Le Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) devait permettre à chaque citoyen d’avoir un numéro unique d’identification. Mais l’obtention de la fiche descriptive individuelle, document très important, est devenue la croix et la bannière.
Le Ravec est une opération qui concerne tous les Maliens, qu’ils soient au Mali ou à l’étranger. C’est une politique à saluer, car elle permet d’identifier à vie un individu par une méthode avancée qui diminue au maximum les fraudes.
En revanche, dans sa mise en œuvre, le Ravec fait beaucoup de frustrés. D’abord, c’est impossible aujourd’hui de faire son passeport sans le Nina (Numéro d’identification nationale). Ensuite, vu que l’obtention de la carte Nina prend énormément de temps entre le recensement et la conception, les autorités au niveau de l’état civil ont favorisé la délivrance d’une fiche individuelle qui contient le Nina et avec lequel la conception du passeport est possible.
Payer pour obtenir la fiche individuelle
L’enrôlement au RAVEC est gratuit. Mais certains citoyens n’ont toujours pas eu leur carte Nina malgré plusieurs enrôlements. Le pire, on ne leur dit pas la date exacte à laquelle sortira la carte. « Je me suis rendu à Korofina 5 ans après mon enrôlement pour savoir si ma carte était sortie. Le monsieur qui s’en occupe a répondu par la négative. Je lui ai demandé quand elle sortira, il ne savait pas », explique Youssouf, presque remonté.
Vu que la carte Nina ne se délivre pas vite alors que les gens ont besoin de leur numéro d’identification pour obtenir leur passeport, ils choisissent la voie de la fiche individuelle. Pour l’avoir, certains enchainent les rendez-vous sans suite pour finalement se voir obliger de verser dans la corruption. « Je me suis fait enrôler (pour la deuxième fois) depuis mai 2016, à la mairie de Tombouctou. Après plusieurs mois, je n’ai pas eu ma fiche individuelle. J’ai dû payer 20 000 francs CFA à un intermédiaire pour l’avoir rapidement », témoigne Harber.
La plateforme de télé demande ne fonctionne plus
Le 27 avril, l’ancien premier ministre, Moctar Ouane, lançait la plateforme de Télé-demandes www.ctdec.ml, un site sur lequel les documents du Ravec et de l’état-civil devraient être disponibles pour faciliter la tâche aux citoyens. « Les magouilles pour obtenir la carte Nina ou la fiche descriptive individuelle, c’est fini !», apprenait-t-on lors du lancement de la plateforme. C’est malheureux de constater que celle-ci ne fonctionne plus depuis un bon moment.
Pour les personnes vivant à l’étranger, c’est une énorme complication. « J’étais obligé d’appeler mon ami pour qu’il aille se débrouiller sur le terrain en proposant quelque chose aux agents afin que j’obtienne la fiche individuelle » explique Alassane depuis l’Asie.
Si on ne peut pas obtenir facilement la fiche individuelle, est-ce une bonne idée de la lier à l’octroi de certains documents administratifs importants comme le passeport ou la carte d’électeur ?
Rendre les choses difficiles pour favoriser la corruption
Oumar Traoré, un jeune étudiant qui n’arrive toujours pas à avoir sa fiche individuelle et qui se refuse à payer quoi que ce soit, est ferme : « Ils font tout ça pour favoriser la corruption. C’est une manière de nous obliger à payer coûte que coûte. L’idée de la carte Nina est bonne, mais la politique est exécutée par des gens qui veulent en faire un moyen de s’enrichir et c’est triste. »
La corruption est très élevée dans le secteur de l’obtention de la fiche individuelle. Pourquoi doit-on payer pour récupérer un document gratuit et en plus sans signature ni cachet ? Avec toute la technologie que nous avons aujourd’hui, on ne devrait plus trainer pour un simple document administratif. La plateforme www.ctdec.ml doit être à nouveau accessible afin que les citoyens puissent télécharger depuis une plateforme sécurisée leurs documents.
Source : Benbere