En 2022, l’or a contribué pour 25% du Budget national, avec 72,2 tonnes, dont 6 provenant de l’orpaillage. Ce chiffre officiel reste en deçà des estimations des acteurs du secteur et souligne l’importance de cette activité. Cependant, sa faible organisation constitue non seulement un manque à gagner, mais également un facteur de dégâts humains, sociaux et écologiques.
Le 15 février 2025, à Bilali Koto, dans le cercle de Kéniéba, dans l’ouest du Mali, l’effondrement d’un site minier a fait 48 morts, en majorité des femmes cherchant de l’or sur un site non sécurisé. Le 29 janvier, sur un autre site de la région de Koulikoro, 15 personnes ont trouvé la mort sur un site illégal.
L’an dernier, le 24 janvier 2024, l’effondrement d’une mine artisanale à Kangaba, dans le sud du Mali, a causé la mort de 73 personnes. Le lendemain, une seconde mine artisanale dans la même zone s’est effondrée, faisant 40 morts. Ces drames rappellent l’urgence des défis dans ce domaine.
Impacts négatifs
Profondément ancrée, la pratique de l’orpaillage illégal a atteint des proportions inquiétantes. On estime qu’il existe entre 300 et 350 sites à travers le Mali, où environ 400 000 personnes travaillent en dehors de toute réglementation. Souvent avec la complicité des communautés locales, ces exploitations, qui mettent en danger la vie des acteurs, évoluent sans aucune norme. « Mais seul l’État peut arrêter ce phénomène », estime un agent de développement local du Cercle de Kéniéba. Bien qu’il y ait une patrouille mensuelle sur les sites, les orpailleurs clandestins ne s’abstiennent que le temps de son passage. Il est donc impératif que l’État s’implique pour avoir un impact sur cette pratique. Les élus locaux, pour des raisons électoralistes, n’abordent pas le problème. Le drame de Bilali Koto ne semble pas avoir suscité une prise de conscience, tant la pratique est ancrée, ajoute l’acteur local. Passée l’émotion de la tragédie, qui a touché tout le village, les activités ont repris.
Un phénomène si enraciné que même les interdictions temporaires décidées par le gouvernement ne sont pas respectées, assure notre interlocuteur. Il est donc nécessaire, selon lui, en plus des moyens de contrôle de l’État, de mettre en place une grande sensibilisation aux impacts négatifs de cette pratique. De plus, une transformation économique est essentielle pour des populations dont la principale source de revenus reste l’extraction de l’or.
Fatoumata Maguiraga
Chiffres
– Production de l’orpaillage en 2022 : 6 tonnes
– Nombre d’emplacements : Entre 300 et 350
– Nombre de travailleurs : 400 000