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Orpaillage des chinois à Narena : Le risque d’affrontement se profile à l’horizon

Il y a de cela 10 à 11 mois, des Chinois sont présents sur les sites d’orpaillage de Narena. D’avril à mai 2022, les activités sont en train de prendre une autre dimension. Les ressortissants de l’empire du milieu s’adonnent à cœur joie à ce boulot. Ce, à la faveur de l’obtention d’un permis d’exploitation délivré par l’actuel ministre de l’Energie et des Mines, Lamine Seydou Traoré pour une période de 4 ans et sur une superficie totale de 100 km2. Pour la manifestation de la vérité, une équipe du journal ‘’L’Alerte’’ s’est transportée à Narena, ce lundi 23 mai 2022.

 

Les activités d’orpaillage des chinois de la société d’extraction ‘’Yi Yuan Mines Sarl’’ ont toujours le vent en poupe dans la commune de Narena. Si certains ressortissants sont de mèche avec les chinois, d’autres se dressent contre le phénomène, mettant en avant les dégâts que les produits chimiques occasionnent sur leur vie au quotidien.

Selon nos sources, elles s’étendraient mêmes à d’autres communes comme Bagan, Sébécourani, Balancomana. C’est dire qu’un risque d’affrontement est en perspective si rien n’est fait pour calmer les esprits et dégonfler les cœurs.

Pour se battre contre ce phénomène, une association dénommée ‘’Siguida Lakana’’ a été portée sur les fonts baptismaux à Narena. Il ressort des propos du président de ce groupement d’hommes et de femmes, Abdoulaye Coulibaly, que la jeunesse est divisée sur la question. Selon lui, une partie est avec eux contre l’orpaillage et l’autre travaille du côté des partisans des chinois. « Ces chinois font la drague ; ils travaillent dans les champs de culture et les marigots de ces localités. Ils disent avoir un permis d’exploitation de 100 km2 », déplore-t-il, avant d’ajouter qu’il est allé à la direction régionale des Mines à Bamako pour cette affaire.

De son point de vue, le directeur national de l’Assainissement s’est présenté et il y a un mois de cela. Partant, il dira que ce dernier ne s’est plus présenté et rien de potable ne sort des appels téléphoniques. De l’avis du président de l’association, après toutes ces démarches, rien n’y fit.

« Nous avons deux sites chez nous à savoir Lankalé et Djélibani. Il y a à peu près 4 ans, le projet Azar est en activité chez nous. Il bouche nos anciens sites d’orpaillage pour y planter des arbres et clôturer avec le grillage. Nous en bénéficions. Au moment où ces gens s’apprêtaient à construire une digue d’une valeur de 70 millions FCFA, les chinois ont investi les lieux et creusé des trous partout », dit-il, déplorant que le maire soit la deuxième personnalité du projet Azar et avoir cette attitude.

A l’entendre, depuis que cette histoire de mines a commencé, ils n’ont pas eu la paix. « Un boutiquier a été tué ici et 15 jours après la Gendarmerie a été attaquée », a-t-il fait savoir, avant d’ajouter que les autorités disent qu’il y a eu accord pour que les chinois fassent leurs activités. Or, dit-il, cela n’est pas vrai. Le président de ladite association a renchéri qu’aucune assemblée générale n’a été tenue pour la cause.

Pour lui, ce lundi 23 mai 2022, une partie de la jeunesse est sur le qui-vive pour attendre le déploiement d’un certain renfort permettant à ces chinois de vaquer à leurs occupations.

Pour sa part, la présidente des femmes de Narena, Mariam Coulibaly, a martelé que la Mairie et la Sous-préfecture ont donné au conseil de village, aux jeunes et aux femmes la somme de 650000 FCFA, chaque groupe. Elle a déploré un cas de divorce dans cette affaire et ajouté que le chef de village défunt leur a dit qu’il n’est au courant de rien.

Son de cloche différente du côté de la Mairie de Narena

Arrivés à Narena, le maire de la commune, Daouda Namballa Kéita et son 1er adjoint, Mamadou Kanté ont été nos interlocuteurs. Selon le maire principal, la terre du Mali appartient à l’Etat. Selon lui, il n’est pas au courant des permis délivrés par l’Etat, seulement, dit-il, le document lui arrive. L’élu communal dit avoir engagé tout le monde pour veiller sur la sécurité des terres. « Quand les experts font leur travail, ils donnent les résultats et nous n’avons rien à dire contre ces trucs-là. Mais avec tout cela, la fronde continue », a-t-il laissé entendre.

