Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Oumar Diallo : Le Mali a besoin d’urgence d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et d’une cellule de coordination antiterroriste

Oumar Diallo est un jeune malien installé depuis plusieurs années en Europe. Après une maitrise obtenue à Cuba, il vient de se spécialiser en faisant un master universitaire en Etudes sur le Terrorisme à l’Université Internationale de La Rioja (UNIR) en Espagne et s’apprête à commencer un doctorat sur la même ligne d’investigation. M. Diallo est analyste chercheur en matière de terrorisme, spécialisé sur le cas de son pays, le Mali.

interview exclusive logo

 Bonjour M. Diallo. Merci de répondre à notre appel. Comme vous le savez le Mali est confronté à une grave crise sécuritaire depuis plusieurs années. Quelle est votre lecture de la situation ?

O.D. : Bonjour et merci de me donner l’opportunité de m’exprimer
publiquement en exposant mon point de vue sur la situation sécuritaire du Mali.
Effectivement le pays est confronté à une insécurité devenue récurrente au fil du
temps. Je dirais que l’existence même du pays est sérieusement menacée si une
solution idoine n’est pas trouvée. Le nord est le théâtre d’actes de banditisme, de
terrorisme, certains groupes armés contrôlent et règnent en maitres absolus sur
plusieurs zones… Si nos forces de sécurité et défense avaient l’habitude de gérer les
différentes rebellions, le terrorisme est une nouvelle menace et un immense défi non
seulement pour elles mais aussi pour notre société.

 Que pensez-vous de l’accord de paix signé entre le gouvernement et les groupes armés?

Je crois sincèrement que toutes les guerres ou conflits terminent toujours autour
d’une table de négociation. Donc pour la stabilité et la paix au Mali, il était nécessaire
de trouver un compromis entre les parties mais notons également que cet accord a été
paraphé à la hâte, sous la pression de la communauté internationale, le Mali en
position de faiblesse car on venait de perdre la bataille de Kidal. En plus l’accord n’était
pas inclusif car n’ayant pas associé la société civile, les partis de l’opposition, les
populations du nord et surtout les groupes terroristes, mention spéciale à Iyad. Vous
savez quand on a une armée incapable d’assurer la protection des personnes et des
biens, protéger les frontières et venir à bout des menaces on n’a pas le choix, il faut
impérativement négocier avec tout le monde. Si le gouvernement a pu rouler le tapis
rouge pour le MNLA à Bamako, ceux là mêmes qui ont ouvert la boite de Pandore au
nord, violé, assassiné et vandalisé… Valent-ils mieux que leur « ex » allié Iyad ? En
Afghanistan on cherche à discuter avec les talibans, même chose au Nigeria avec
Bokoharam, le pouvoir Algérien a eu à amnistier un grand nombre de terroristes pour
mettre fin à une guerre civile avec des dizaines de milliers de victimes. Donc pour
résumer je dirais dans notre considérant position actuelle, vu la faiblesse de notre
système de défense, on est contraint à faire des négociations inclusives avec toutes
les parties en responsabilisant également la société civile, l’opposition et les
populations concernées, c’est à dire celles du nord.

 Qu’est ce qui explique selon vous la multiplication des groupes terroristes au Mali ?

Les mouvements terroristes se basaient au début sur la religion, mais après ils ont
observé une évolution en pénétrant les minorités ethniques comme certains
touarègues (Ansardine), le MUJAO regroupait principalement des arabes et d’autres
groupes ethniques et maintenant on instrumentalise certains jeunes peuls du centre à
travers le mouvement d’Amadou Kouffa, sans oublier Ansardine du sud qui existe
également. L’objectif est de se servir de tous ces jeunes pour étendre leurs tentacules
sur l’ensemble du territoire, déstabiliser le pays et créer le chaos au Mali.

Nul besoin d’être spécialiste pour savoir que la pauvreté, la misère, l’injustice, les
frustrations, le chômage, la corruption, la mauvaise gouvernance et la faillite de l’Etat
central constituent des éléments qui favorisent l’enracinement du terrorisme chez nous
au Mali. Beaucoup de jeunes tombent sous le charme des groupes terroristes car
n’ayant pas de boulot et malheureusement je puis vous assurer que presque dans
chaque famille nous avons un « un terroriste » en puissance car la jeunesse est
désespérée…C’est le cas des jeunes de Gao qui ont manifesté pacifiquement non
seulement contre les autorités intérimaires mais aussi pour réclamer leur
cantonnement et recrutement dans les forces armées. A Kayes également la population
a marché pour réclamer un deuxième pont. Le front social est en ébullition au Mali,
l’implosion est possible si les mesures urgentes ne sont pas prises…Au sud,
principalement à Bamako et environs on n’a pas conscience de l’imminence du danger
qui guette le pays…

 Quelles solutions préconisez vous pour sortir notre pays de cette crise ?

Vous savez en matière de contre terrorisme il n’existe aucune solution miracle, il faut
que les experts étudient notre situation et proposer des pistes à l’Etat. Ce n’est pas un
policier, un gendarme ou un militaire qui est forcement un spécialiste en matière de
terrorisme/contre terrorisme. Il faut mener un travail de titan et avec beaucoup de
sérieux et rigueur, c’est le cas du Burkina Faso qui a immédiatement pris des mesures
dès les premiers attentats en sollicitant les experts et consultants nationaux et
étrangers pour aider le pays. Au Mali nous avons besoin d’urgence d’une stratégie
nationale de lutte contre le terrorisme et d’une cellule de coordination antiterroriste, il
faudrait renforcer les capacités des services de renseignements pour miser sur l’action
préventive, c’est-à-dire pouvoir anticiper les attentats et attaques terroristes ainsi que
démanteler leurs réseaux et soutiens. Dans cette stratégie la sécurité d’Etat, la police,
la gendarmerie, l’armée, la justice…chaque structure a une responsabilité et un rôle
précis à assumer avec compétence et professionnalisme. N’oublions pas également de
lutter contre la mauvaise gouvernance, la corruption, le chômage des jeunes,
l’injustice, le radicalisme, etc. Il est également urgent de procéder au cantonnement,
désarmement et réinsertion des groupes ayant signé l’accord de paix afin de pouvoir
contrôler les mouvements des différents groupes et faire la distinction entre les amis et
les ennemis de la paix. Voila quelques pistes, pas les seules, pour commencer à lutter
efficacement contre le terrorisme au Mali.

A suivre…

Interview réalisée par M. KONATE  

Nous publierons prochainement  le reste de l’interview qui porte sur le
terrorisme, la MINUSMA, Barkhane et l’état actuel de nos forces armées.

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct