L’Office du Niger couvrant sept zones de Niono est victime de pratiques de faux et d’usage de faux. Une corruption à ciel ouvert s’empare de tous les secteurs avec des créations d’entreprises fictives appartenant soit à des opérateurs économiques proches du régime, soit à des agents de l’État. Cette situation fait vivre les paysans dans une misère sans précédent et cela dans l’indifférence du gouvernement.
Les pratiques de faux et d’usage de faux, les gestions familiales des affaires de la nation, sont devenues une monnaie courante au Mali. Ces pratiques compromettent le développement des secteurs confrontés. L’office du Niger est victime de nos jours d’une telle pratique. Le directeur de ce projet est un membre de la majorité présidentielle. Depuis l’arrivée de Mamadou M’Baré Coulibaly à la tête de l’office, s’il y a un mot pour qualifier l’effet que cela a eu, c’est bien l’immobilisme total. Cette arrivée rime avec les mutations arbitraires, des mutations liées à des raisons politiques.
À la tête des différentes administrations, il s’est arrangé à mettre un membre de la majorité présidentielle afin de faire remonter la tension sociale par le retrait des terres que cultivaient les paysans. Ces terres sont confiées à des patrons de l’EDM de Ségou venus s’installer à Macina. Or, rappelons que les paysans font des champs au plus près possible de leurs concessions pour éviter des tensions lorsque leurs animaux venaient à piller ces champs. Ces terres qu’ils payent à 65 000 FCFA par hectare leur ont été retirées. En conséquence, ils doivent parcourir douze (12) kilomètres pour cultiver. Des tensions s’installent vite quant à la gestion des animaux. Mécontents, les paysans s’en prennent aux administrations de l’office. 11 personnes ont été enfermées. Ces chefs de famille incarcérés ont passé deux ans sans faire de récolte alors qu’ils étaient obligés de payer l’eau pour ne pas perdre leur champ.
À Molodo, un cas pareil existe. À la différence de celui de Macina, à Molodo, les Chinois étaient partis afin de réaménager les champs. Avant qu’ils ne finissent, l’insécurité est devenue une réalité quotidienne. Ceux-ci ne voulant pas prendre de risque ont arrêté les travaux inachevés et ont plié bagage laissant derrière eux, des champs impraticables. À ce titre, les paysans envisagent d’organiser une marche pacifique afin que l’Etat songe à leur sort, pour qu’enfin, ils puissent cultiver.
Rappelons que le coordinateur national de l’office de Molodo a été limogé lors du conseil des ministres du 23 mai 2018. Quant au chef du projet, Nouhoum Lah, il doit aller à la retraite cette année. La population vit le calvaire. Dans cette affaire de Molodo, notons que la BOA avait débloqué une somme importante pour l’aménagement de plus de 2000 hectares. Après ce travail, six (6) villages ont été privés de leur terre : Tientienbougou, N’Datèkoumana, Bouyagui Wèrè, Fabayankela, Niebébougou, Bassaro Wèrè.
Notons que l’office du Niger est devenu une entreprise familiale où chaque membre de la famille politique du régime se taille un morceau illégalement pendant que la population pour qui ces terres sont aménagées tire la queue du diable. La corruption à ciel ouvert est ce qui règne dans ces sept zones que couvre l’office du Niger (Niono, N’Débougou, Diabali, Molodo, M’Pewani, Kolongo, Macina). Dans ces zones, les chefs s’adonnent à des créations d’entreprises fictives. L’entreprise Mamadou Coulibaly dit Tati est, selon notre source, pour l’honorable Sory Kouriba. Cette entreprise s’est taillée un marché dans les sept zones de Niono sur appel d’offres et sur consultation restreinte. En plus de ces sept zones, elle a pu empocher plus de 40 millions pour une soi-disant rénovation de l’antenne de l’Office du Niger à Bamako, mais elle n’a rien effectué comme travail de rénovation. Où sommes-nous ? Depuis quand une seule et même entreprise peut-elle bénéficier des appels d’offres et des consultations restreintes pour un même et seul projet ?
Cette entreprise n’est pas la seule dans cette situation. À côté d’elle, nous avons également l’entreprise Idrissa Koné. Au sein de celle-ci, c’est Aly Koumaré qui fait la sous-traitance entre l’entreprise et le PDG Mamadou M’Baré Coulibaly. Aly se dit être son conseiller. Cette entreprise, en plus des appels d’offres et des consultations restreintes, bénéficie également des marchés en compte État par centaine de millions.
Notons également que l’honorable élu de Niono, Belco Bah, gagne sa part dans le partage du gâteau grâce à SOMACOT, une entreprise appartenant à son fils. Avec cette entreprise, il gagne les mêmes bénéfices que les autres, mais en outre de cela, l’honorable a contraint le PDG à placer un membre de son parti au niveau de la gestion de l’eau (un secteur bien en chair).
Quant à Bouba Ouane, un opérateur économique au marché de Médine à Ségou, il a bénéficié des centaines de millions uniquement pour le pavage du barrage de Markala. L’entreprise Sanké construction a empoché 46 millions de FCFA pour l’enlèvement des seuils du barrage de Markala. Cette dernière a utilisé moins d’un million pour curer les pourtours des seuils. Quant aux seuils, ils demeurent toujours. Cette même entreprise a bénéficié d’une consultation restreinte.
Ces cas de corruption à ciel ouvert au sein de l’Office du Niger sont nombreux. L’entreprise Boucadari Diarra est la propriété d’un exploitant agricole également délégué, Koké Diarra. Ce dernier était à la tête de la délégation lors de la journée du paysan à Kangaba où il n’a daigné en un seul instant ébauché tous les problèmes auxquels les paysans sont confrontés dans les zones de l’Office. M. Diarra a empoché plus de 18 millions ainsi.
Enfin, l’entreprise Baba Doucouré a empoché près de 50 millions pour enlever des plantes aquatiques dans les sept zones. Mais, hélas ! Jusqu’à nos jours, les travaux restent inachevés.
L’office du Niger est juste devenu un cadre idéal pour s’enrichir. C’est devenu un butin où chaque affamé proche du patron peut se tailler un gros morceau avec l’espoir de rester éternellement riche. Un milliard a été débloqué pour rénover le barrage de Marakala, mais hélas ! Selon notre source, dernièrement, il y avait une coupure générale à ce niveau. Quel développement dans un tel pays ? Comment veut-on que l’Office puisse servir convenablement aux attentes des Maliens ? Comment comprendre que le kilo de riz sur le marché de Niono est de 400 FCFA ? Le Mali a mal.
La Rédaction
Le Pays