De son côté, le 1er adjoint au maire, monsieur Kanté a noté qu’aucun chinois n’a ravi un seul champ à Narena. Il pense que le travail que l’huissier a fait n’avait pas eu l’adhésion de tout le monde. De son avis, les chinois ont entamé une démarche. D’abord, après l’obtention du permis, ils ont fait une consultation publique le 6 mai dernier. Puis, ils ont demandé aux différents villages de présenter un plan de développement à leur remettre. A en croire le maire Kanté, l’association ‘’Siguida Lakana’’ ne s’est jamais présentée au chef de village pour être connue. Ces jeunes, dit-il, se dressent contre l’orpaillage des chinois parce qu’ils n’aiment pas seulement. « Avant et après la fête de Ramadan, ils ont menacé d’aller à l’affrontement si les chinois pratiquent le boulot », a-t-il expliqué.

Le constat d’huissier et les recommandations de la mission de la Dnacpn

Dans le procès-verbal de son étude en date du 5 août 2021, Maître Agnès T Togo fera savoir qu’il est reconnu que cette pratique contribue à la dégradation continue des écosystèmes et des conditions de vie de la population, compte tenue de l’usage des produits chimiques toxiques prohibés et aussi la destruction à grande échelle de l’écosystème du village, car ce sont des plaines rizicoles et piscicoles qui sont détruites ainsi que des arbres domestiques (forêts naturelles).

Pour les besoins de la cause, une mission de la direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle des pollutions et des nuisances (Dnacpn) s’est transportée à Narena pour constater les faits. Dans le rapport du 31 août 2021, elle a recommandé au Sous-préfet de Narena de prendre des dispositions pour suspendre les travaux d’activités minières des deux sociétés en ajoutant que pour la reprise des travaux, la société doit se conformer aux normes requises à travers l’obtention d’un permis environnemental et social. Selon le rapport de la mission, la société Yi Yuan Mines Sarl, pour la reprise de ses activités, doit disposer d’un permis d’exploitation de l’or et d’un permis environnemental et social.

A la direction régionale de l’Assainissement, du Contrôle des pollutions et des nuisances, il a été recommandé de veiller au strict respect de l’ensemble des recommandations. A la mairie de la commune de Narena, elle demande de renforcer la collaboration avec la direction régionale de l’Assainissement, du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (Dracpn) de Koulikoro dans le cadre de la lutte contre les pratiques frauduleuses à l’égard de l’environnement.

Le ministre délivre le permis

Comme on le dit en bambara, « il ne faut pas accuser là où on est tombé mais accuser là où on a trébuché ». Le premier responsable du département de l’Energie et des Mines, Lamine Seydou Traoré a sauté par-dessus tout pour octroyer le permis d’exploitation aux chinois qui sont en train de semer le bordel à Narena.

Dans l’arrêté n°2022/MMEF-SG du 7 avril 2022, il a attribué un permis d’exploitation de petite mine d’or et des substances minérales du Groupe 2 à la société Yi Yuan Mines Sarl. La superficie concernée est de 100 km2. A l’article 3 de cet arrêté ministériel, il est mentionné que la durée de validité de ce permis est de 4 ans jusqu’à épuisement des réserves.

L’allure à laquelle va l’exploitation aurifère à Narena, d’ici 4 ans, les terres ne seront plus exploitables, aux dires de ceux qui sont contre l’orpaillage des chinois. Déjà, l’hivernage dans cette commune s’annonce donc compromise. Les plus hautes autorités de la transition maliennes sont donc appelées à jouer leur partition pour éviter le pire à cette partie du Mali.

Le ministre de l’Energie et des Mines est appelé au premier plan pour trouver une solution à cet imbroglio qui prévaut dans la commune de Narena. Actuellement, le torchon est en passe d’être brûlé entre les frères et sœurs de la même localité. Comme la sagesse populaire le dit, « il vaut mieux prévenir que guérir ».

Bazoumana KANE

Source : L’Alerte

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