte pour la paix et la réconciliation. « Pourquoi le Pluralisme dérange et qui sont ceux qui ne peuvent supporter notre existence ? « , s’interrogent les leaders politiques, avant de charger le ministre délégué en charge du processus électoral d’engager de nouvelles concertations en ignorant les suggestions commues de la centaine de formations politiques.

Par la voix de l’ancien ministre O. I. Touré, le nouveau front de la résistance insinue par ailleurs la carence manifeste de légitimité de la démarche de relecture de la Charte des partis. En témoigne, à leurs yeux, la mobilisation d’à peine 1 500 participants environ contre 3 millions de suffrages pour la constitution qui consacre le multipartisme et 76 000 aux ANR ayant posé les jalons de la relecture dans les seuls sens de la réduction du nombre des partis et de la réhabilitation du chef de file de l’opposition.

Tout en déplorant au passage une dérive d’amateurisme et le gaspillage des ressources dans un contexte de conjoncture et de dénuement de contribuables surtaxés, les partis réclament un renoncement des autorités à la phase nationale des concertations en cours et préviennent que toute velléité de violation de la constitution, de la charte de Transition et de la Charte des partis serait porteuse de conséquences irréversibles. C’est pour les conjurer, au demeurant, qu’ils envisagent de prendre à témoin «les autorités morales, associatives et syndicales devant les Maliens et devant l’histoire», en gardant l’œil néanmoins sur les conclusions éventuelles de l’étape nationale desdites concertations pour y répondre par la riposte appropriée.

Dans la déclaration livrée par l’ancien ministre de la Santé, le clin d’œil aux forces armées le dispute à la dénonciation du ministre des réformes électorales ainsi qu’aux interpellations et appels à l’arbitrage des plus hautes autorités. «Il appartient au Président de la Transition, garant de la Constitution et au Premier ministre de tirer les conséquences des actes d’un ministre qui met dos à dos l’Etat et un pan aussi important de la Nation que sont les partis politiques», conclut le texte dont les auteurs réaffirment leur attachement inconditionnel aux acquis démocratiques. Au nombre desquels figure le multipartisme pour l’avènement duquel les sacrifices ont couté «plus de 300 morts» en Mars 1991. Une autre raison de mettre le curseur sur les restrictions de libertés individuelles et collectives, dont le cas des 11 leaders politiques arrêtés et incarcérés pour une réunion en cadre privé. À cet épisode s’ajoute désormais la kyrielle de douloureuses couleuvres précédemment avalées, dans le cadre du processus de relecture de la Charte des partis, au nom du «socle commun» et du «précieux héritage» qu’est le Mali : détournement de l’esprit des ANR, désignation bancale ou arbitraire des participants, etc. Toutes choses qui corroborent, à leurs yeux, les soupçons d’un «simulacre de concertations» à l’effet de liquider les partis politiques pourtant incontournables dans le processus électoral. «Aucun processus électoral ne peut se faire sans les partis», a ainsi martelé Me Mountaga Tall, en rappelant leur présence massive de leurs représentants au sein de l’AIGE, l’organe de gestion des élections au Mali. Et la figure emblématique du 26 Mars de renchérir, au détour d’un résumé en langue locale du message, par une dénonciation des obstacles ayant empêché les partis politiques de prouver leur audience par une mobilisation. Rappelant au passage la précédente suspension des activités politiques et les arrestations abusives d’acteurs politiques, le président du CNID s’est insurgé contre les restrictions à la liberté de manifestation qu’il met au compte d’intimidations sans impact sur l’élan de résistance.

Le précurseur de l’IPAC, naguère soutien inconditionnel des autorités de Transition, se met ainsi en phase avec les nombreux acteurs dont il s’est longtemps distingué par une perception différente de questions aussi brûlantes que l’insécurité, la corruption, la gestion de la crise énergétique, la conjoncture économiques.

En définitive, le spectre de la dissolution des partis aura détruit le principal atout dont le pouvoir militaire s’est longtemps servi pour conforter ses assises aux dépens de la classe politique : les divergences d’intérêts entre ses différentes composantes. Car les idéaux et objectifs n’ont jamais été aussi partagés que depuis la menace de disparition de l’espèce et de la raison d’être de ses éléments.

I. KEÏTA

Source : Le Témoin
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